Des déclarations contradictoires des accusés
Le procès de l’affaire Pierre Urbain Dangnivo, fonctionnaire du ministère des Finances disparu en 2010, a repris ce mercredi 12 mars 2025 au tribunal de première instance de Cotonou. Après une première journée d’audience marquée par de nouvelles révélations des accusés, la Cour a décidé de confronter les prévenus à certains témoins clés.
Codjo Alofa, principal accusé dans cette affaire, a surpris la Cour en niant toute implication dans la disparition de Dangnivo. Il affirme aujourd’hui n’avoir jamais rencontré la victime et accuse plusieurs personnalités de lui avoir dicté ses précédents aveux sous pression. Il aurait accepté de jouer un rôle dans cette affaire en échange d’une promesse de 25 millions FCFA et d’une peine de prison réduite à quatre mois.
Son coaccusé, Donatien Amoussou, rejette également toute responsabilité. Il déclare avoir été approché par un ami camerounais qui lui aurait révélé l’emplacement du véhicule de Dangnivo alors activement recherché. Alerté par cette information, Amoussou aurait contacté un journaliste, qui à son tour aurait informé la télévision nationale ORTB. Peu après, il aurait été convoqué par le colonel Koumassègbo, haut responsable de la sécurité à la présidence de la République, qui lui aurait demandé d’affirmer publiquement avoir retrouvé le véhicule, en échange d’une somme de 500 000 FCFA. Il affirme avoir refusé cette offre, ce qui ne l’a pas empêché d’être arrêté par la suite et accusé de complicité.
Les témoins à la barre
Face aux déclarations des accusés, la Cour a décidé de convoquer des témoins cités dans leurs dépositions. Parmi eux, l’ancien ministre Bernard Lani Davo et le colonel Koumassègbo ont répondu à l’invitation et sont présents au tribunal. Leur audition devrait permettre de clarifier certaines zones d’ombre dans cette affaire qui dure depuis près de 15 ans.
La session criminelle a repris ce matin à 10 heures, avec pour objectif de confronter les versions des accusés aux témoignages attendus. Le président de la Cour a ordonné l’isolement des témoins et des experts afin d’éviter toute influence avant leur passage à la barre.
Inscrite au rôle de la session criminelle du mois de mars 2025, l’affaire Dangnivo est suivie de près par l’opinion publique béninoise. La disparition de ce fonctionnaire en 2010 avait soulevé de nombreuses interrogations, et malgré plusieurs tentatives judiciaires, la lumière n’a jamais été faite sur ce dossier.
Après 14 années de détention provisoire pour les accusés, ce procès représente peut-être l’ultime espoir d’obtenir enfin des réponses. L’audience se poursuit, et de nouveaux éléments pourraient émerger au fil des confrontations et des auditions d’experts.