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Céline Amouyewa, sage-femme brise le silence sur le poids des règles : « Le silence entraîne des problèmes de manque d’hygiène menstruelle, l’automédication…»

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Souvent entourées de silence, les règles restent un sujet délicat, voire tabou, dans de nombreuses familles et établissements scolaires. Gêne, méconnaissance, fausses croyances… les conséquences sont multiples pour les jeunes filles.  Sage-femme de profession à clinique Minonkpor, Céline Amouyewa observe au quotidien l’impact de ce non-dit sur la santé physique et mentale des adolescentes. Dans cet entretien, elle invite à briser le silence pour accompagner les jeunes dans une meilleure compréhension de leur corps.

En tant que professionnelle de santé, comment abordez-vous le sujet des règles avec les jeunes filles et les femmes ?

 J’aborde ce sujet de façon la plus simple possible. Je me mets dans la peau d’une jeune fille ou d’une femme, dans le but de créer un cadre où elle se sent à l’aise. Cela lui permet de poser toutes ses questions sans gêne. Je l’encourage à s’exprimer librement en utilisant un langage familier, proche d’elle, pour qu’elle retienne les informations. Je partage même mes propres expériences, car cela crée une vraie connexion. L’essentiel, c’est qu’elle comprenne bien ce qu’on échange et qu’elle en ressorte confiante.

Avez-vous l’impression que les filles arrivent informées sur la question ou qu’il subsiste beaucoup de méconnaissance ?

 Il y a encore beaucoup de méconnaissance. Les jeunes filles ne sont pas toujours informées comme il le faudrait. Sous l’influence de leurs amies, de l’école ou de ce qu’elles voient sur internet, elles préfèrent parfois éviter d’en parler avec leurs parents ou avec un agent de santé. C’est dommage, car cela les expose à de fausses informations.

Quelles fausses croyances ou tabous autour des menstrues entendez-vous le plus fréquemment ?

Beaucoup pensent que les menstrues sont une impureté spirituelle, que la femme est « souillée » durant cette période. D’autres croient que les règles peuvent détruire certains aliments ou empêcher certaines bénédictions. Ces idées sont encore très présentes dans certaines communautés.

Observez-vous des conséquences sanitaires liées au silence sur les règles ?

Absolument. Le silence entraîne des problèmes comme le manque d’hygiène menstruelle, l’automédication, ou encore des douleurs ignorées. Certaines jeunes filles finissent par souffrir d’infections ou développent des troubles psychologiques parce qu’elles n’osent pas parler de ce qu’elles ressentent.

Comment percevez-vous la gêne ou la honte des jeunes filles face à leur corps pendant leurs règles ?

C’est une honte construite par l’environnement social. On apprend aux filles à se cacher, à ne pas en parler. Certaines sont même exclues d’activités quand elles ont leurs règles. Cela crée un sentiment d’isolement et de mal-être.

Le tabou autour des menstruations influence-t-il l’accès aux soins ?

Oui, très clairement. Le tabou est une barrière. Il empêche beaucoup de filles de consulter ou de demander de l’aide quand elles souffrent. Or, un accompagnement précoce permettrait de prévenir bien des complications.

Que faudrait-il mettre en place dans les écoles ou au sein des familles pour mieux accompagner les filles ?

 Il faut mener des actions ciblées, notamment dans les écoles et les familles, pour soutenir les filles dans leur épanouissement personnel et scolaire. Leur fournir des informations claires et rassurantes leur permettra d’être prêtes, informées, et moins vulnérables aux idées reçues.

Estimez-vous que la société béninoise soit prête à parler librement des menstrues ?

On avance doucement, mais le sujet reste encore sensible. Il faut plus d’initiatives, plus de campagnes, plus de dialogues dans les familles pour que les règles soient enfin perçues comme ce qu’elles sont : un processus naturel.

Quels conseils donnez-vous aux jeunes filles pour vivre sereinement leurs règles ?

Il faut :Éviter le stress ;Se préparer à l’arrivée des règles, par exemple en notant les dates ;Choisir une protection adaptée et prévoir des rechanges pour les déplacements ;Tenir un carnet pour suivre l’arrivée et la fin des règles ;Dialoguer ouvertement avec ses parents ou un professionnel de santé en cas de doute ;Adopter une bonne hygiène intime pendant les règles et après.

Propos recueillis par Samirath MOUMOUNI

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