Invité sur l’émission socio-politique « Cartes sur table » de Océan Fm le dimanche 9 mars 2025, le directeur général des politiques de développement, Cyriaque Adékimbi Edon a partagé avec les auditeurs de la Radio des défis, le contenu de la Vision 2060 en cours de formulation et qui projette le Bénin vers un lendemain meilleur. Pour éviter la discontinuité dans l’action gouvernementale, l’une des faiblesses de Alafia Bénin 2025, des balises ont été prévues par le Comité de pilotage de la formulation.
Entre autres mesures, l’invité des journalistes Sosthène Fadaïro et Aziz Adam Soulé a souligné la mise en place d’un cadre législatif qui énonce les différents documents de développement que doit avoir au niveau national tout gouvernement et la culture de reddition de comptes. « Nous avons appris de Alafia Bénin 2025, beaucoup de leçons. La première leçon, c’est de constater que si nous avons eu des résultats mitigés, c’est parce qu’il y a discontinuité dans l’action gouvernementale. A chaque nouveau régime, on assiste souvent à une remise en cause du régime précédent. Du coup, on recommence à zéro et on fait beaucoup de rétropédalage.
Cela est dû au fait que le dispositif de mise en place de Alafia Bénin 2025 à l’époque, qui est de décliner des Plans nationaux de développement dans chaque phase prévue, n’a pas été rigoureusement suivi. Le premier Plan national de développement (Pnd) a été finalement élaboré en 2018. Le fait qu’il n’y ait pas un document de ce genre, a fait qu’il y a eu un écartement des régimes de Alafia Bénin 2025 et il n’y a pas une continuité dans la mise en place de Alafia Bénin 2025 ». La deuxième réponse apportée par l’invité, est l’absence d’un cadre législatif clair qui consolide le système national de planification et qui impose le respect et l’application de Alafia Bénin 2025 par tout gouvernement. La troisième leçon, c’est l’absence de dissémination du succès de Alafia Bénin 2025 par le grand public.
S’agissant du cadre législatif, pour corriger les faiblesses relevées dans l’application de Alafia Bénin 2025, Cyriaque Edon a parlé du vote de la loi-cadre sur la planification du développement et l’évaluation des politiques publiques qui stipule que : « les visions nationales de développement seront adoptées par une loi. Ces visions vont être imposées à tout régime politique ». Avec ce dispositif, il est clair qu’aucun gouvernement ne viendra désormais changer la Vision des Béninois mais va mettre en œuvre la Vision 2060 qui sera présentée pour validation dans les prochaines semaines et appuyée plus tard par une loi qui sera adoptée par l’Assemblée nationale.
Etapes d’élaboration de la Vision 2060
La Vision 2060 est dans sa phase de construction. « Une vision demande une méthodologie inclusive et participative. Pour qu’elle soit effective, il faut beaucoup de temps pour sa construction. Raison pour laquelle nous avons démarré les travaux depuis près de deux ans. Il y a eu beaucoup de travaux réalisés. La première phase a été de préparer le terrain.
Pour le faire, il y a eu l’évaluation d’Alafia Bénin 2025, la mise en place d’un cadre institutionnel et les groupes thématiques. Sur la base de cela, nous avons divisé le pays en plusieurs domaines d’expertises : économie, société, politique, environnement, culture, technologie, infrastructures, santé, éducation et sécurité », a expliqué Cyriaque Edon. Sur la base de ces domaines, des études monographiques ont été réalisées pour faire le point et projeter les ruptures possibles que le Bénin peut avoir d’ici à 2060. En plus, les aspirations et perceptions des Béninois ont été collectées sur ces différents domaines et ce qu’ils pensent pour le futur.
Plus de 20 000 personnes interrogées
Pour la collecte des aspirations des Béninois pour le Bénin d’ici les 35 prochaines années, le Comité de pilotage de formulation de la vision a opté pour une approche inclusive. En effet, 12 900 Béninois ont été interrogés par l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad). Par la suite, 372 000 focus groupes ont été organisés dans les 77 Communes et au niveau central, une centaine.
Dans ces focus groupes, il y a eu des jeunes, des enfants, des leaders d’opinion, des femmes, des travailleurs…Le même questionnaire qui a été adressé aux focus groupes a été mis en ligne pour collecter les aspirations et perceptions des Béninois de la diaspora. A ce niveau, environ 600 personnes ont été enregistrées. « En tout, plus de 20 000 personnes ont donné leur avis sur ce qu’elles pensent du Bénin depuis 2000 à aujourd’hui et ce qu’elles souhaiteraient pour le futur », a dévoilé le directeur général des politiques de développement tout en rappelant qu’environ 2000 à 3000 personnes se sont adonnées à l’exercice pour la formulation de Alafia Bénin 2025.
Une expertise 100% béninoise exploitée pour les réflexions
Pour les travaux de collecte et d’analyse des données, la matière grise 100% béninoise a été utilisée. Près de 300 experts béninois nationaux ou internationaux ont été utilisés conformément aux orientations du président Patrice Talon et du ministre d’Etat, Abdoulaye Bio Tchané. Après cela, la méthodologie a été mise en place, ce qui a permis de faire le diagnostic pays, d’identifier les variables clés de l’économie béninoise et de projeter les futurs possibles. Les défis qui persistent, aux dires de l’invité pour le moment, sont relatifs à l’emploi, à la sécurité, au bien-être, au développement économique.
Quel Bénin d’ici 2060 ?
A cette préoccupation, l’invité a répondu que la vision du Bénin d’ici 2060 est celle voulue par les Béninois. « Le Bénin auquel nous devons nous attendre d’ici 2060 a été défini par tous les Béninois. Nous gardons la primeur pour les Béninois pendant la période de validation nationale qui se fera bientôt. Beaucoup de Béninois y compris les anciens chefs de l’Etat (Nicéphore Soglo) et d’anciens présidents d’institution (Robert Dossou) ont été interrogés sur le futur souhaité pour leur pays. Nous avons projeté 4 futurs possibles. Un sera retenu par les Béninois eux-mêmes qui colle avec nos aspirations », a rassuré Cyriaque Edon tout en précisant que ce choix sera meilleur.
