Dans les rues de Cotonou, les tricycles, surnommés « kabou kabou », gagnent du terrain. Ces nouveaux modèles de transport de personnes sont prisés pour leur confort et la couverture qu’ils offrent contre les intempéries. Ainsi, les conducteurs de ces tricycles concurrencent fortement les conducteurs de Zémidjan.

Régis HOUNZINME (Stag)
Mercredi 10h. Aurélie Houngbédji attend son transport au bord de la voie. Les taxi-moto lui proposent leur service mais elle décline l’offre. Il faut attendre 10 minutes plus tard pour la voir monter à l’intérieur d’un engin à trois roues bien couvert, disposant de 4 places à l’arrière comme à l’avant. C’est le fameux tricycle. Cette vendeuse préfère emprunter ce moyen de transport délaissant ainsi les motos à deux roues des célébrissimes zémidjan au maillot jaune. « Avec mes sacs de tomates, c’est plus pratique et je suis à l’abri de la pluie », commente-t-elle. Depuis quelques mois, les tricycles se multiplient dans la circulation de Cotonou. Ces engins, souvent peints de couleurs vives, offrent une alternative aux traditionnels Zémidjan. Leur capacité à transporter plusieurs passagers ou des marchandises en fait un choix apprécié par de nombreux usagers. De son côté, Rodrigue Aïnadou, étudiant à l’Université d’Abomey-Calavi, préfère le transport par tricycle pour sa capacité à garder plusieurs personnes. « Je peux monter avec deux amis, partager les frais et me sentir plus stable », confie le jeune étudiant.

A l’instar des jeunes, les personnes âgées trouvent également leur compte dans ce nouveau mode de transport. La sextuagénaire Félicité Assogba est admiratrice de ce mode de transport. « Les Zémidjan vont trop vite parfois. Avec le tricycle, je me sens plus rassurée », explique la retraitée de la fonction publique. Pour sa part, Jules Zannou, agent de sécurité, adoube les tricycles pour le confort qu’ils offrent. « Après une journée de boulot, je préfère être assis normalement plutôt que serré sur un zem », confie-t-il. Ainsi, la popularité croissante des tricycles menace fortement les traditionnels taxi-moto communément appelés zémidjan. Koffi Agbanrin, zemidjan depuis sept ans, observe une baisse de sa clientèle et accuse l’arrivée des tricycles. « Avant, même les femmes qui allaient au marché nous appelaient. Maintenant, elles préfèrent les tricycles », raconte le conducteur. Néanmoins, certains restent optimistes, à l’instar de Martin Soglo. « Il y a la concurrence, c’est vrai. Mais moi, je garde mes clients fidèles. Les tricycles sont lents, donc les gens pressés viennent toujours vers nous ». D’autres à l’image de Benoît Zannou, pensent déjà à la reconversion aux tricycles. « Je trouve que conduire un tricycle sera bénéfique parce qu’on a la possibilité de prendre plusieurs clients pour une même destination que nous », assure-t-il.

Les conducteurs de tricycles, quant à eux, se montrent satisfaits de leur activité. C’est le cas de Boniface Kpadonou, ancien chauffeur de taxi, qui y met de la souplesse. « J’ai toujours des clients, surtout les femmes et les familles. Il faut juste savoir bien parler et avoir un bon comportement », conseille-t-il. Son compair Ibrahim Mourou ajoute une couche. « Je fais en moyenne 10 à 15 courses par jour. Ce n’est pas comme un boulot de bureau, mais je gagne mieux qu’avant ».
Ainsi, les tricycles s’imposent progressivement dans le paysage urbain de Cotonou, offrant une alternative appréciée par certains usagers, tout en représentant une concurrence notable pour les zemidjan. L’avenir dira comment ces deux modes de transport cohabiteront dans la ville.