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Stanislas K. Djossa : Parcours d’un visionnaire et défenseur des enfants

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Né à Allada le 7 mai 1965, Stanislas Kpodogbé Djossa est un homme dont la vie incarne la passion de l’éducation et l’esprit d’entreprise. En 1997, il a fondé une école privée qui accueille aujourd’hui plus de 5000 élèves, une réalisation impressionnante née de son désir de contribuer à l’épanouissement de la jeunesse. Mais derrière cet empire éducatif, se cache un homme d’action, un autodidacte qui a forgé son parcours sur le terrain, sans passer par les chemins traditionnels de l’entrepreneuriat.

Attogon ! C’est dans cette localité d’Allada que tout commence. À l’école primaire publique mixte du village, il gravit les échelons du CI au CM2. Elève assidu, il est admis au Certificat d’Études Primaires et poursuit ses études secondaires au CEG d’Allada. Mais le destin n’est pas linéaire : après un échec au baccalauréat, il décide de rebondir. Il s’installe alors à Cotonou, dans le quartier Fidjrossè, chez son oncle. Inscrit au CEG Gbégamey, il décroche enfin son baccalauréat après une année d’efforts acharnés. Son admission à l’université coïncide avec une période de turbulences dans le système éducatif national, marquée par une année blanche. Plutôt que de rester inactif, Stanislas Djossa choisit de commencer à enseigner à l’école primaire. C’est dans les salles de classe de la cité Houéyiho, à Cotonou, qu’il trouve sa vocation. Durant neuf années, il enseigne avec passion, notamment au CE2 et au CM1. L’enseignement, d’abord simple gagne-pain, devient peu à peu une véritable mission.

Parallèlement, il poursuit des études universitaires en droit, qu’il mène jusqu’à la quatrième année. Ce double engagement intellectuel et pratique façonne chez lui une posture unique : celle d’un éducateur stratège, capable d’enseigner mais aussi de penser le système éducatif dans son ensemble.

De la passion à la vocation !

En 1997, il franchit un cap décisif. Porté par ce qu’il décrit comme un « appel », il décide de créer sa propre école. Sur deux parcelles acquises dans un quartier en pleine croissance, il pose les premières pierres de ce qui deviendra un vaste complexe éducatif. 71 élèves seulement à l’ouverture. Aujourd’hui, ils sont plus de 5000 à fréquenter ses établissements, allant de la maternelle à l’enseignement technique. Mais ce succès n’est pas dû au hasard. Ce qui distingue Stanislas Djossa des autres promoteurs d’école, c’est l’intellect mis dans l’action, l’amélioration constante de ses structures, et surtout l’investissement dans la formation d’un personnel dense, dynamique et compétent. Pour lui, l’éducation n’est pas un commerce, mais une construction patiente et stratégique, nourrie par l’observation du terrain, l’adaptation et la passion de transmettre.

Stanislas a débuté sa carrière en tant qu’instituteur, mais ce n’était qu’un début. Son amour pour les enfants et son désir de changer les choses l’ont poussé à créer sa propre école. « Les enfants sont notre avenir », dit-il souvent, convaincu que chaque enfant a un potentiel qu’il convient de développer avec rigueur et amour. Pour lui, l’école est bien plus qu’un simple lieu d’apprentissage : c’est un sanctuaire où les valeurs humaines sont cultivées et où les enfants peuvent se découvrir et grandir. Lorsqu’il parle de son travail, Stanislas n’hésite pas à souligner les défis liés à l’éducation, en particulier les comportements déviants que certains élèves peuvent adopter. Les influences extérieures, comme la rue et l’usage des téléphones portables, peuvent rapidement détourner les enfants de leurs études. C’est pourquoi il insiste sur l’importance de l’implication des parents et de l’encadrement de l’école pour éviter que les enfants ne basculent dans des dérives.

Un bâtisseur, mais aussi un gestionnaire

En dehors de son rôle d’éducateur, Stanislas est un entrepreneur pragmatique. Avant de se lancer dans l’éducation, il a géré des activités foncières, achetant, vendant et enregistrant des parcelles. C’est cette expérience, accumulée au fil des années, qui lui a permis de créer une infrastructure scolaire solide. « J’ai appris tout seul, et cette expérience m’a beaucoup servi pour la gestion de l’école« , confie-t-il. Grâce à son sens de l’organisation et de la gestion, il a su développer son établissement en même temps qu’il propose un modèle d’éducation centré sur le bien-être des élèves. Aujourd’hui, son école ne se contente pas de former des élèves. Elle est un modèle d’organisation, où chaque membre du personnel est motivé par des incitations financières et des récompenses en fonction taux de réussite aux examens nationaux et des performances individuelles. Les mois d’octobre à juillet sont une période clé, durant laquelle les enseignants travaillent pour atteindre des objectifs académiques. Ce système de récompense est une façon pour Stanislas de valoriser le travail acharné de son personnel. Dans ce cadre, les trois meilleurs collèges sont récompensés. Le premier reçoit une prime plus importante que les autres, le deuxième et le troisième bénéficient également de récompenses, bien que dans une moindre mesure.

Des défis constants !

L’un des plus grands défis auxquels Stanislas fait face dans son rôle de gestionnaire scolaire est celui des frais de scolarité. Bien qu’il fasse preuve de compréhension et d’empathie pour les parents en difficulté, il lui arrive parfois de devoir exclure temporairement des enfants pour cause de non-paiement des contributions. Un moment difficile pour lui, car il se souvient que la scolarité est souvent un luxe pour certaines familles, mais il estime qu’il n’a pas d’autre choix, tant les charges fixes et incompressibles liées à la gestion de l’école (salaires, fonctionnement) sont élevées. « Je déteste devoir faire sortir un enfant. Mais parfois, il faut faire face à la réalité. Les écoles ont des charges, et si les parents ne payent pas, comment s’en sortir ? », explique-t-il. Cependant, il refuse de laisser les élèves se retrouver sans avenir. En pleine période d’évaluation, Stanislas fait l’effort de récupérer les enfants renvoyés temporairement, et leur permet de passer les examens. Pour lui, ce sont avant tout des clients, et dans le domaine éducatif, un client ne doit jamais être abandonné, surtout pas pendant des moments aussi cruciaux.

La réussite au-delà des diplômes

Une autre conviction de Joseph, profondément ancrée dans sa philosophie éducative, est que l’échec scolaire ne doit pas être perçu comme un échec de la vie. Il en est lui-même la preuve vivante : il n’a pas réussi à son bac du premier coup. Mais cet échec ne l’a pas empêché de bâtir un avenir prospère. Selon lui, la réussite ne dépend pas seulement des diplômes obtenus, mais de la capacité à mettre en œuvre son intelligence et son savoir-faire dans la vie réelle. Il raconte avec fierté des histoires de personnes qui, malgré l’échec scolaire, ont su s’en sortir et réussir à force de travail et d’intelligence pratique. « Il y a des gens qui ont eu le bac, même le doctorat, et qui n’ont pas réussi à s’imposer dans la vie. Mais moi, j’ai connu des personnes sans diplôme qui, grâce à leur intelligence et leur travail, ont créé leur propre succès », confie-t-il. Pour lui, l’intelligence pratique et la capacité à surmonter les obstacles sont des qualités plus importantes que les diplômes formels. Il invite les jeunes à développer leur esprit d’initiative et à ne pas se laisser décourager par un échec scolaire.

Un mentor pour les jeunes

Lorsque de jeunes aspirants à l’entrepreneuriat scolaire viennent le voir pour des conseils, Stanislas est toujours prêt à partager son expérience. Son message pour ceux qui souhaitent ouvrir une école est simple : la persévérance et le réalisme. Ne vous attendez pas à des résultats immédiats, prévient-il. Il faut être prêt à investir sur le long terme, à bien choisir l’emplacement et à réfléchir aux aspects pratiques comme l’espace. Les premiers résultats peuvent prendre des années à se concrétiser, mais avec un peu de patience et de détermination, le succès finit toujours par arriver. « Ne vous attendez pas à récolter tout de suite. Il faut trois, quatre ans avant que les fruits commencent à apparaître. Mais si vous tenez bon, vous verrez votre travail payer », dit-il. Stanislas Djossa n’est pas seulement un homme d’école, il est un véritable bâtisseur d’avenir, un visionnaire qui a su, par sa passion et son engagement, créer un modèle éducatif respectueux de l’enfant et de ses potentialités. Il incarne l’espoir que, même face aux défis, il est possible de réussir à bâtir une institution durable et bénéfique pour la société. L’école qu’il a fondée est un reflet de son propre parcours : un exemple de persévérance, d’amour du métier et de foi dans la capacité humaine à surmonter les obstacles. « D’abord, il faut être prêt à investir du temps, de l’énergie et des ressources. Il est essentiel d’avoir un bon emplacement. Vous ne pouvez pas construire une école sur une simple parcelle de terrain. Il faut au moins deux parcelles, voire plus, dans un endroit bien situé. Une fois cela fait,les jeunes doivent être ouverts et prêts à recevoir des conseils. Ils ne doivent pas hésiter à consulter ceux qui ont de l’expérience. La création d’une école ou d’une entreprise ne donne pas des fruits immédiats.Cela prend du temps. Il faut de la patience, avant de commencer à voir les résultats », conclut-il.

Estelle DOKPO (Coll)

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