La dernière sortie du Général Abdourahamane Tiani en a rajouté une couche sur les griefs que son gouvernement nourrit vis-à-vis du Bénin et plus particulièrement de Patrice Talon. Dans son exercice favori de démonstration sans preuve, Tiani a tenu à montrer que le Bénin, à l’instar du Nigeria est un collaborateur des forces néo coloniales. À titre d’illustration, il a avancé quelques raisons qui incitent à conclure à une collusion mafieuse contre les intérêts du Niger. Ce sont, entre autres, la reprise des attaques terroristes contre le Bénin dès janvier 2025, qui confirme l’existence d’un contrat de non agression que le pays avait conclu avec certains groupes et dont les effets se sont arrêtés le 31 décembre 2024; l’entreposage d’un matériel utilisable par au moins quatre cents hommes, sur une position qui n’était tenue que par une cinquantaine d’hommes. Et la perte subséquente de soixante-dix soldats béninois, pour le seul besoin stratégique des forces d’occupation, de rajouter ce matériel au stock des groupes terroristes, qui n’avaient plus qu’à massacrer ces hommes qui étaient positionnés exprès en nombre nettement insuffisant, pour le récupérer.
Aboudourahamane Tiani, qui a clairement accusé Patrice Talon de faire le jeu des Français en sacrifiant ces Béninois pour avoir un troisième mandat, a par ailleurs exposé que, le Bénin, sous le fallacieux prétexte de se donner une profondeur stratégique (ce qui, selon lui, est absurde d’un point de vue militaire), a permis à trois cent cinquante combattants de la ISWAP (État islamique en Afrique de l’ouest), de s’installer dans toutes les positions abandonnées dans le nord du pays. Et de s’interroger sur le sort de l’ambassadeur du Bénin au Niger. “ Où est-il ? Il est rappelé. Et quelle était sa faute ? Il a fait un déplacement à Gaya où il a appelé les Nigeriens et les Béninois à se pardonner. Le même jour je crois, on l’a fait traverser à la natation pour le rappeler (sic). Depuis lors, nous ne savons pas s’il est vivant ou s’il a pu traverser, mais il n’est jamais revenu”. Pour le Général Tiani, tous ces éléments qui créditent la thèse d’une présence plus que jamais certaine des “troupes de déstabilisation” dont le Bénin n’a jamais reconnu la présence sur son sol, justifient le maintien de la mesure de fermeture de la frontière. Au total, Tiani ne démord pas. Le Bénin a continué et renforcé sa collaboration avec les forces de déstabilisation, en ayant pour objectif impératif de “faire tomber le Niger”. Ce faisant, il s’est cru plus intelligent que le Niger en allant imprudemment “mettre le scorpion dans la bouche, croyant pouvoir s’en sortir indemne”.
Voilà l’erreur dont le Bénin paie le prix. Au regard du contexte et des sorties répétées sur les mêmes rengaines, les nouvelles accusations du Général Tiani appellent quelques questions: Dans quel but le Bénin s’acharnerait-il à déstabiliser impérativement le Niger ? Qui a servi d’intermédiaire pour la signature de l’accord de non agression qui est arrivé à échéance le 31 décembre 2024? Pourquoi le Bénin qui a pu signer un premier contrat de non agression avec “les groupes auxiliaires néo coloniales” n’a-t-il pas pu le renouveler ? Quels sont les éléments qui fondent la certitude du Général Tiani que Patrice Talon a délibérément sacrifié ses compatriotes dans le but d’obtenir un troisième mandat ? Et si Patrice Talon n’était pas candidat pour un troisième mandat, que resterait-il de la crédibilité du Général? Même si je suis le dernier de la classe, je peux faire une lecture ne serait-ce qu’empirique de la situation, à plus forte raison qu’il y a des collaborateurs qui sont des experts aguerris, a affirmé le Général Tiani. Et nous sommes dans le réel, pas dans le virtuel. Sur la foi de quoi il faudra considérer tout le scénario dont il est l’auteur depuis le 26 juillet 2023, quitte à lui donner acte de sa pertinence et de l’intelligence militaire qu’il revendique ? Ou au contraire, de constater la grossière affabulation qu’il est obligé de remodeler à chaque sortie, dans le but d’anesthésier ses compatriotes pour masquer ses graves carrences, au risque de se retrouver un jour proche ou lointain, dernier de la classe.
Anicet OKE
