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Agressions sexuelles sur mineurs au Bénin : un fléau au visage hideux

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Au Bénin, les agressions sexuelles sur les mineurs constituent un fléau qui continue de fragiliser la société. Ces actes, souvent commis dans l’intimité des familles, à l’école ou dans le voisinage, affectent la vie des victimes et appellent à une prise de conscience collective, notamment de la part des parents et des enseignants qui jouent un rôle crucial dans la protection des enfants.

Souvent tabou, ce phénomène reste une réalité préoccupante au Bénin. Un nombre considérable de jeunes filles et garçons, en milieu rural comme urbain, continuent de subir en silence des agressions sexuelles. Ces dernières années, le fléau a pris des proportions alarmantes. En témoignent les nombreux cas enregistrés en 2023 et 2024, soulignant la nécessité d’une action renforcée pour protéger les mineurs. Le 6 février 2025 à Savè, deux jeunes hommes ont été arrêtés et poursuivis en justice pour avoir agressé sexuellement deux jeunes filles âgées de 14 ans et membres de la même famille.

Des faits qui interpellent

En 2024, plusieurs cas d’agressions sexuelles sur des mineures à l’école, dans le voisinage ou au sein de la famille ont été également rapportés. En janvier de cette année-là, à Cotonou, une élève de 12 ans a été victime d’agression sexuelle au sein de son établissement scolaire. L’agresseur, un membre du personnel, a été arrêté et placé en détention provisoire. L’enquête suit son cours. En février 2024, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a condamné à 30 ans de réclusion criminelle un homme de 41 ans pour viol sur une mineure de 8 ans au moment des faits en 2019. L’agresseur est de surcroît un ami du père de la victime. En mars 2024, à Parakou, une fillette de 9 ans a été agressée sexuellement par un voisin. Soutenue par une ONG locale, sa famille a déposé une plainte auprès de la gendarmerie locale.

Un autre cas d’agression sexuelle a été signalé en mai 2024 à Abomey. La victime, une fillette de 14 ans, a été agressée par un membre de sa famille. Grâce à l’intervention d’une association de protection de l’enfance, elle a pu bénéficier d’un soutien médical et psychologique.

Des peines sévères prévues par la loi

La Loi n°2018-16 du 28 décembre 2018 portant Code pénal en République du Bénin, modifiée et complétée par la Loi n°2021-11 du 20 décembre 2021 portant dispositions spéciales de répression des infractions commises à raison du sexe des personnes et de protection de la femme en République du Bénin, a prévu des peines sévères pour les auteurs de ces crimes. En effet, les personnes reconnues coupables d’agressions sexuelles sur mineures par la justice encourent des peines d’emprisonnement pouvant aller à la réclusion criminelle à perpétuité, selon la gravité des faits et les circonstances aggravantes (usage de la violence, récidive, etc.). Par exemple, les auteurs d’abus sexuels simples sur mineures peuvent écoper d’une peine de 5 à 10 ans de prison. Si des circonstances aggravantes sont constatées, la peine peut être portée à 20 ans de réclusion criminelle voire plus.

En cas de viol sur mineure, la loi prévoit des peines particulièrement lourdes, pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité. Malgré la dureté de la loi contre les agresseurs, la justice reste confrontée à des défis liés notamment à la difficulté à recueillir des preuves, à la lenteur des procédures et à la stigmatisation des victimes. Quoi qu’il en soit, la justice joue un rôle fondamental en sanctionnant les coupables, mais la prévention, l’éducation et l’accompagnement des victimes restent des leviers indispensables pour lutter efficacement contre ce fléau.

Rôle et responsabilité des parents et des enseignants

La lutte contre les agressions sexuelles sur les mineures ne peut réussir sans l’implication active des parents et des enseignants qui jouent des rôles clés dans la vie des enfants.

Les parents sont les premiers éducateurs et protecteurs de leurs enfants. Leur rôle dépasse la simple surveillance : ils doivent instaurer un climat de confiance et de communication avec leurs enfants. Trop souvent, les tabous autour de la sexualité et des violences sexuelles empêchent les jeunes filles de parler de ce qu’elles vivent ou craignent. Les parents doivent donc apprendre à écouter sans jugement, à reconnaître les signes de détresse et à aborder les sujets liés à la sexualité et au respect du corps avec calme et franchise.

Les parents ont également la responsabilité d’informer leurs enfants sur leurs droits fondamentaux, notamment le droit à l’intégrité physique et à la protection contre toute forme de violence. Ils doivent aussi les sensibiliser aux comportements à risque et aux bons réflexes pour se protéger, comme éviter de se retrouver seuls dans des zones désertes ou éloignées.

En outre, les parents doivent être vigilants quant aux fréquentations de leurs enfants et aux environnements dans lesquels ils évoluent, à la maison, à l’école ou dans la communauté.

Les enseignants : des acteurs clés dans la détection et la prévention

En tant que figures d’autorité et de confiance, les enseignants jouent pour leur part un rôle déterminant dans la protection des mineurs. Ils sont souvent les premiers à observer des changements de comportement, des signes de traumatisme ou des absences répétées qui peuvent alerter sur une situation d’abus. Il est donc essentiel que les enseignants soient formés pour reconnaître ces signaux et sachent comment réagir de manière appropriée. Ils doivent être accessibles et avoir la patience d’écouter les élèves, la capacité de les rassurer et de les orienter vers les structures compétentes pour une prise en charge rapide et efficace.

Au-delà de la détection, les enseignants ont aussi une mission préventive. Dans ce sens, l’introduction de l’éducation à la santé sexuelle et reproductive dans les programmes scolaires apparaît comme une solution prometteuse. En informant les jeunes filles et garçons sur leur corps, leurs droits, la prévention des violences et les moyens de se protéger, ils contribuent à renforcer leur autonomie et leur capacité à se défendre. L’éducation sexuelle permet aussi de déconstruire les tabous et les stéréotypes qui favorisent l’impunité des agresseurs.

Les enseignants doivent par ailleurs collaborer étroitement avec les parents et les autorités scolaires pour mettre en place des politiques claires de prévention et de gestion des cas d’agression. Cette synergie est indispensable pour garantir une réponse rapide et efficace.

Voies de recours et assistance en cas d’agression

Face à une agression sexuelle, il est crucial que les victimes et leurs familles sachent vers qui se tourner. Au Bénin, plusieurs structures offrent soutien et protection.

En cas d’agression sexuelle, les victimes peuvent se rendre à la police pour déposer plainte et engager des poursuites judiciaires. Il est essentiel de faire constater l’agression par un personnel de santé. La victime devra donc se rendre dans un centre de santé pour recevoir les soins médicaux appropriés, y compris une prise en charge psychologique.

Les victimes et leurs familles peuvent aussi bénéficier de l’accompagnement juridique et psychologique de certaines organisations non gouvernementales (ONG) spécialisées.

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