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Voix de femme : Akouvi Clarisse Hounzali au sujet de la femme sportive

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Ancienne handballeuse, Akouvi Clarisse Hounzali Epse Houngbédji est une avocate passionnée de sport. Membre de l’actuelle équipe dirigeante de la fédération béninoise de handball, celle qui en est 3ème vice-présidente, chargée de la promotion et du développement du handball féminin, prend la parole ici sur le sujet de la femme.

Quelle est selon vous, la place de la femme dans la société béninoise actuelle ?

Je reste souvent  sur ma faim quand on parle de la place de la femme dans la société béninoise actuelle. C’est un sujet qui englobe tellement d’aspects. En ma qualité d’avocate, cette question m’amène à me demander si le dispositif juridique existant au Bénin fait une place à la femme. Ma réponse est OUI. Le législateur béninois a reconnu des droits à la femme pour favoriser son épanouissement et son éclosion. Le problème qui se pose réside dans l’effectivité de l’application des textes et lois qui reconnaissent ces droits à la femme. Au quotidien, la place de la femme vient du regard porté sur la fille, la sœur, l’épouse, la mère, la voisine, la collaboratrice, par la société. Je prends un petit exemple. Si nous sommes sur terre, c’est bien parce que nous avons été, chacun, porté et accouché par une femme, sa mère. Si nous avons un minimum de considération, de respect pour cette mère, de nombreuses blagues ne circuleraient pas sur les réseaux sociaux pour avilir les femmes. Il s’agit là d’un petit élément d’appréciation de la place qui est faite à la femme dans et par la société. Ceci étant, la promotion des femmes est tout un cheminement. Ce n’est pas un combat contre les hommes car nous n’avons pas de batailles à nous livrer entre êtres humains de sexes opposés. Bien au contraire, nous avons à nous soutenir. Et sur ce, je pense que bien d’hommes soutiennent les femmes aujourd’hui, dans la société béninoise.

Faut-il parler d’égalité homme-femme dans ce contexte ?

L’égalité homme-femme est une égalité devant la loi. C’est dire que la loi ne devrait pas être discriminatoire à l’égard de la femme. C’est elle qui permet à la fille/femme d’avoir un acte de naissance, d’aller à l’école, de bénéficier de soins médicaux, d’accéder à des postes nominatifs ou électifs, d’hériter de biens entre autres fonciers et de jouir de tous les droits dont jouit le garçon/l’homme. C’est de cela qu’il s’agit quand on parle d’égalité homme-femme. A tort, on a longtemps pensé que les femmes ne pouvaient pas faire du sport. Je peux vous dire que dans toutes les disciplines sportives, elles excellent et portent haut le drapeau béninois et mieux que les hommes. Ce n’est qu’une preuve de ce que la femme n’est pas à mettre à l’écart. Elles savent s’occuper efficacement de plusieurs tâches à la fois quels que soient les domaines considérés.

Comment les femmes sont-elles perçues dans le milieu sportif ?

Sourire….. les filles/les femmes, osons le dire, sont perçues comme des perles dans le milieu sportif. Ce sont des joyaux sur lesquels reposent de grands espoirs des responsables d’associations sportives. On ne présente plus Noélie Yarigo, la guéparde de la Pendjari. Comme elle, Demba Diallo Radath, Ganirou Océane, Odile Ahouanwanou, Gloria Nahum et bien de jeunes femmes sont des valeurs sûres dans le roller, dans le karaté et d’autres disciplines sportives. Qu’il s’agisse du football, du handball, du basketball, du volleyball et autres, beaucoup de révélations féminines (individus ou équipes) font la fierté de notre pays. Ce fut le cas encore aux récents championnats scolaires, au challenge Trophy IHF, le parcours des amazones au football interpelle……. C’est l’occasion de tirer un chapeau aux autorités à divers niveaux qui affichent une ferme volonté de promouvoir le sport féminin.

Avec le parcours qui est le vôtre, quelle est cette situation désagréable que vous avez vécue en raison de votre genre ?

Ce sont des situations atypiques. Avec les conducteurs de taxi-moto par exemple. En négociant le coût de la course, j’ai déjà entendu plusieurs fois les conducteurs me dire : « à une jolie tata comme vous, ce n’est pas ce montant qui manquerait ». Et, j’avais l’habitude de répondre  : « la façon dont vous gagnez votre argent, c’est-à-dire, à la sueur de votre front, c’est de la même façon que je gagne aussi le mien. . Vous acceptez ou je sollicite un autre conducteur ?   » De tels propos tenus à une jeune cliente sans grande expérience de la vie, peuvent être reçus par cette dernière comme une exhortation à aller chercher des ‘’bailleurs’’ puisqu’on lui dit et lui répète que les jolies filles comme elle ne manquent pas d’argent. Ce genre de situation est récurrent. Elle doit nous amener à repenser l’éducation (des garçons et des filles) à la base. En outre, éduquer un garçon à refouler ses émotions et ne pas s’exprimer, s’extérioriser n’est que de nature à former une bombe prête à détoner quand surviendra le trop plein. Je ne juge, ni n’excuse. Je ne fais que constater et analyser. Dans le handball, j’ai plusieurs fois entendu des équipes masculines dire à des équipes féminines qu’elles n’étaient pas fiables. Simplement parce qu’ils considèrent que les femmes sont inconstantes dans leurs émotions et que cela se répercute sur leurs prestations sportives.

Que diriez-vous :

à une mère farouchement opposée au sport comme carrière envisagée par sa fille ?

Je dirai à cette mère, au père de la fille et à tout son environnement de la laisser faire le sport. Laissons les filles faire le sport. Elles ont juste besoin d’être accompagnées. Ma mère m’a laissée faire. Elle a seulement exigé que mes devoirs de classe et mes travaux domestiques soient bien faits et à temps. Il m’a fallu négocier et m’organiser pour concilier école, maison et sport.  Mon engagement sportif a forgé mon envie de réussir, de surmonter les difficultés et d’aller de l’avant. Aux entrainements, nous étions motivées dans ce sens et notre mental boosté. En pratiquant le  sport, les filles gagnent en volonté, en détermination, en bravoure, autant de qualités qui leur sont profitables dans la vie active.

à une mère qui abandonne son nouveau-né à la charge du père de l’enfant ?

Je ne serai pas péremptoire. Par expérience, j’ai appris  qu’il faut cerner tous les contours d’une affaire. Je me pose ces questions :  Cette femme possède-t-elle toutes ses facultés mentales ? Quelles étaient ces dispositions psychiques et psychologiques au moment où elle a posé cet acte ? Comment a-t-elle vécu sa grossesse ? Comment a-t-elle vécu l’accouchement ? Comment a-t-elle vécu les jours qui ont suivi son accouchement ? Qu’on ne se trompe pas, je n’incrimine ni son homme ni son entourage tout autant que je ne défends pas la thèse d’abandon de nouveau-né à la charge du père. Répondre véritablement à ces questions permettra donc d’accompagner au mieux cette femme et à faire le meilleur choix pour le nouveau-né.

à une femme addicte aux drogues et à l’alcool ?

il est difficile de s’en départir mais elle devra le faire pour son propre bien et celui de son entourage. Elle aura d’ailleurs plus besoin de leur soutien, d’un traitement et d’un suivi appropriés que d’être stigmatisée et envoyée dans des camps de délivrance. 

à votre cousin puceau à 25 ans ?

Il a toute sa vie pour découvrir le sexe. Beaucoup de réflexions, de blagues tant blessantes que dévalorisantes lui seront faites. Toutefois, qu’il garde la tête sur les épaules car la réalité est là et tenace. Lorsqu’on connaît le sexe, on y prend goût et s’y attache. Une grossesse peut alors survenir et avec, des responsabilités qu’il doit assumer. A 25 ans, a-t-il les ressources nécessaires pour y faire face, sachant que la majorité des jeunes de cet âge au Bénin n’ont pas une situation financière stable ? Qu’il ne franchisse le pas qu’au moment où il pourra assumer entièrement les responsabilités qui en découleront. Il n’en sera que fier.

Propos recueillis par Fredhy-Armel BOCOVO (Coll)

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