Le Bénin pleure cinquante-quatre de ses enfants tombés sous les balles de dizaines d’assaillants. Ils ont surgi d’un territoire étranger pour commettre une attaque foudroyante avant de se replier sur leur base avec un butin de guerre non négligeable. Un tel état de fait est la conséquence directe de l’absence de stratégie concertée entre les différents pays ayant des frontières au point triple. Et le mal pourrait s’aggraver si une thérapie de choc n’était appliquée. Car nous sommes en présence d’une gangrène. Face à quoi, Malik Gomina, en homme de terrain averti, ancien journaliste, ancien Maire de la Commune de Djougou, député et vice-président du groupe parlementaire Bloc Republicain à l’Qssemblée nationale, a confié ses craintes et ses espoirs. Face à Georges Ibrahim Tounkara de la Deutsche Welle, il a analysé les causes du mal rampant et proposé une thérapie en plusieurs points.
Les causes du mal
“Ce qui nous arrive est un drame d’autant plus que nous sommes objet d’une hydre dont nous ne maîtrisons pas les contours”, analyse Malik Gomina. Selon lui, la situation géographique de notre pays par rapport aux poches de développement du terrorisme est un facteur aggravant, notre pays ne pouvant pas déménager pour se soustraire aux menaces. Aussi, le tribut est-il lourd et payé cash. “Sinon vous savez qu’à l’intérieur du Bénin, il n’y a aucune poche de djihadistes. Ce sont des gens qui quittent les pays limitrophes, qui viennent commettre leur forfait et retournent dans ces pays”.
Union sacrée
Malik Gomina postule que le Bénin a toujours eu la main tendue. Pour le député, le Bénin n’a aucun problème avec ses voisins qui soit de nature à placer des causes autres que nationales au-dessus de toute considération sécuritaire. “Mais peut-être que les voisins eux, ont des problèmes avec nous”, avance-t-il. Et d’expliquer que nos officiers supérieurs, les chefs d’État-major et autres se sont déplacés vers leur pairs du Niger et du Burkina Faso pour provoquer un accord de coopération militaire. Sauf que, même si nous savons que c’est ensemble que nous devons lutter contre ce phénomène-là, il est incompréhensible que des questions d’ego entravent chez certains dirigeants, la prise de décisions responsables et républicaines. Sinon, assure le député, le Bénin est demandeur d’une collaboration pour ramener la paix dans la sous-région, afin de préserver la vie de tous les soldats. Dans tous les cas, assure-t-il, “le Bénin est plus que jamais disposé et prêt à toutes les discussions sans condition, pour autant que c’est la sécurité des populations qui est en jeu”. Du reste, tous les Béninois sont unanimes et soudés derrière le gouvernement ainsi qu’avec les forces de défense et de sécurité, pour qu’ensemble on puisse lutter contre ce phénomène.
Mieux vaut prévenir
Malik Gomina est péremptoire sur la question de la prévention. C’est la pierre angulaire de la lutte contre l’extrémisme. “Le Bénin s’ inscrit dans la prévention à travers les investissements avec les partenaires pour que les déserts économiques soient fleuris au niveau de ces zones frontalières, afin que les jeunes ne soient plus livrés à eux-mêmes. Le député préconise la construction de salles de classes et une présence marquée de l’État. “Depuis quelques années, je pense que tout le monde a pu constater que le Bénin est dans cette dynamique-là”. Mais pourquoi est-il stratégiquement nécessaire de prévenir ? “Pour que des citoyens béninois ne se sentent pas concernés par l’extrémisme et ne répondent pas aux appels faciles de ces gens-là qui leur vendent un faux rêve”, tranche l’ancien Maire de Djougou.
Anicet OKE