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Projet Nouvelle gare routière à Houéyiho 1 : vie quotidienne dans un milieu désormais menacé

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Plus de cinq mois après la sortie de l’arrêté de la mairie de Cotonou sur la démolition prévue sur un espace de 15 hectares à Houéyiho 1, les habitants concernés ont réalisé l’effectivité des rumeurs par voies officielles, grâce à l’huissier et aux autorités municipales. En attendant d’avoir plus d’informations sur les implications d’une telle décision, ces derniers ont continué leur train-train. Une immersion dans ce milieu nous a permis de découvrir le

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Michèl GUEDENON

Il est 06h34 ce mercredi 07 mai 2025. Dans le firmament, le soleil s’apprête à projeter ses éclats sur la terre. Comme tout autre quartier de Cotonou, Houéyiho 1 est toujours là, aussi habité et animé. Mais plus pour longtemps. Ce n’est qu’une question de temps désormais. Un arrêté municipal datant de septembre 2024 a déclaré d’utilité publique un espace de quinze hectares dans le 11è arrondissement de Cotonou, à Houéyiho 1. Ceci, en vue de la construction d’une nouvelle gare routière susceptible de fluidifier le trafic dans ce secteur d’activité. Toutefois, malgré l’inquiétude et la panique que suscite cette situation, les habitants ont préféré s’occuper de leurs affaires quotidiennes avec la même énergie. Tôt ce matin, les agents de la station sise à quelques encablures de l’échangeur Houéyiho ont repris service. L’un d’eux, se tenant devant un motocycliste, est en de charger le réservoir de ce dernier. Dans la von qui fait face à ladite station, là même d’où la démolition sera faite, plusieurs activités sont menées par les populations. L’on y voit des étaux disposés pour la vente de divers produits, fruits et la nourriture notamment.

Là, se trouve Antoine T., commerçant d’essence et propriétaire d’une maison de l’espace déclaré d’utilité publique. Il s’est rendu à son lieu de vente d’essence situé dans ce quartier, non loin de sa maison. Mince, bien élancé, et vêtu d’un complet Boomba vert, il n’a pas l’air de s’inquiéter. Assis sur un banc, le sexagénaire sympathise avec ses deux petits-fils assis devant lui. « C’est le gouvernement qui a parlé. Que pouvons-nous, nous autres, si ce n’est attendre et confier nos sorts au destin ? », interroge le vieil homme. A gauche, à quelques mètres du vieillard, une bonne dame s’occupe de ses repas, sous une paillote. De temps à autre, une brise l’aide à répandre l’odeur de la cuisson dans les parages. A droite, à l’entrée de la première von après la pharmacie, trois hommes, tous adultes, discutent justement de l’affaire de démolition pour la construction d’une nouvelle gare routière. Parmi eux, deux sont affectés par cette décision, leur maison étant sur l’espace concerné. « Aujourd’hui maintenant on ne se permet plus de donner son avis sur un sujet, surtout quand c’est à publier par la presse. C’est vrai que nous sommes touchés mais des démarches sont en cours auprès des autorités », fait savoir l’un des deux victimes prétendus. Non loin d’eux, des apprenties couturières n’ont d’yeux que pour leurs occupations. Leur patronne, une dame de teint noir, un peu grosse et visiblement sympa, est imperturbable sur sa machine à coudre.

10h21. Les bruits de la circulation n’ont aucun mal à s’imposer sur les autres sons. Des vendeuses et quelques commerçants étrangers, communément appelés Babas, parcourent les entrées et sorties pour repérer des clients. Contrairement à eux, d’autres ont leur point de vente devant leur maison. Ainsi, plusieurs produits y sont commercialisés : pâte, riz, haricot, atiéké, pain et accompagnements, ablo, biscuits, pure water, akpan, … Au fond de la deuxième von à droite après la station, quelques jeunes mécaniciens garagistes dont les vêtements portent les preuves de leur métier sont assis auprès d’un marchand de Lipton, cigarettes aux coins des lèvres. Quelques-uns de leurs collègues, à en juger leurs postures, réparent un camion garé là. Tout autour, un grand espace est occupé par des garagistes. De nombreuses voitures y sont gardées pour leur réparation. Comme ses homologues, Stanislas B., mécanicien, estime que seul Dieu a le dernier mot dans cette situation qui, précise-t-il, menace sa survie et celle de sa famille. Il se justifie par le fait qu’il va devoir se chercher de nouveaux clients, tout reprendre à zéro. 14h21. Le soleil déverse déjà ses éclats partout.

Parallèlement à la diversité des activités économiques pratiquées, l’insalubrité est une autre caractéristique de cette zone. En dehors des ordures renversées ci et là, même à la surface des zones de rétention d’eaux, une forte odeur de matières fécales se dégage et asperge tout passant, aussi parfumé fût-il avant sa traversée, le long de la clôture d’une longue construction. Aussi, un vaste terrain situé à côté du réseau des garagistes et quelques autres endroits servent à la fois de toilettes et de poubelles pour certains habitants.

Malgré ses besoins en hygiène, en sécurité dans quelques endroits et en infrastructures, Houéyiho 1 est avant tout un repère d’activités économiques qui nourrissent de nombreuses familles. Pour d’autres habitants nés dans ce quartier de Cotonou, cette démolition annoncée ne fera pas partir que des Hommes, mais aussi et surtout des souvenirs qui boostent le moral à certains moments de la vie.

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