Richard Boni Ouorou a malgré tout atteint un objectif. Celui d’être l’homme le plus médiatisé du moment, celui qui fait le buzz sur les réseaux sociaux. Il tient la vedette depuis quelques semaines. Avec clinquant et cliquetis. Malheureusement pas dans le sens qu’il aurait souhaité.
En débarquant dans l’arène politique nationale de façon tonitruante avec des valises pleines, le controversé richard en dollars canadiens, pensait connaître tous les défis qui l’attendaient. Ses déboires actuels, conséquences d’une prodigalité naïve et dérangeante, montrent à souhait qu’il n’était pas préparé à entrer dans la fosse aux lions.
Stratégies de captation
Richard Boni Ouorou n’a pas su faire une bonne lecture des expériences de ses aînés. Il a imaginé pouvoir acheter la popularité et toutes les consciences. Principalement celles des jeunes qui sont pour la plupart dans le besoin. Or, sans conviction, sans idéal, et sans boussole désormais, fatigués d’être tout le temps instrumentalisés, les jeunes ont fini par internaliser le fait que « les promesses politiques n’engagent que ceux qui y croient ». Ils ont donc développé des stratégies de leur cru pour capter toutes les opportunités qui se présentent, sans plus rien donner en retour. Et en l’occurrence, les opportunités du moment avaient un visage : la bouille souriante de Richard Boni Ouorou.
L’idole des jeunes
L’homme travaille à établir une proximité avec sa cible. Il prend du “akpan” sur la place publique, et s’exhibe avec son plat de voandzou enrichi d’oeufs dans un espace ouvert, accessible à tous. Comme les jeunes, il s’exprime dans le langage de la rue. On dit qu’il entreprend beaucoup. On dit qu’il aide énormément. On dit qu’il fait des dons et des libéralités à la ronde. Dans les médias, il pose un diagnostic séduisant. Il dénonce les contraintes liées à l’épanouissement des jeunes et les projette dans un avenir radieux. Il achète les manchettes des journaux et des espaces dans les médias audiovisuels. Il paraît riche et veut que tout le monde le croie. Il veut incarner ce qu’il appelle “la troisième voix”. En somme, tout roule bien pour lui. Trop bien selon certains faucons dont la vision perçante perçoit la main invisible du pouvoir derrière sa proactivité, là où tous les acteurs politiques sont attentistes. Et puis, patatras…
Désormais seul
Richard Boni Ouorou, narcissique comme pas deux, n’a pas su avoir le triomphe modeste. Sur la place publique, il se targuait d’avoir brillamment obtenu le certificat d’enregistrement de son parti, là où les plus coriaces ont échoué.“Le Libéral” est le dernier né certes, mais il est né avec des dents. C’était l’indice d’une célérité administrative suspecte et un peu surprenante, dans un contexte de réformes où tout est mis en œuvre pour décourager une nouvelle prolifération des partis politiques créés pour le seul besoin d’un marketing pro domo. Le Ministre de l’intérieur et à sa suite, le procureur de la CRIET, ont révélé la supercherie. Richard Boni Ouorou est accusé d’acte de corruption. Il est passé aux aveux. Ses complices aussi. Des aveux accablants qui doivent lui faire réaliser aujourd’hui, la valeur du soutien dont bénéficie un homme qui tombe dans l’arène politique. La même que celle de la corde qui soutient le pendu. Les molles et rares manifestations de sympathie exprimées en sa faveur sur les réseaux sociaux du bout des doigts, sont loin du compte. Personne ne prendra le moindre risque pour lui. Pas même les parasites qu’il alimentait encore la veille. Dans le Bénin politique, les victoires sont largement partagées, mais pas les échecs. Richard Boni Ouorou sait qu’il est désormais seul dans son rêve brisé, avec ses démons et ses regrets. Seul dans un cauchemar qui durera peut-être entre cinq et dix ans.