Il ne viendrait à l’esprit de personne de critiquer la prestation remarquable de la presse du service public, avant, pendant et après la conférence des Forces vives de la Nation. Et pourtant, toutes les conditions étaient remplies pour quelle fasse piètre figure. Sous la férule du parti-Etat, les journalistes devaient assurer la propagande du régime, dans l’incertitude du lendemain et dans une extrême précarité. Dignes et fiers, les journalistes du service public, sous la révolution, avaient un train de vie très austère. Aucun d’eux n’avait une voiture. Sur leur motocyclette parfois pétaradante, traînant un passif de six ou sept mois d’arriérés de salaire, il ne leur serait cependant jamais venu à l’esprit de manquer un seul jour de travail ou de bâcler une prestation pour cause d’indigence. En ces temps-là, le journalisme était une vocation sacerdotale. C’était avant que le renouveau démocratique arrive, avec sa rivière d’abondance et de libéralités. Mais qui est-ce qui reprocherait à ceux d’aujourd’hui de vivre leur époque ? Autre temps autre mœurs.
Anicet