0 CFA

Votre panier est vide.

Réchauffement climatique : les décisions issues des COPs à l’épreuve de la mise en œuvre

Date :

Depuis près de trois décennies, les Conférences des Parties (COP) rassemblent les dirigeants du monde pour établir des engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Pourtant, entre les déclarations ambitieuses et leur traduction concrète sur le terrain, un fossé subsiste. En Europe, aux États-Unis et en Afrique, les politiques climatiques peinent parfois à suivre les objectifs fixés. Dans cet article, votre rédaction analyse pour vous la mise en œuvre des décisions prises lors des trois dernières COP, leurs impacts visibles et les défis qui persistent

Emmanuel Dulac Houssou (Coll)

Depuis l’Accord de Paris en 2015 (COP21), chaque sommet international sur le climat se veut un tournant décisif. La COP27 à Charm el-Cheikh en Égypte, en novembre 2022, a marqué une avancée historique, du moins théorique, avec la création d’un fonds pour les pertes et dommages en faveur des pays les plus vulnérables. La COP28 à Dubaï, aux Émirats arabes unis, en décembre 2023 a mis l’accent sur la réduction des énergies fossiles et la montée en puissance des énergies renouvelables. La COP29 à Bakou en Azerbaïdjan, en novembre 2024, a quant à elle confirmé des engagements financiers, bien que jugés insuffisants, pour soutenir l’adaptation et l’atténuation du changement climatique. Mais ces décisions ont-elles été suivies d’effets concrets ? Par quelles actions se matérialisent-elles ? 

L’Europe : entre ambitions écologiques et pressions économiques

L’Union européenne se positionne comme un leader climatique avec le Pacte vert européen, qui vise la neutralité carbone d’ici 2050. Des politiques comme le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) pénalisent les importations à forte empreinte carbone, obligeant les industries à réduire leurs émissions. Cependant, certains États membres freinent la transition, notamment face à la crise énergétique post-Ukraine, qui a poussé plusieurs pays à prolonger l’exploitation du charbon. La transition énergétique avance, mais elle est freinée par les tensions économiques et politiques dont récemment l’arrivée au pouvoir de Donal Trump qualifié par certains médias européens pro-écolo de « Climato-septique ». 

Exemple concret d’application des décisions de la COP, l’arrêt du nucléaire en Allemagne. Au tournant de la COP28, l’Allemagne a fermé ses dernières centrales nucléaires en 2023, misant sur les énergies renouvelables. Pourtant, cette transition a entraîné un recours temporaire au charbon, contredisant les objectifs climatiques du pays. Ce paradoxe illustre la difficulté de concilier ambitions climatiques issues des COPs et les réalités énergétiques dans les pays qui y prennent part, notamment les grandes puissances.

Aux États-Unis, de grands engagements pour le climat freinés par l’arrivée de Trump

Sous l’administration Biden, les États-Unis ont réaffirmé leur engagement climatique avec l’Inflation Reduction Act (IRA), un plan massif de 370 milliards de dollars pour la transition énergétique. Des avancées notables ont été enregistrées dans le développement des énergies propres, notamment l’éolien offshore et la production de batteries. Cependant, la polarisation politique rend les mesures vulnérables. La nouvelle administration républicaine est revenue sur ces engagements. Donald Trump l’a fait dès son investiture le 20 janvier 2025. Lors de son premier mandat, il avait déjà retiré les États-Unis de l’Accord de Paris en 2017. 

La Californie a adopté une loi interdisant la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035. Cette mesure influence d’autres États et pousse l’industrie automobile à accélérer sa transition vers l’électrique. Mais des défis subsistent, notamment l’accès aux métaux rares pour les batteries. 

En Afrique, des décisions sur le climat face à des réalités locales complexes

Selon la Banque mondiale, l’Afrique est la région la moins responsable du changement climatique mais aussi la plus vulnérable à ses effets. Les financements promis lors des COPs, notamment pour l’adaptation, restent largement insuffisants et parfois inexistants. Plusieurs pays développent néanmoins des politiques climatiques adaptées à leurs contextes, bien que les résultats varient selon les moyens disponibles. 

En Afrique du Nord, le Maroc a mis en place un plan ambitieux avec la centrale solaire Noor à Ouarzazate, l’une des plus grandes au monde. Ce projet, qui découle d’engagements pris lors des COPs, illustre une volonté de transition vers les énergies renouvelables. Cependant, la dépendance aux financements étrangers demeure un frein. 

Le Sénégal a lancé en 2023 le projet Taïba Ndiaye, un parc éolien qui fournit 15 % de l’électricité nationale. Cette initiative, soutenue par les engagements internationaux, montre que des actions concrètes sont possibles, même si elles restent insuffisantes pour répondre aux besoins croissants du pays. 

Après la COP 27, le Gouvernement du Bénin a signé une déclaration des enfants pour l’action climatique. L’objectif est de faciliter la participation et l’implication des enfants et des jeunes dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques et programmes en lien avec la lutte contre les changements climatiques.

L’Afrique du Sud, principal émetteur de CO₂ du continent, a obtenu un financement international de 8,5 milliards de dollars pour sortir du charbon. Mais la transition est lente : Eskom, l’entreprise nationale d’électricité, peine à garantir un réseau stable, rendant le passage aux énergies propres incertain. 

Face à ces beaux engagements qui peinent à décoller, quelles recommandations ?

Pour que la lutte contre le changement climatique soit réellement efficace, il est impératif d’accélérer le financement climatique. Les pays développés doivent tenir leurs engagements en mobilisant les 100 milliards de dollars annuels promis aux nations en développement, afin de leur permettre de s’adapter aux effets du réchauffement et de financer leur transition énergétique. Toutefois, ces efforts financiers ne suffiront que s’ils s’inscrivent dans une continuité politique. En Europe et aux États-Unis, les politiques climatiques doivent être protégées des alternances gouvernementales qui, trop souvent, remettent en question les avancées réalisées.

Par ailleurs, l’Afrique ne peut pas se contenter d’attendre des financements extérieurs ; elle doit développer des stratégies adaptées à ses réalités locales. L’essor de l’agriculture résiliente, la promotion des énergies décentralisées et le renforcement des capacités locales sont autant de solutions qui permettraient au continent d’avancer de manière autonome. Enfin, la mise en place de mécanismes de suivi rigoureux est essentielle pour garantir que les engagements pris lors des COP ne restent pas de simples déclarations d’intention. Un cadre mondial plus contraignant et transparent est nécessaire pour assurer le respect des engagements et mesurer leur impact réel.

La réussite de la lutte contre le réchauffement climatique repose sur une combinaison de financements suffisants, de politiques stables, d’initiatives adaptées aux contextes locaux et d’un suivi rigoureux des actions engagées font partie des recettes dont l’efficacité est avérée. C’est à ce prix que les engagements des COP pourront véritablement se traduire en résultats concrets et durables.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager

spot_img

Populaires

dans la même catégorie
Articles