Le mouvement rastafari, très en vogue à la fin des années 1990, a tendance à s’essouffler. La date du 11 mai mobilise de moins en moins. Normal. La disparition du célébrissime Bob Marley avait laissé des souvenirs douloureux, traumatisants. Il n’avait que trente-six ans, l’âge des héros. Mais voilà, ses proches ont tous pris de l’âge et sans Bob Marley, la flamme du rastafari s’étiole. Le cercle des adeptes se rétrécit, même si le port des tresses par les hommes est à la mode. En disparaissant avec ses dreadlocks et ses ganjas roulés en gros joints, le pape du reggae a laissé une impressionnante discothèque et des chansons tout aussi philosophiques les unes que les autres. De son observatoire, il peignait les incohérences du monde. Il prônait l’union, la solidarité et le travail acharné, sources d’égalité et de justice. Il avait fait du retour aux sources et aux valeurs de l’Afrique son cheval de bataille. Quarante-quatre ans après son décès, ses héritiers se font rares. Peut-être parce que, dans cette vallée de larmes qu’est devenu le monde, l’heure n’est plus tellement à la philosophie…
Anicet