Le président béninois Patrice Talon s’est exprimé pour la première fois sur la condamnation de son ancien allié et ami proche, Olivier Boko. Dans un entretien exclusif accordé à Jeune Afrique, le chef de l’État a fait part de son profond désarroi face aux événements qui ont conduit Boko derrière les barreaux, qualifiant cette situation de « drame, une tragédie intime ».
Un compagnon de longue date
Patrice Talon et Olivier Boko ont partagé un long parcours commun, marqué par des périodes de crise et de victoires politiques. « Olivier était un frère, un compagnon de fortune et d’infortune », a confié le président béninois. Il a rappelé leur exil ensemble, leur combat pour le pouvoir, puis les années de gouvernance qu’ils ont traversées côte à côte.
Le président a également souligné la confiance absolue qu’il plaçait en Olivier Boko. Ce dernier jouait un rôle clé dans l’ombre, rencontrant en son nom divers acteurs politiques et sociaux, les représentants de la société civile et les dignitaires religieux. « Il était, tout au moins l’ai-je cru jusqu’au bout, mes yeux et mes oreilles », a-t-il affirmé.
Patrice Talon a avoué son incompréhension face aux actes reprochés à son ancien bras droit. « Je ne sais pas ce qui lui a pris », a-t-il déclaré, visiblement marqué par cette affaire. Selon lui, un accord tacite existait entre eux : ni Talon ni son successeur ne devaient s’accrocher au pouvoir, et il était hors de question que ce dernier soit issu de son cercle familial ou clanique.
« Or, si un homme était de mon clan, c’était bien Olivier Boko », a insisté le chef de l’État, laissant entendre qu’il n’aurait jamais imaginé une telle issue.
Une lourde condamnation
Arrêté en septembre 2024 pour tentative de coup d’État contre Patrice Talon, Olivier Boko a été condamné en janvier 2025 à vingt ans de réclusion criminelle, assortis d’une amende de 4,5 milliards de francs CFA. La justice béninoise l’a reconnu coupable de complot contre l’autorité de l’État et de corruption d’agent public.
Cette condamnation marque une rupture définitive entre les deux hommes, autrefois inséparables. Le président Talon, bien que meurtri, semble déterminé à tourner la page de cet épisode qui aura profondément marqué son mandat.