« Nous voulons révéler des talents, mais aussi éveiller les consciences sur la richesse de nos cultures à travers une narration vivante et moderne »

Dans un contexte où la reconquête de l’identité culturelle devient primordiale pour nombre de pays africains, le Prix Gbêhanzin est initié pour inciter les jeunes de 12 à 33 ans à se documenter sur leur culture, la perception faite de l’Amour dans leur ethnie ou d’autres régions. Ces derniers sont surtout appelés à se passer des clichés déjà existants dans l’univers de la narration africaine, être créatifs avec des histoires authentiques. Dans cette interview qu’il a accordée, Théophile Sèwanou, Promoteur de l’initiative, a abordé plusieurs sujets en rapport avec l’organisation du concours.

Fraternité : Bonjour, monsieur. Veuillez vous présenter.
Théophile SEWANOU : Bonjour et merci pour l’intérêt que vous portez à ce projet. Je suis Théophile Sèwanou, promoteur culturel, passionné par la littérature africaine et fondateur de AfrikArts Stars, une structure dédiée à la valorisation des arts et des patrimoines culturels du continent. Je porte aujourdhui le Prix Gbêhanzin, un concours littéraire qui me tient particulièrement à cœur.
Vous êtes l’initiateur du Prix Gbêhanzin, un projet qui en est à sa première édition. Que pouvez-vous nous en dire (contexte, objectifs, cible) ?
Le Prix Gbêhanzin 2025 est né de notre volonté de créer un espace où la jeunesse africaine pourra s’exprimer par la littérature, en racontant des histoires ancrées dans nos cultures et nos réalités. Cette édition sadresse aux jeunes de 12 à 33 ans vivant au Bénin, avec pour objectif principal de célébrer lamour dans un contexte africain, tout en rendant hommage aux héros et héroïnes du continent. Ce concours se veut aussi un outil de transmission des valeurs, un pont entre tradition et création littéraire contemporaine. Nous voulons révéler des talents, mais aussi éveiller les consciences sur la richesse de nos cultures à travers une narration vivante et moderne.
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Pourquoi cette dénomination alors qu’il y a une pléthore de héros béninois, encore moins africains ?
Gbêhanzin n’est pas juste un roi, c’est un symbole de résistance, de dignité, et d’enracinement culturel. En choisissant son nom, nous souhaitons faire écho à ces valeurs de courage et de transmission identitaire. Le Prix Gbêhanzin na pas vocation à ignorer les autres figures africaines, bien au contraire : le règlement invite les participants à puiser dans toute la richesse des héros africains, qu’ils soient du Bénin, du Mali, du Ghana ou de n’importe quel autre pays d’Afrique ; des passeurs symboliques, repères pour une jeunesse qui, parfois, manque de figures d’identification fortes.
Le titre fait penser à la Culture, mais vous conseillez plutôt que l’Amour soit le moteur du récit. Qu’est-ce qui pourrait justifier cela ?
C’est une très belle observation. En réalité, l’amour est un prétexte littéraire universel, mais dans notre concours, il est au service d’un objectif plus profond : réinscrire les émotions humaines dans un cadre culturel africain. C’est l’histoire d’une rencontre entre deux jeunes Africains, dont les noms et contextes culturels renvoient à nos patrimoines. À travers eux, on raconte un site, une cérémonie, une figure historique. C’est donc bien la culture qui est célébrée, mais de manière vivante, émotionnelle, et non figée ou didactique. Parce qu’une histoire damour bien racontée accroche, c’est notre manière d’accrocher les Africains afin de les amener indirectement à la découverte de leur culture, leur patrimoine, leur identité.
Que gagnent les participants même quand ils ne parviennent pas à faire partie des finalistes ?
On gagne toujours quelque chose en participant à un concours : l’audace d’avoir participé (parce que ce n’est pas donné à tout le monde d’oser), l’occasion de se surpasser en voulant offrir la meilleure version de soi ; et, quand on ne tutoie pas le trophée, l’opportunité de se remettre en question, se réévaluer pour savoir ce qui n’a pas marché et ce que l’on peut améliorer pour triompher les fois à venir. D’ailleurs, pendant toute la durée du concours, nous organiserons des formations gratuites sur l’écriture de la nouvelle, accessibles à tous. Ça aussi, c’est quelque chose de gagné. En somme, ce n’est pas qu’un concours, c’est une école littéraire ouverte.
Votre mot de fin.
Je dirais à la jeunesse africaine : osez écrire, osez raconter vos cultures avec vos mots. Le Prix Gbêhanzin est votre espace. Vous avez des histoires puissantes à partager. Ce concours est une invitation à la beauté, à la fierté, à la mémoire. Participez, même si vous doutez. Nous vous lisons, nous vous attendons.
Propos recueillis par Michèl GUEDENON