On ne le voit pas. On ne le ressent pas immédiatement. Mais le stress agit silencieusement, s’installe et finit par se faire remarquer, tardivement, quand le corps en a assez de faire face aux retombées. Le stress est un mal insidieux qui bousille des vies dans les milieux scolaires et universitaires, au sein des foyers et des administrations, et dans le rang des artisans. Face à son ampleur sur le bien-être physique et mental, il convient d’en explorer les germes et les répercussions.
Michèl GUEDENON
De façon courante, le stress est perçu comme un sentiment de tension continue que subit un individu, et qui finit par avoir raison de lui. Bien que connu de tous, le stress est le résultat de plusieurs facteurs que l’on néglige au quotidien. Ainsi, dans les écoles, les lycées, les administrations et les différents secteurs d’activités, ce mal sévit et fait des victimes. Et ce, sans distinction d’âge, de sexe ou d’appartenance quelconque. Selon les explications de Adjimon Julien Hounton, inspecteur d’action sanitaire et infirmier diplômé d’Etat (Ias/Ide), le stress peut être causé par les pressions scolaires ou professionnelles. Les agendas quotidiens surchargés, les responsabilités, les examens, la peur d’échouer et les menaces des parents quant à la moyenne à totaliser sont autant de faits susceptibles de conduire un individu dans le stress. Les problèmes relationnels tels que les conflits familiaux, les disputes avec des amis ou avec son époux,se ne sont pas à écarter de la liste des causes du stress. A ces facteurs, s’ajoutent indubitablement la perte d’un emploi, le divorce, la rupture amoureuse, le déménagement, l’endettement, le manque de revenus, les dépenses imprévues. Le devoir de gérer plusieurs choses à la fois sans soutien réel provoque également, aux dires de l’inspecteur d’action sanitaire, un sentiment de tension continue chez l’homme. De son côté, Isabelle Kindjinou, psychologue et conseillère conjugale, attire l’attention sur les tensions au sein des ménages. A l’en croire, de nombreuses personnes vivent en permanence avec le stress à cause des réalités de leur union et de ses implications. Elle précise que le risque devient plus grand lorsque l’on se retrouve avec une personne pas trop compréhensible. Malheureusement, de nombreuses personnes supportent, croyant que c’est l’idéal à faire, sans se douter une seule seconde qu’ils ne font que s’enfoncer davantage. Ainsi, le stress affecte profondément sa victime, tant sa santé mentale que son bien-être physique.
Invisible mais dévastateur
Malgré son caractère silencieux, le stress a d’énormes répercussions sur l’homme. Entre autres dégâts causés par ce mal, Julien Hounton énumère principalement la fatigue chronique, l’anxiété, la nervosité, l’agressivité, l’isolement, l’irritabilité et l’excès d’alimentation. Quand aucun traitement ne survient pendant un long moment, a ajouté l’infirmier, il est fort probable de relever des troubles du sommeil, des douleurs musculaires, les difficultés de concentration, la consommation voire la dépendance à l’alcool, au tabac et à d’autres produits psychotropes, les maux de tête, les palpitations et surtout la dépression. La psychologue conseillère familiale a, quant à elle, insisté sur les ruptures amoureuses mais aussi et surtout sur les retombées sur l’éducation des enfants. Par ailleurs, quand la dépression prend place, la tentation de mettre fin à ses jours devient fréquente.
Aujourd’hui, il n’est pas rare de tomber sur des personnes vivant sous le joug du stress.
Quelques exemples de patients pris en charge
Julien Hounton, inspecteur d’action sanitaire et infirmier diplômé d’Etat, fait cas de deux clients, une jeune et un adulte, qu’il a reçus et accompagnés récemment. Peu avant les examens, Marie, étudiante âgée de 20 ans, a des insomnies. Au même moment, elle se plaint de maux de ventre et fait des crises de panique avant chaque session d’examen. Après les consultations, l’infirmier a constaté que la jeune femme s’était retrouvée avec assez de leçons à apprendre à la veille des sessions. A côté, elle voyait son échec en face et était également sous la pression des parents. Pour la soigner, l’inspecteur d’action sanitaire a établi un planning de révisions avec elle. D’autres mesures ont été prises pour que l’étudiante aille mieux, notamment une technique de respiration et de cohérence cardiaque, un soutien psychologique à travers un conseiller scolaire et une pause active (marche, sport doux). Dans le second cas évoqué par Julien H., Jean, un employé de 35 ans s’est plaint de migraines, d’irritabilité et d’un manque de motivation au travail. Pour cause, les nombreuses responsabilités, le manque de reconnaissance et la pression pour l’amélioration et la performance. Pour l’accompagner, il a été négocié, en collaboration avec son supérieur employeur, une réorganisation de son emploi du temps, un accord de congé de repos temporaire, un suivi médical, une relaxation (méditation, sport, activités de détente) et une psychothérapie de soutien.
De son côté, Isabelle Kindjinou a mis l’accent sur la nécessité de se confier à un proche afin d’être écouté et accompagné pour ne pas sombrer. Pour la tranquillité dans les foyers, elle recommande l’écoute active et la communication non violente, une atmosphère dans laquelle les partenaires pourront se confier l’un à l’autre sans craindre d’être rejeté. Elle a d’ailleurs évoqué la situation d’un couple qu’elle a pris en charge. L’homme, trop chargé par les affaires professionnelles, n’avait plus vraiment du temps à consacrer pour sa famille et faisait l’amour à sa femme « comme un robot », avait confié la concernée à la conseillère conjugale. Approché, ce dernier a reconnu ce qui lui est reproché et a expliqué ses conditions de travail. Grâce aux conseils de la psychologue, la relation entre les deux partenaires s’est améliorée depuis lors.
Ce sont autant de données qui témoignent du danger que représente le stress pour la vie des hommes. Toutefois, les risques sont limités lorsque l’on se confie à un proche ou à un médecin généraliste, un psychologue ou un conseiller conjugal.
