Angelo DOSSOUMOU
Juillet 2023. Une éternité que les frontières entre le Bénin et le Niger sont fermées et, jusqu’ici, rien ne présage de ce que d’ici peu, le statu quo changera. Car, depuis le coup d’Etat qui a porté le Général Abdouramane Tiani au pouvoir, les relations cordiales entre les dirigeants des deux pays voisins n’ont quasi jamais existé. Par contre, entre les deux peuples, point d’animosité et mieux, la question de la réouverture des frontières est devenue un os dans la gorge des deux présidents puisque la situation de force imposée pénalise les activités commerciales et de coopération de toutes sortes entre les populations des deux côtés du fleuve Niger.
Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de normaliser la situation. D’ailleurs, de bonnes volontés se sont manifestées pour arranger une situation qui n’a fait que trop durer. Les plus remarquables sont les anciens Présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi qui ont fait le déplacement de Niamey où ils ont rencontré le Général Tiani. Rien n’y fit. Du moins, pour l’instant, les frontières sont toujours hermétiquement fermées. Cela suppose que la première visite des anciens présidents béninois à l’homme fort de Niamey ont été presque sans effet. Mais, pendant que le découragement est à son comble quant à une réouverture, dans les plus brefs délais, des frontières entre le Bénin et le Niger, il y a eu, ces dernières heures, une lueur d’espoir. Effectivement, les lignes pourraient bouger avec l’annonce par l’ancien président Nicéphore Soglo d’une invitation à se rendre à Niamey du président Tiani pour le duo Soglo-Yayi.
Quoiqu’on dise, le dialogue est la clé de la résolution de tout différend. Et, cette deuxième visite des anciens présidents Soglo et Yayi à Tiani peut davantage apporter le dégel dans cette crise diplomatique qui perdure entre Cotonou et Niamey et qui se traduit par des pertes économiques mais aussi par une fracture humaine que la politique peine à combler. Ce qui est certain, entre le déclenchement du désamour entre Tiani et Talon et la première visite des anciens présidents Soglo et Yayi, il y a de légères améliorations entre le Bénin et le Niger avec comme avancées, la signature de la lettre de créance de l’ambassadeur du Bénin près le Niger et l’exportation du pétrole brut nigérien au port de Sèmè. Cependant, l’objectif principal qui reste la réouverture des frontières n’est toujours pas atteint et les relations sont désormais en dents de scie. En clair, les signaux pour la levée du blocus entre Gaya et Malanville oscillent entre l’orange et le rouge. Pas de clignotant vert. Il n’empêche que de part et d’autre, les émissaires ont affiché une ouverture d’esprit. Alors que les observateurs, tout comme les populations des deux côtés de la frontière, retiennent leur souffle et espèrent au plus vite, un retour à la normale, c’est dans ce contexte que tombe la bonne nouvelle de Nicéphore Soglo.
Faire entendre raison à Tiani !
Cette fois-ci, après leur rencontre à Lomé au Togo à l’occasion de l’anniversaire du décès de Gnassingbé Eyadéma, le duo Soglo-Yayi pourra certainement compter sur l’ex-président Mahamadou Issifou pour leur permettre de mener à bien leur mission. A trois, et avec leur charisme, ils ont plus de chance de faire entendre raison à Tiani surtout que du côté de Cotonou, c’est du pain béni que de voir la frontière de Gaya se rouvrir. S’il est de l’intérêt des populations des deux côtés de la frontière, il va de soi que les trois anciens présidents qui incarnent la sagesse africaine, puissent amener les présidents Tiani et Talon à se mettre au-dessus des querelles politiques.
En définitive, cette mission humanitaire qui facilitera les retrouvailles familiales entre Malanville et Gaya sans oublier les échanges commerciaux est un défi pour les anciens présidents Soglo, Yayi et Issifou. Et pour qu’il en soit ainsi, les populations du Bénin et du Niger exigent d’eux, un engagement indéfectible à la cause des relations inter-Etats pacifiées pour le bien de tous. Alors dans ces conditions, si Soglo-Yayi et Issifou parviennent à convaincre Tiani de réouvrir la frontière, ils enverraient un message fort : même hors du pouvoir, les anciens dirigeants peuvent encore influer sur le cours des événements. Ce serait pour eux, non seulement une victoire diplomatique mais aussi le signe que la politique, même après la retraite, peut rester et demeurer un sacrifice au service du peuple. En un mot, la prouesse de faire rouvrir les frontières Bénin-Niger, c’est tout le mal que les peuples des deux côtés du fleuve Niger souhaitent à leurs anciens présidents et pourvu qu’au plus tôt, ils relèvent ce pari.
