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VOIX DE FEMME : Farida Elise Sawadogo, à cœur ouvert

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Navigant entre la gestion de projets et le journalisme, Farida Elise allie coordination stratégique, création de contenus et communication numérique.  Bénévole au sein de l’Association pour l’Intégration Économique et Sociale des Femmes dans le développement (IES/Femmes), la demoiselle partage le combat de plusieurs milliers d’autres femmes à travers le monde contre l’endométriose.

Fredhy-Armel BOCOVO (Coll)

À vous qui me lirez,

Sans distinction de genre, sans distinction de classe, sans distinction d’âge, je m’adresse à vous.

Il est des combats pour lesquels les mots manquent, des épreuves que même le langage ne parvient pas à traduire. Comment décrire ce mal qui surgit sans crier gare, qui balaie vies, rêves, et ambitions.

“Six années… six longues années à errer d’un médecin à l’autre, à chercher des réponses sans jamais en trouver. Pendant tout ce temps, mes douleurs semblaient invisibles aux yeux des autres, comme si elles n’existaient que dans mon esprit. Six années à entendre des murmures de doute, à sentir les regards de ceux qui pensaient que j’exagérais, à percevoir l’incrédulité même dans ma propre famille. Et pourtant, chaque jour, ces douleurs étaient bien réelles, omniprésentes et insupportables. Elle marquait ma vie.”

A travers ces lignes, je vous fais marcher dans les sillons de cette bataille invisible que mènent certaines femmes en silence, jour après jour. Je sais que parfois, même les mots manquent pour expliquer ce que l’on traverse. Comment raconter cette douleur qui surgit sans prévenir, qui bouleverse vies, rêves et ambitions.

Après six longues années de recherche, d’interrogations sans réponses et d’incertitudes, le diagnostic est enfin tombé un peu comme un verdict et beaucoup plus comme une sentence.

Aujourd’hui, on a enfin trouvé un nom à mon mal : on l’appelle l’endométriose.

Lorsque j’ai appris que je souffrais de l’endométriose, j’ai ressenti un mélange étrange de soulagement et de tristesse. Enfin, un nom sur mes souffrances, mais aussi un diagnostic qui s’annonçait comme un compagnon de route determinant.

Je repense à tout ce que ces années d’errance médicale m’ont coûté. J’ai perdu mon premier emploi à cause de mes absences répétées. Mes amis se sont éloignés, lassés de mes refus de sortir, pensant que je les évitais. Pendant tout ce temps, je criais au secours, mais personne ne semblait entendre, même pas les agents de santé.

Aujourd’hui, les médecins me disent que ma douleur est aussi intense que celle ressentie lors d’un accouchement. Et cette douleur, je dois la porter seule, sans espoir de guérison. Ils m’ont expliqué que les traitements actuels ne peuvent pas faire disparaître la maladie, seulement en atténuer les effets. Ils m’ont même parlé de la ménopause comme d’une libération future, mais cela parait si lointain.

Mon gynécologue m’a dit que, pour certaines, la seule solution radicale est l’ablation de l’utérus. Pouvez-vous imaginer ce que j’ai ressenti rien qu’à cette possibilité? Savez-vous ce que cela représente pour une jeune femme de recevoir une telle option, comme un choix entre souffrir encore et sacrifier une part de sa féminité, de son avenir. On m’a aussi proposé une ménopause artificielle, une idée qui m’effraie.

Je n’ai jamais fait semblant et je ne suis pas hypocondriaque non plus. Toutes ces fois où je disais être à bout de forces, où j’avais besoin de m’allonger, de prendre un moment, je ne trichais pas. Ces douleurs, ces courbatures, cette fatigue, sont bien réelles. C’est aussi à cause de cette maladie que je suis si souvent anémiée, pâle, vidée de mon énergie.

Mais ce qui me terrifie le plus, c’est cette ombre qui plane sur mon futur de femme, sur mon désir d’être mère un jour. Les médecins m’ont conseillé de concevoir avant mes 25 ans, mais je suis déjà dans ma 28 ème année. Et si cette maladie m’empêchait d’avoir un enfant ? Et si elle me privait de cette joie, de ce rêve si précieux ? Que deviendrai-je si je ne pouvais jamais fonder cette famille dont j’ai toujours rêvé ? Oui peut- être que je vis déjà dans la psychose, mais la réalité est que j’ai peur.

L’endométriose me confronte à des douleurs que beaucoup ne peuvent comprendre, à des défis quotidiens que je relève sans cesse, souvent dans le silence. Pourtant, ma force est là, vibrante et indestructible. Je nourris l’espoir des jours meilleurs. La médecine avance, la société prend conscience, et, peu à peu, des voix s’élèvent.

En attendant, j’apprends à mener une vie pleine et épanouie, même avec cette douleur en arrière-plan. Cette maladie me défie, et pourtant, elle m’a révélé une force que je ne me connaissais pas. Je choisis de rendre hommage à toutes celles qui, comme moi, portent cette épreuve invisible.

 Je rêve d’un jour où la douleur ne sera plus un secret, où la voix de chaque femme portant ce fardeau sera entendue, comprise et soutenue.

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