Fidégnon HOUEDOHOUN
Les Travaux dirigés (TD), au fil du temps ont connu une évolution mais aussi, se sont érigés en un véritable casse-tête pour nombre d’apprenants. Ceux-ci, en effet, ont le sentiment d’être surchargés, sous le poids de la fatigue accablante, l’anxiété et bien d’autres ressentis qui meublent leur quotidien. Gédéon est un apprenant en classe de 3ème dans un établissement d’enseignement secondaire de la ville de Cotonou. Il a l’obligation de suivre les travaux dirigés à l’école et les cours de répétition à la maison. Une situation qui constitue un joug pesant pour lui. C’est une totale intranquillité d’esprit que semble causer pour Gédéon le programme scolaire jonché des séances d’études. « En plus des cours de classe, je dois aussi suivre les Travaux dirigés (TD) à l’école sans oublier ceux du maître d’études qui vient à la maison. Tout cela me surcharge. A l’issue des cours, les enseignants donnent des exercices, à l’école après les TD, on a aussi des exercices et à la maison, même si le maître d’études aide à faire les autres exercices, il arrive où lui-même donne ses exercices. Il faut faire tous les exercices avant la prochaine séance. Je n’ai plus le temps pour me reposer ni pour me détendre. J’ai l’impression d’être sous forte pression. J’arrive à peine à dormir », s’est-il plaint. Le père de Gédéon a estimé que c’était pour la bonne cause et qu’il y a plus de peur que de mal.
La pression impacte plus d’un apprenant
Comme Gédéon, de nombreux autres apprenants vivent également la même situation. Gloria, élève en classe de 5ème, n’est épargnée de la pression causée par les Travaux dirigés. « Mon papa m’a pris des maîtres d’études dans toutes les matières. Ils viennent au moins deux fois par semaine. Il y en a qui ont programmé les séances entre 13h et 14h. Moi, je me sens fatiguée. J’ai parfois des maux de tête », a-t-elle confié. Ashley est au CP mais son cas retient l’attention de sa mère. « Dans sa nouvelle école, les mardis et les jeudis après 17h, ils font TD d’une heure. En plus de cela, sa maîtresse d’études doit venir presque tous les jours pour les révisions et les exercices. Avant, c’est la maîtresse seule qui venait deux fois par semaine. Depuis que la nouvelle dynamique lui a été imprimée dans son nouvel établissement, elle présente des signes de fatigue générale. On signale qu’elle dort en classe », a indiqué Maman Ashley. Craignant pour sa santé, elle a mené sa fille chez leur docteur. Mais, c’est plus de repos pour la petite qui leur a été conseillé. La maman de Ashley a également rapporté qu’un proche de la famille, psychopédagogue, a estimé que la petite Ashley semblait sous pression des séances d’études et qu’il fallait des aménagements de l’emploi du temps en sa faveur.
« Le suivi des apprenants doit être de mise »
La sociologue spécialiste des questions d’éducation, Mélaine Afiavi Agbotro a donné sa lecture de la situation et a proposé des pistes. « En ce qui concerne la pression engendrée par les séances de travaux dirigés, certains apprenants peuvent supporter mais chez d’autres, ce n’est pas le cas. Les moyens font défaut. Autrement, le suivi des spécialistes en la matière doit être de mise. Cela va permettre de s’assurer que l’apprenant ne souffre d’aucun traumatisme, n’est pas sous forte pression et qu’il y ait moins de stress. Les parents sont souvent préoccupés par le bon rendement à l’école. Cela donne l’impression que le bien-être moral et psychologique de l’apprenant est soit ignoré, soit relégué au second rang », a-t-elle fait remarquer. Une telle situation persistante peut aboutir à des incommodités d’après la psychopédagogue. « A cette allure si rien n’est fait, on peut observer chez l’apprenant un repli sur soi et aussi des délires face à certaines situations. Au pire des cas si la situation demeure sans remède, on peut assister à la démence et bien d’autres traumatismes », a-t-elle clarifié. Face à la réalité, elle a suggéré que, même si les parents souhaitent que les enfants tiennent le coup en vue d’un bon rendement scolaire, ils fassent attention aux changements inhabituels de comportement qui peuvent être observés chez les apprenants.
