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Phénomène migratoire : gouvernants et chercheurs s’en préoccupent

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Au Bénin, comme partout ailleurs, la question migratoire est au cœur des débats. C’est par la sédentarisation des éleveurs que Patrice Talon compte, non seulement endiguer le fléau, mais en faire une opportunité économique. Est-ce un hasard de calendrier ou une vision avisée ? En ce moment où le sujet est en discussion au palais de la Marina à Cotonou, cinq musées européens s’y intéressent sous un angle scientifique. 

Elie AFFOUDA(coll)

Autant la définition des concepts rend accessible le contenu d’un ouvrage, autant le décodage d’une œuvre artistique facilite la compréhension d’une exposition. Au musée de l’homme, les curateurs de l’exposition « Migrations » ne sont pas allés du dos de la cuillère pour le démontrer, tant cette exposition débute par des affichettes d’un champ lexical et sémantique minutieusement choisi.  Lesquelles paraissent anodines pour les amateurs, quoiqu’elles sont des œuvres d’art à part entière dont il importe de comprendre, non seulement le sens, mais aussi et surtout la raison d’être. Entre autres affichettes, il s’agit  de « migration », « migrant », « immigré exilé », « sans papier », « réfugié expatrié », « étranger ». Loin des considérations politiques, diplomatiques et gouvernementales, c’est par une approche pluridisciplinaire que le musée de l’homme invite son public à une introspection, afin de ‘’repenser les enjeux migratoires’’.

 D’un côté, on y voit des murs couverts de visuels de transport maritime chargés hors gabarit, des images montrant des personnes en déplacement sur le dos d’un animal, sur une charrue, à vélo ou encore à pieds les bras chargés, des sacs en bandoulière, des enfants à califourchon. Cette scène évoque pour quiconque le mouvement migratoire. De surcroît, y grouillent des contenus multimédias (audio et vidéo) aux témoignages poignants, l’histoire des victimes de guerre : le parcours et la mésaventure des émigrés viennent renchérir les tableaux, les photographies, les portraits et les dessins exposés.

Plongé dans les archives, les curateurs utilisent les données statiques, démographiques et documentaires, relatifs au mouvement migratoire, notamment les pièces d’identité, les titres de voyage et de séjour, le certificat de nationalité ou de refugié ; des personnes d’origines diverses pour  révéler le visage du flux migratoire. Un phénomène touchant à peine 4% de la population mondiale et grossi dans les discours politiques et diplomatiques, ceux-ci le peignant comme un vecteur de nuisance,  d’insécurité et de pression démographique.  Une représentation du globe terrestre constituée de personnages coloriés attire l’attention des visiteurs sur l’universalité du mouvement  migratoire. Le musée remet ainsi en question les préjugés relatifs à la migration, pour en finir avec les formes de stigmatisation. Car la perception  que l’on a du phénomène varie en fonction des origines ou du statut du migrant et des circonstances migrationnelles.

Dans sa dimension pédagogique, l’exposition se veut aussi bien ludique qu’instructive, raison pour laquelle elle montre à travers les œuvres « la diffusion des savoirs, des techniques et des cultures qui participent à la richesse des sociétés ». Elle a pu réunir des objets d’art, les souvenirs de famille, les drames qui jalonnent ces voyages, des objets préhistoriques, biologiques et géographiques susceptibles d’évoquer la migration de façon transversale, spatiale et temporaire.

 A travers une scénographie nette et touchante, mêlant la variation du décor et de la colorimétrie au changement  des types d’objets, les curateurs de cette exposition ont réussi à susciter chez le visiteur une réflexion dénuée de tout préjugé relatif au fait migratoire. A l’issue d’un parcours au bout duquel les pensées mélancoliques s’entremêlent avec un sentiment de compassion et d’admiration, le visiteur débouche sur un vestibule montrant les objets préhistoriques et les outils lithiques illustrant le parcours des premiers Homo sapiens, témoins des migrations humaines très anciennes.  La présence des compagnons fidèles ou clandestins des migrants, notamment les végétaux, les champions et les rongeurs, dans cette dernière partie de l’exposition, ne peut laisser indifférent le visiteur.  Au terme de ce parcours de 600 m², apparaît l’apport du mouvement migratoire à l’enrichissement des communautés à travers le rayonnement des us et coutumes, la circulation des produits céréaliers, le brassage des habitudes alimentaires, des échanges culturels et cultuels, évoqué à travers l’exposition d’une représentation des fraises du Chili du XVIIIe siècle aux côtés d’une broche de kebab et d’une pizza hawaïenne.

L’exposition « Migrations, une odyssée humaine »  en cours au Musée de l’homme est en phase avec l’actualité sociopolitique, culturelle et scientifique de l’heure.  L’organisation quasi simultanée de l’exposition sur la même thématique, par plusieurs institutions muséales à la fois (Du Louvre-Lens au MuCEM, à Marseille,  en passant par le  Musée national de l’immigration, à Paris, le Muséum d’histoire naturelle, à Bordeaux et le Musée de l’Homme), est la preuve de l’importance du sujet aussi bien pour les gouvernants que pour les chercheurs.

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