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 Mémoire collective face à l’oubli de nos héros contemporains : plaidoyer pour un monument en mémoire de l’Abbé Gilbert Dagnon

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La propension est grande de nos jours à honorer les anciennes figures pour leurs hauts faits politiques  et militaires faisant toutefois, à mal escient , l’impasse sur les contemporaines qui elles, ont  utilisé  des armes autres que politiques et militaires  pour réaliser leurs œuvres .

Aujourd’hui, l’on a tendance à croire que les hauts faits ne sont que des faits d’armes. Mais il sied d’admettre que les armes défendent un territoire alors que la motivation, elle- même, du recours aux armes est ailleurs. Elle se trouve dans nos poitrines ; nous l’appelons patriotisme. Et le patriotisme   collectif s’exprime bruyamment pour convaincre et se convaincre de l’amour pour la patrie par le chant de ralliement des peuples d’une même nation qu’est l’hymne national.  Tout citoyen honnête est censé lui devoir   déférence devant se figer et enlever son chapeau en tous lieux et en toutes circonstances quand il est entonné ; et l’on sait que d’aucuns   ont grand mal à maîtriser leurs émotions en l’écoutant. Celui qui a écrit l’hymne d’un pays mérite la plus haute considération qui soit ; c’est un héros national.

HEROS ET DEVOIR DE MEMOIRE

N’est pas héros seulement celui – là qui se distingue par ses exploits personnels ou un courage hors du commun face au danger ou à l’adversité. Le héros national n’est nécessairement pas non plus celui qui a combattu, les armes à la main, au nom de la souveraineté ou de la dignité de son pays. Le héros c’est d’abord et tout simplement la personne admirée pour ses hauts faits ; il devient national quand toute une nation l’admire. Et la nation admire l’abbé Gilbert Dagnon pour avoir écrit la partition ainsi que les paroles de l’hymne national du Dahomey d’alors. Nous nous devons de l’immortaliser.

Nous avons un devoir de mémoire envers cet ecclésiastique. Et c’est  parce que, généralement parlant, nous manquons bien souvent à  ce devoir de mémoire que l’on a pu dire de l’Afrique qu’elle    n’a pas d’histoire ( Hegel 1967) ou qu’elle  n’est pas encore rentrée dans l’histoire  (Sarkozy 2007). L’on peut écrire l’histoire dans les livres pour ceux qui savent lire. Mais pour ceux qui sont encore dans les liens de ne savoir ni lire ni écrire, les monuments et les images sont leur repère.  Et il est impératif que tous les fils du Bénin se souviennent à jamais de l’abbé  Gilbert Dagnon ; lettrés comme illettrés , enfants comme vieillards, bien voyants comme malvoyants, malentendants et muets comme bon entendants et volubiles. Soit dit en passant, il est du point de vue pédagogique, proprement scandaleux que des enseignants fassent chanter à tue- tête l’hymne national aux enfants sans jamais leur dire qui l’a écrit.

L’ ICÔNE

L’abbé Dagnon est une icône en ce sens qu’il incarne la nation par le biais de l’hymne qu’il a composé pour elle, l’AUBE NOUVELLE. Pour ne pas enfoncer une porte ouverte et écrire ce que tout le monde sait déjà, je ne définirai point ce qu’est un hymne. Je me contenterai néanmoins de rappeler qu’il reste le catalyseur du peuple, l’élément fédérateur permanent du  peuple par excellence. C’est lui qui réunit  la nation dans ses moments difficiles. C’est lui qui fait battre dans les poitrines la flamme du patriotisme quand les forces divergentes exacerbent les tensions politiques et menacent l’intégrité nationale. A ces titres, celui qui crée un hymne  pour son pays est un héros, un héros qui devrait être  mis sur un piédestal. Mais force est de constater que  l’abbé Gilbert Dagnon  n’a pas été mis sur un piédestal depuis 13 ans qu’il nous a quittés. Il a pourtant, outre sa qualité de créateur de l’hymne national, eu une envergure sociale élogieuse.

         L’ ENVERGURE SOCIALE

L’ abbé Dagnon né en 1926 et ordonné prêtre par Monseigneur Parisot le 10 juillet 1955, a fondé en 1972 l’institut des frères de Jésus ainsi que l’Institut des sœurs franciscaines des filles de Padre Pio   en 1992 . Il a été membre fondateur de l’association internationale des exorcistes dans les années 1990. Il a reçu  à titre posthume le trophée Fierté et reconnaissance délivré par Mtn Bénin qui visait à récompenser le lauréat du concours de l’exécution  de l’hymne national en langue locale. Le dixième anniversaire de sa mort a été fêté avec faste à Cotonou. C’est signe que le béninois moyen ne l’a pas oublié.

UNE STATURE NATIONALE

 L’abbé Dagnon a été élu député à l’Assemblée nationale révolutionnaire en 1979 et a représenté le clergé à la Conférence des forces vives de la nation de 1990. Il a été conseiller spirituel du Président Mathieu Kerekou. Il a été nommé Commandeur de l’ordre national du Bénin en 2002 ; puis grand officier en 2009.  A titre posthume, il a été élevé au grade de grand croix en 2012.

L’HOMME DE LETTRES

L’abbé a laissé à la postérité trois œuvres littéraires à savoir :  Libérer de la divination de la sorcellerie 1999, l’hymne national du Bénin l’histoire de la vérité en 2010,  Alléluia d’une vie  en 2012.  Il nous aura  quittés la même année.

  UN MONUMENT A SON EFFIGIE ET REACTIONS PRÉVISIBLES

Notre requête visant l’érection d’un monument à l’effigie de l’abbé Gilbert Dagnon   se justifie principalement parce qu’il a composé la musique et écrit les paroles de l’hymne national instrument d’unification de toute la nation béninoise, et accessoirement en raison de celui qu’il a été et de ce qu’il a réalisé toute sa vie durant.

 Il est vrai que l’on pourrait objecter que le clergé est déjà bien vernis en termes de monuments et de rues  baptisés au nom d’ecclésiastiques   et qu’il n’y a pas lieu d’en rajouter. Une rue au quartier Jéricho à Cotonou baptisée rue Père Aupiais, une avenue dénommée Monseigneur Steinmetz,  un boulevard baptisé Pape  François, tout un aéroport au nom du  Bernardin Cardinal Gantin , une effigie du même  cardinal érigée sur le champ de foire à Cotonou et une autre à Allada.

Le raisonnement ne manque pas de pertinence si ce n’est que   les béninois ne sont pas tous d’obédience catholique  et que  l’hymne est national. il n’a pas de connotation religieuse.  Au reste, Il n’est pas bien nécessaire que l’effigie   de l’abbé Dagnon trône à Cotonou, Elle pourrait bien être érigée à Ouidah sa ville natale tout comme, si l’on me permettait la  comparaison, celle de Rouget de l’Isle compositeur de la Marseillaise à Lons – le Saunier sa ville natale dans le département du Jura. Tout pays qui se veut, j’allais dire politiquement correct envers lui- même, ne devrait au grand jamais omettre de bâtir un monument pour immortaliser la mémoire de celui qui fait toujours et sans discontinuer son unité et qui lui permet de se retrouver à chaque fois qu’il est en difficultés, en faisant vibrer  la corde patriotique dans les poitrines. Ne pas y souscrire me paraît un manquement grave dans lequel sont tombées nos autorités politiques jusqu’alors. Mais comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, nous  aimons à espérer  que celles qui nous dirigent actuellement ainsi que le  maire   de Ouidah voudront bien  prêter l’oreille à ce que nous proposons. Nous les saisirons officiellement en ce qui nous concerne. Et pourquoi le  maire de Ouidah ne pourrait-il pas prendre l’initiative avec l’approbation et le soutien du gouvernement, de lancer une souscription nationale pour collecter des fonds  en vue de l’érection de ce monument ? Si vous jugez que ma requête est recevable, de grâce  saisissez-en  les autorités à votre tour. L’adage populaire ne dit-il pas que l’union fait la force ?

Ambassadeur Candide Ahouansou

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