Communément appelé ‘’ Momo’’, le Mobile Money génère une activité économique embrassée par plusieurs jeunes. Cette activité gagne du terrain dans toutes les communautés au Bénin. Facilement accessible et à la portée de tous, gérer un kiosque momo demande peu d’investissement par rapport à d’autres types d’activités commerciales et emplois professionnels. C’est un moyen pour de nombreux jeunes de contourner le chômage même si cela reste pour eux une activité temporaire ou ne correspond pas à leurs ambitions initiales.

Samirath MOUMOUNI
« Il suffit de disposer d’un capital de 100.000 FCFA au minimum, d’un emplacement, d’un téléphone et d’un partenariat avec un opérateur GSM pour ouvrir un kiosque Momo », déclare Aimé ADAMBADJI. Celui-ci est un jeune de la vingtaine qui assure ses besoins grâce à cette activité de mobile money. L’entrepreneur a pu s’installer sans difficulté.Selon son témoignage, c’est une activité qui ne requiert ni protocole ni formation particulière. Cet avis est partagé par la plupart des jeunes en quête d’emplois. Pélagie ATCHATIN, une employée Momo d’un niveau BEPC s’explique. « Pour travailler dans une cabine Momo, il faut juste savoir lire, écrire, compter et savoir faire des transactions. Si tu ne connais rien en transaction, on t’apprend cela et tu commences le job ». James HOSSOU renchérit et va plus loin en précisant qu’aucune qualification n’est de mise : « pour que tu sois embauché dans un kiosque momo, on ne te demande pas un cv ou les diplômes que tu as comme c’est souvent le cas dans les entreprises ».
Activité Momo, une meilleure option parmi tant d’autres
Les kiosques momo offrent donc une solution temporaire pour ceux qui sont dans le besoin, un moyen d’entreprendre pour d’autres, mais reste l’une des options les plus accessibles et immédiates pour les jeunes ayant un quelconque diplôme. La majorité des apprenants n´accepterait jamais finir les études et se faire embaucher pour une activité de transaction Mobile Money. Cependant, les circonstances les y obligent. C’est le cas de Isabelle HOUNKANRIN, qui faute de moyen financier, n’a pas pu obtenir sa licence en géographie. C’était pour elle la seule alternative pour joindre les deux bouts après son BAC : « j’ai fait l’activité momo pendant deux ans. C Cela me permettait de ne pas dépendre des parents et de subvenir à mes besoins », raconte Isabelle. De son côté, Pélagie ATCHATIN qui de base a suivi une formation en informatique après son brevet, exerce cette activité afin de payer les matériels nécessaires pour avoir son propre centre d’informatique. Même si le rêve d’Aimé ADAMBADJI a toujours été de faire de grandes études de commerce général et de voyager, il se contente pour l’instant de son propre kiosque momo dans l’optique d’économiser assez d’argent pour atteindre son objectif. Après avoir essayé la vente des produits alimentaires et cosmétiques dans le marché Dantokpa, il estime que gérer sa cabine momo était son meilleur choix. Dans cette activité, certains ont pu faire de très grandes réalisations comme le raconte Latif qui confie qu’il y en a qui ont acheté des parcelles.
Des revenus mais également des risques
De nombreux tenanciers de kiosques Momo affirment que l’activité de transaction Momo génèrent des revenus journaliers. « Il peut arriver que l’on gagne jusqu’à 6000 FCFA la journée s’il y a assez d’affluence. De même, on peut gagner 500 FCFA pour des jours où il n’y a pas d’affluence mais cela nous aide quand même » déclare un responsable momo qui requiert l’anonymat. Par contre, les employés dans les kiosques ne sont pas mieux lotis. Ils gagnent des sommes dérisoires le mois, ce qui ne les avantage. « Lorsque c’est toi-même qui ouvre l’activité, tu peux gagner mais si tu es engagé pour gérer l’activité pour un autre, ton gain n’est pas grand et il arrive qu’il y ait des manquants et cela arrive le plus souvent où on les défalque de son salaire.», souligne James HOSSOU, qui cinq années auparavant, était aussi employé. Il travaille désormais à son propre compte. Pélagie ATCHATIN explique ce qui est arrivé à certains gérants de kiosque. « Nous avons connu certains qui ont eu de manquants de fortes sommes et ont dû se retrouver en prison », a-t-elle confié. Par ailleurs, les revenus dépendent généralement du volume de transactions opérées chaque jour.
Les risques sont légion. Selon les responsables momo, difficile de faire confiance même aux membres de sa famille dans ce domaine. « La personne que tu mets dans ton kiosque momo y compris ta propre sœur peut ne plus revenir travailler du jour au lendemain », confie James HOSSOU qui met en évidence la crise de confiance. Au-delà des éventuels cas de trahison ou vols de ses employés, les entrepreneurs des transactions peuvent être soumis aux risques d’anarques, de braquages, de trafic de faux billets et des faits mystiques qui font disparaitre de l’argent de son portefeuille. « Nous avons les transferts erronés, des braquages dont sont victimes plusieurs de nos amis les nuits, l’usage de faux billets par des clients et des manquants. Je vous raconte qu’il y a un client qui souhaitait effectuer un retrait de 60.000Fcfa à distance par le biais de son frère. Au lieu de confirmer la transaction de loin, il ne l’a pas fait mais le gérant a quand même remis l’argent à son envoyé sans que le retrait ne soit confirmé. C’est comme cela qu’il a perdu une grosse somme dans cette journée », témoigne Judicael KOUKOU.
Une activité qui cache un mal bien profond
En somme, la transaction Mobile Money semble être une activité palliative aux diplômés sans-emplois. Ainsi, il y a une ruée vers les kiosques momo, prouvant que la jeunesse refuse de se laisser aller à la paresse et au chômage. Mais cela révèle aussi une activité précaire qui profite plus aux initiateurs qu’aux tenanciers travaillant pour leur compte.