C’est l’épilogue d’un procès de six jours qui aura tenu le pays en haleine. Ce jeudi 30 janvier 2025, la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (Criet) a rendu son verdict dans l’affaire impliquant Olivier Boko, Oswald Homéky et Rock Niéri. Les trois accusés ont été condamnés à 20 ans de réclusion criminelle pour complot contre la sûreté de l’État, corruption d’agent public et faux certificat. Ils écopent également d’une amende de 4,5 milliards de Francs Cfa.
Mais avant, l’affaire de complot contre la sûreté de l’Etat a enregistré un ballet de témoignages et la déposition des accusés. Après une longue série de dépositions et d’auditions, le procureur spécial de la Criet, Mario Metonou a requis des peines de prison de 10 ans pour Olivier Boko et Oswald Homéky et 20 ans pour Rock Niéri qui était absent lors du procès. Finalement, la Cour a opté pour une peine uniforme de 20 ans de réclusion criminelle pour les trois hommes, tout en ordonnant la saisie de leurs biens personnels et la confiscation de plusieurs sommes d’argent dont 1,5 milliard de Francs Cfa retrouvés au domicile de Homéky.
La Cour a également ordonné la saisie de la police d’assurance souscrite au nom de Tévoèdjrè, autre pièce clé dans cette affaire. Une amende de 60 milliards de Francs CFA devra aussi être versée solidairement à l’Etat béninois, sous forme de dommages et intérêts. De plus, un véhicule de luxe a été confisqué, renforçant ainsi les conséquences financières de la condamnation. Les trois co-accusés à savoir Sanissou Ganiou, Gbaguidi Corneille et Adjigbékoun Hugues Crépin ont été acquittés.
L’enquête s’est appuyée sur des témoignages accablants, notamment celui du colonel Simon Dieudonné Tévoedjrè, commandant de la Garde républicaine qui a affirmé avoir été sollicité par l’ex-ministre Oswald Homéky pour organiser un coup d’Etat. Une importante somme d’argent en espèces, découverte lors de son arrestation, a également renforcé les accusations. Cette somme, dont une partie provenait d’un compte d’Olivier Boko à Lomé a été interprétée par l’accusation comme un financement pour un projet de renversement du régime. Cependant, les accusés ont fermement nié les charges qui pesaient contre eux. Oswald Homéky a d’abord affirmé que l’argent retrouvé était destiné à financer ses « propres activités », avant de réajuster sa version en évoquant des fonds pour soutenir la candidature d’Olivier Boko à la présidentielle de 2026.
Dans ses dernières déclarations avant la sentence, Olivier Boko a de nouveau clamé son innocence. Il a qualifié les accusations portées contre lui de simples « déductions » liées à sa richesse et à ses liens avec Homéky. Il a assuré que s’il avait été impliqué dans un complot contre le président Patrice Talon, il ne serait pas revenu au Bénin alors qu’il séjournait au Maroc. « Si j’étais dans un projet de complot contre l’autorité de l’État, je n’aurais pas pris le risque de revenir », a-t-il insisté, précisant que sa décision de rentrer précipitamment du Maroc était motivée par une demande du président lui-même. Mais, la Cour a tranché et il revient aux accusés de faire appel de la décision s’ils le souhaitent.