Anselme SAVI, Gérant de bar
‘‘Je tiens ce bar depuis 2016. Travailler la nuit, c’était une évidence pour moi : l’ambiance, l’énergie, les rencontres… c’est unique. La nuit, les gens se lâchent, et ça crée une atmosphère très particulière. Mais c’est aussi très exigeant. Le stress est constant : gérer l’équipe, les stocks, les clients parfois en état d’ébriété. Il faut être réactif, diplomate, mais aussi ferme. Et il y a la fatigue… je rentre souvent au lever du jour. Ça impacte la vie de famille, les relations sociales. Ce métier est parfois mal perçu, comme si on ne faisait “que vendre de l’alcool”. Mais on crée aussi du lien social, on emploie du monde, on dynamise la ville la nuit’’.
Guy Gandonou, Gérant de bar
‘‘J’ai commencé comme serveur, puis je suis devenu gérant. La nuit, c’est un autre monde. Il faut être solide, mentalement et physiquement. On gère des situations imprévisibles : bagarres, malaises, contrôles surprises. J’ai déjà appelé les secours plusieurs fois. C’est un travail de responsabilité. Ce que j’aime, c’est voir les gens s’amuser, passer un bon moment grâce à ce qu’on propose. Mais je regrette qu’on soit souvent pointés du doigt pour les nuisances, alors qu’on fait de gros efforts pour sécuriser, réguler et respecter les voisins. Ce serait bien que les autorités reconnaissent notre rôle dans l’animation nocturne’’.
Guenolé ASSANVI, Restaurateur nocturne
‘‘Je vends des sandwichs et des brochettes à la sortie des bars depuis trois ans. Je me suis lancé après avoir perdu mon emploi. La nuit, il y a une vraie demande. Les gens cherchent à manger vite, chaud, pas trop cher. C’est dur physiquement : rester debout toute la nuit, respirer les fumées du grill, supporter le froid. Mais je m’accroche parce que j’ai besoin de travailler. Ce qui me fait plaisir, c’est quand des clients reviennent exprès pour moi. Ils disent que c’est “le meilleur sandwich de la nuit”. Ça, ça me motive’’.
Marcelline AGONDJA, Restauratrice
‘‘J’ai toujours été attirée par la cuisine, mais je ne pouvais pas ouvrir un restaurant en journée. Trop cher. La nuit, avec un petit stand mobile, c’est plus simple. J’installe vers 22h, je finis vers 4h. Les bons soirs, je gagne bien ma vie. Mais c’est irrégulier. Et surtout, il y a peu de soutien. Parfois la police vient et demande qu’on dégage sans ménagement, même si j’ai mes papiers. Je voudrais juste qu’on nous respecte un peu plus, qu’on comprenne qu’on ne gêne pas, on nourrit’’.
Hilaire KOUDJO, Conducteur de taxi-moto
‘‘J’ai choisi de conduire la nuit pour éviter les embouteillages, et aussi parce que les courses sont mieux payées. Mais c’est aussi plus risqué. Une fois, un client ivre m’a menacé avec une bouteille cassée. On est seuls, enfermés avec des inconnus. Il faut rester calme, savoir désamorcer. Ce que j’aime malgré tout, ce sont les histoires. Certains clients se confient, d’autres dorment direct. C’est une forme d’intimité éphémère, assez étrange. On est des témoins anonymes de la nuit’’.
Didier DJOSSA, Conducteur de taxi-moto
‘‘Je fais le Zém depuis quatre ans. Je travaille la nuit car c’est plus rentable, surtout le week-end. Mais c’est épuisant. Mon rythme de sommeil est complètement déréglé. Je mange mal, je vois peu mes enfants. Et les gens oublient qu’on a aussi une vie. Certains clients montent sans dire bonjour, parlent mal, ou refusent de payer. D’autres, au contraire, sont super gentils. Ils te remercient, te racontent leur soirée. Ce métier, c’est un mélange de solitude et de contact humain permanent. C’est étrange, mais j’y ai trouvé un équilibre’’.
Valobra, Agent de sécurité
‘‘Travailler la nuit comme agent de sécurité, c’est accepter d’être en vigilance permanente. On doit tout anticiper : un client agressif, une bagarre, un malaise. J’ai vu des situations dangereuses, et parfois on est seuls à gérer. Ce qui m’aide, c’est l’esprit d’équipe. On se soutient entre collègues. Le plus difficile, c’est que les gens nous prennent pour des murs. Ils oublient qu’on est là pour leur sécurité, pas pour les embêter. Une forme de respect manque souvent’’.
François Xavier, Agent de sécurité
‘‘Je travaille dans des entrepôts la nuit. C’est moins exposé que les clubs, mais la solitude est pesante. Il faut aimer le silence, le calme, mais aussi être prêt à agir en cas d’incident. Ce que j’apprécie, c’est le côté structuré : rondes, horaires précis, moins de contact avec le public. Mais niveau reconnaissance, c’est zéro. On est essentiels, mais invisibles. Même notre famille ne comprend pas toujours notre métier. Et c’est dur de garder une vie sociale quand on vit à l’envers du monde’’.
Honoré, Agent SDGS
‘‘Je nettoie les rues du centre-ville chaque nuit. On commence à 23h et on finit à 6h. La ville est complètement différente la nuit, presque fantomatique. On croise peu de monde, sauf quelques fêtards ou sans-abri. C’est un travail physique : il faut pousser, frotter, marcher pendant des heures. Et personne ne nous voit. C’est frustrant, car le lendemain, tout le monde profite d’une ville propre sans penser à qui l’a rendue ainsi. Mais moi, je sais que j’ai fait ma part’’.
Jean-Eude, livreur de nuit.
‘‘Je suis livreur de nuit pour une entreprise de restauration rapide. Les commandes affluent entre 21h et 2h du matin. Je suis à scooter, et parfois c’est dangereux : routes mal éclairées, clients pressés, circulation imprévisible. La nuit, on est souvent seuls face aux galères : panne, pluie, adresse introuvable. Ce que j’aime, c’est la liberté. Pas de patron sur le dos, je gère mon temps. Mais j’aimerais avoir plus de droits. On bosse dur, et souvent on n’a même pas d’assurance correcte. On est là quand tout le monde dort, et pourtant, on nous oublie’’.