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Affaire Dangnivo, Jour 2 : Témoins à la barre, test ADN positif confirmé, Boni Yayi indexé

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Le procès de l’affaire Pierre Urbain Dangnivo, fonctionnaire du ministère des Finances disparu en 2010, a repris ce mercredi 12 mars 2025 au tribunal de première instance de Cotonou. Après une première journée d’audience marquée par de nouvelles révélations des accusés, la Cour a décidé de confronter les prévenus à certains témoins clés. Parmi eux, l’ancien ministre Bernard Lani Davo et le colonel Koumassègbo ont répondu à l’invitation et se sont présentés au tribunal. Leur audition devrait permettre de clarifier certaines zones d’ombre dans cette affaire qui dure depuis près de 15 ans. La session criminelle a repris hier à 10 heures, avec pour objectif de confronter les versions des accusés aux témoignages attendus. Mais avant, le président de la Cour a ordonné l’isolement des témoins et des experts afin d’éviter toute influence avant leur passage à la barre.

Inscrite au rôle de la session criminelle du mois de mars 2025, l’affaire Dangnivo est suivie de près par l’opinion publique béninoise. La disparition de ce fonctionnaire en 2010 avait soulevé de nombreuses interrogations, et malgré plusieurs tentatives judiciaires, la lumière n’a jamais été faite sur ce dossier. Après 14 années de détention provisoire pour les accusés, ce procès représente peut-être l’ultime espoir d’obtenir enfin des réponses. L’audience se poursuit, et de nouveaux éléments pourraient émerger au fil des confrontations et des auditions d’experts.

Donatien Amoussou dans une malle arrière ? Enock Laourou nie les faits

Interrogé par le procureur sur la présence de Donatien Amoussou dans la malle arrière d’un véhicule, le contrôleur de police a catégoriquement nié cette affirmation. Pourtant, Donatien Amoussou maintient qu’Enock Laourou l’a bel et bien placé dans la malle arrière du véhicule, avant de s’installer lui-même à l’arrière, avec un conducteur au volant. Arrivé à la compagnie, Enock Laourou aurait alors apostrophé trois militaires en leur lançant : « Vous êtes pitoyables». Une provocation qui aurait déclenché une réaction immédiate des soldats, qui se seraient alors mis à passer Donatien Amoussou à tabac. Lors des échanges avec le procureur et les avocats de la cour, Enock Laourou a tenté de justifier ses actes. Il a reconnu qu’aucune fiche d’intervention n’avait été remplie, mais a précisé qu’il rendait compte à son supérieur à travers des « points de table ». Interrogé sur son supérieur hiérarchique, il a déclaré sans détour : « Mon chef, c’est le président de la République. » Cette déclaration soulève des questions sur la chaîne de commandement et le cadre dans lequel Enock Laourou opérait. L’affaire, qui suscite de nombreuses réactions, reste en cours et pourrait connaître de nouveaux rebondissements dans les prochains jours.

La contre-expertise ADN confirme l’identité du corps retrouvé à Womey

Après une pause de 13h, l’audience d’hier consacrée à l’affaire de la disparition de Dangnivo a repris avec une nouvelle étape cruciale : la présentation des résultats de la contre-expertise ADN sur le corps retrouvé à Womey. Deux experts, dont un Français et un Béninois, ont livré leurs conclusions, confirmant avec une probabilité de 99,99 % qu’il s’agit bel et bien de la dépouille de l’ancien cadre disparu. L’expert français Guillaume Monique, intervenant en ligne, a révélé que son laboratoire avait reçu des prélèvements sans connaître les résultats des analyses précédentes. Ses travaux ont porté sur des échantillons prélevés sur quatre enfants et deux parents de Dangnivo afin d’établir un lien de filiation avec le corps exhumé. Après des analyses approfondies, la probabilité que le corps soit celui de Dangnivo a atteint 99,99 %, un taux qui, selon les standards scientifiques, confirme sans équivoque l’identité du défunt.

Un second expert, le professeur Anatole Lalayè est également intervenu pour exposer les résultats de ses recherches menées dès 2010. Il a rappelé avoir analysé un corps en putréfaction ainsi que des restes contenus dans un bocal retrouvé à Womey. Son travail a montré que les profils ADN des deux échantillons étaient identiques, confirmant qu’ils appartenaient à la même personne. Cependant, à l’époque, il n’avait pas pu effectuer d’analyse comparative avec les membres de la famille de Dangnivo, faute d’accès à leurs échantillons biologiques. Ce n’est qu’en 2018 qu’il a pu réaliser ces tests et établir une correspondance génétique avec les enfants présumés du disparu. Là encore, le taux de probabilité de 99,99 % a été confirmé. Le professeur Lalayè a tenu à préciser qu’il avait travaillé uniquement sur les parties molles du corps et non sur les ossements, ces derniers ayant été confiés à un autre laboratoire étranger. Il a également souligné que toutes les analyses ont été effectuées sous scellés et en présence d’un huissier, garantissant ainsi la rigueur et l’authenticité du processus.

Par ailleurs, il a indiqué ne pas avoir examiné la nature de la substance dans laquelle baignaient les restes retrouvés dans le bocal et n’avoir eu aucun contact avec l’équipe chargée de la contre-expertise. Avec ces résultats ADN concordants, la thèse selon laquelle le corps retrouvé à Womey serait bien celui de Dangnivo semble désormais difficile à remettre en cause. Reste à savoir quelles seront les prochaines étapes judiciaires et si ces conclusions mettront un terme aux doutes et aux débats qui entouraient encore cette affaire.

Bernard Lani Davo évoque le nom de ‘‘Boni Yayi’’

Il faut également retenir que l’ancien ministre Bernard Lani Davo a été entendu par la justice dans une affaire qui suscite de nombreuses interrogations. Entre appels anonymes, remise d’argent à un détenu et abonnements Canal+, son récit laisse place à plusieurs zones d’ombre. Lors de son audition, le président de céans a averti que « la nuit sera longue », annonçant ainsi la complexité du dossier. Bernard Lani Davo a affirmé qu’il avait reçu un appel lui demandant de remettre une somme d’argent à un détenu du nom de Donatien Amoussou, mais il n’a pas vérifié l’identité de son interlocuteur. « Le Président Yayi ne m’a pas appelé. Et je n’ai pas demandé le nom de la personne qui m’a appelé », a-t-il déclaré. Me Zinflou Théodore, avocat, l’a interpellé sur cette attitude : « Vous avez été ministre. Quand vous avez reçu l’appel, vous n’avez pas demandé le nom de la personne ? ». Davo a simplement répondu qu’aider quelqu’un ne lui coûtait rien. L’affaire prend une tournure encore plus troublante lorsqu’un débat s’engage sur un supposé abonnement Canal+ dont aurait bénéficié Donatien Amoussou. Ce dernier affirme que Davo lui a demandé son numéro de décodeur, insinuant qu’il lui aurait payé un abonnement. « Je recevais l’abonnement sans appeler », précise Amoussou, tandis que l’ancien ministre réfute toute implication dans cet abonnement. Interrogé sur le rôle du présumé « garde présidentiel » qui l’aurait appelé, Davo déclare : « Selon ma compréhension, c’est le garde présidentiel qui m’a appelé. La personne parlait au nom du Président de la République. » Cependant, il n’a jamais été reçu par le chef de l’État ni eu de confirmation formelle de cette demande. Face aux questions du procureur sur la fréquence de ses rencontres avec Amoussou, Bernard Lani Davo est resté évasif. Il admet avoir vu le détenu, mais insiste sur le fait que leur échange était bref et sans véritable conséquence. « Après ses plaintes, je lui ai dit de prier. On n’a pas fait plus de cinq minutes, parce que j’avais des rendez-vous dans ma boutique », a-t-il précisé. Cependant, Donatien Amoussou, de son côté, dément certaines affirmations de l’ancien ministre et insiste sur le fait qu’il a bien reçu de l’argent de sa part. Tant que des preuves tangibles ne viendront pas corroborer les versions des uns et des autres, cette affaire restera entourée de mystères.

Contre les accusations de Alofa, Prince Alédji se défend

L’accusé Codjo Cossi Alofa a, quant à lui, livré un témoignage accablant contre Prince Alédji. Il affirme que ce dernier le battait lorsqu’il était en détention et qu’il l’a même menacé avec une arme. Selon lui, un jour, alors qu’il tentait de retirer des munitions d’une arme sans succès, Prince Alédji aurait tiré à côté de lui pour le menacer, en lui disant qu’il pouvait l’exécuter de la même manière s’il ne s’exécutait pas. Alofa ajoute que c’est Prince Alédji qui lui a donné le nom « Cossi ». Lors de l’audience, le président de la cour s’est interrogé sur la cohérence de certains éléments du dossier. Il a notamment mis en doute la logique qu’une personne coupable de la disparition de quelqu’un puisse utiliser le téléphone de la victime et tenter de le déposer à plusieurs endroits, y compris à l’ORTB et au palais. Devant la cour, Prince Alédji a expliqué avoir été membre de la commission d’enquête sur l’affaire Dangnivo en tant qu’enquêteur. Il affirme ne pas avoir connu les accusés avant le début de l’enquête. Cependant, face aux accusations portées contre lui, son rôle dans l’affaire suscite des interrogations. L’audience se poursuit et de nouveaux témoignages sont attendus. L’affaire Dangnivo, qui dure depuis plusieurs années, reste marquée par des zones d’ombre et des déclarations contradictoires. L’audience continue ce jour.

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