Ange M’poli M’TOAMA
A quelques mois de la présidentielle de 2026, c’est le calme plat. Rien ne filtre sur les potentiels candidats. Et pourtant les tractations existent. Du moins, c’est la face cachée de l’iceberg. En réalité, tout se cuisine en silence à en croire les événements qui se succèdent et les échos des différentes chapelles politiques. A quatre mois du dépôt officiel des candidatures et dix mois de la présidentielle, le Bénin vit une période de tractations politiques intenses… mais invisibles. Entre déplacements discrets, silences stratégiques et rumeurs distillées au compte-gouttes, la classe politique béninoise semble s’être enfermée dans l’antichambre du pouvoir.
Le décor est planté. A mesure que le calendrier électoral avance, l’atmosphère politique s’épaissit… mais reste toujours opaque. La cuisine électorale a bel et bien commencé, mais elle se déroule loin des projecteurs. Les grandes figures du paysage politique national sont en mouvement, mais peu de choses filtrent. Boni Yayi, l’ancien président et rival politique de l’actuel homme fort, multiplie les déplacements, tantôt chez l’influent Adrien Houngbédji, tantôt chez d’autres barons comme Bruno Amoussou ou son aîné et ancien président Nicéphore Soglo. Pour quel Objectif ? Nul ne le dit officiellement. Mais les intentions se devinent entre les lignes et les gestes.
Toutes les chapelles politiques en branle
Dans le camp de la mouvance présidentielle, les tractations se poursuivent également. Le président de l’Union Progressiste Le Renouveau (UPR), Joseph Djogbénou conduit une tournée active à la tête du parti, pendant que le Bloc Républicain se remobilise à travers le pays. Les autres formations de la majorité, comme le Mouvement des Élites pour l’Émancipation du Bénin (MOELE-Bénin) ou la Renaissance Nationale (RN), sont à la manœuvre pour désigner un candidat unique dont le nom sera dévoilé, selon les annonces, le 12 octobre prochain.
Au sein de l’appareil gouvernemental, ce n’est plus la grande sérénité. L’équipe s’effrite peu à peu avec des démissions et des limogeages. C’est le mouvement de la fin de mandat et chacun doit se repositionner. Mais en attendant, le peuple observe sans comprendre. La presse, elle-même, peine à capter les véritables dynamiques en cours. Car, tout se joue aujourd’hui dans l’ombre. Une « cuisine politique » bien huilée, où les décisions majeures semblent prises à huis clos, loin des regards des citoyens.
Du côté de l’opposition, le tableau n’est non plus clair. Le parti Les Démocrates reste discret, préférant pour l’heure fustiger les actions du régime que clarifier ses ambitions présidentielles. Seuls Daniel Edah, candidat déclaré et Nourou-Dine Saka Saley, qui annonce sa candidature à la candidature au sein de Les Démocrates, ont jusqu’ici brisé le silence. Mais les « poids lourds » se taisent. De plus, le cercle de l’opposition peine à se souder. Trois camps émergent et laissent transparaitre des divisions face à la puissante mouvance.
A mesure que les échéances approchent, tout semble figé. Pourtant, dans les coulisses, ça s’agite. Les alliances se négocient, les soutiens se marchandent, les ambitions s’affinent mais tout cela, une fois de plus, en silence. Cependant, même si l’attente est longue, tout finira par s’éclaircir. D’ailleurs, les regards se tournent désormais vers octobre, mois où tout devrait se jouer. D’ici à là, les Béninois devront se contenter des murmures et des déplacements feutrés.
