L’équilibre entre le coût des produits vivriers et le pouvoir d’achat des populations a connu de sérieuses perturbations ces derniers mois au Bénin. Cependant, peu de temps après l’interdiction de l’exportation des produits agricoles, le Gouvernement a décidé de la reprise des échanges commerciaux avec les pays étrangers dans ce secteur. Une situation qui relance le débat sur la contribution des produits agricoles dans l’économie nationale.

Michèl GUEDENON
C’est à travers son arrêté 651/mic/DC/SFM/dci/svcpel/ba du 23 juin 2025 que Kocou Zéphiryn Pognon, Secrétaire général adjoint du Ministère de l’industrie et du commerce (Mic), a annoncé la levée de la restriction empêchant les producteurs et commerçants d’exporter leurs produits vivriers, tels que le maïs, le riz, le mil, le sorgho, le niébé, les tubercules et leurs dérivés. « J’ai l’honneur de vous informer que le délai d’application des mesures d’interdiction d’exportation des produits vivriers contenues dans l’arrêté ci-dessus cité en référence est venu à expiration, conformément aux dispositions des articles premier et 4 dudit arrêté. En conséquence, les céréales ainsi que les tubercules et leurs dérivés, notamment les farines et le gari, peuvent être exportés conformément aux textes en vigueur », a-t-il informé. Cette nouvelle relance donc les échanges commerciaux entre les acteurs de la chaîne agricole béninoise et les acheteurs internationaux. En effet, la restriction est entrée en vigueur juin 2024, dans un contexte où les citoyens faisaient difficilement face à la cherté de la vie, due au coût élevé des denrées de première nécessité. L’accent avait été particulièrement mis sur le maïs dont le taux d’exportation vers les pays de l’hinterland (Burkina Faso, Niger, Mali, …) était en hausse. Ainsi, l’excédent souligné au terme de la saison agricole de cette période (2.050.000 de tonnes de maïs pour un besoin de 1.000.000 de tonnes) était redirigé vers l’extérieur. Ce qui a aussitôt agi sur les performances jusque-là enregistrées et sévi dans les ménages. Au regard des retombées sur les familles, des mesures radicales ont été prises pour éviter le pire et redresser la balance budgétaire nationale de l’agriculture. Malgré les dispositions prises, la police avait intercepté des chargements de produits vivriers en destination des pays voisins. C’est le cas, par exemple, de la saisie par la Police, mardi 07 mai 2024, des intrants agricoles dans la commune de Malanville prêts à être envoyés dans des pays frontaliers.

Conséquemment à ces dérèglements, le Gouvernement a donné un nouveau souffle au secteur à travers la campagne agricole 2025-2026. Comme solutions, des subventions aux intrants ont été prévues pour soutenir les producteurs. A ce titre, 26 milliards de francs CFA ont été accordés. L’introduction de variétés adaptées, le développement des chaînes de valeur, le suivi technique pour renforcer les capacités des acteurs et la gestion concertée des ressources naturelles figurent également parmi les autres mesures adaptées envisagées. L’impact de ces actions à mettre en œuvre, et en cours d’exécution, explique la levée de la restriction d’exportation des produits vivriers. Une décision qui soulage producteurs et commerçants.