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Projet nouvelle gare routière à Houéyiho 1 : le plaidoyer des habitants affectés

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La décision de construire une nouvelle gare routière à Houéyiho 1, dans le 11è arrondissement de Cotonou, suscite de vives réactions dans le rang des personnes concernées. Bien qu’elles admettent les avantages d’une telle réalisation, ces dernières ne cessent de s’interroger sur leur sort et celui des enfants. A cet effet, les populations ont réfléchi à des perspectives pour la mise à disposition d’une gare routière dans ledit arrondissement sans faire assez de victimes.

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Michèl GUEDENON

Déclaré d’utilité publique à travers un arrêté municipal datant de septembre 2024, un espace de quinze hectares va servir à la construction d’une nouvelle gare routière à Houéyiho 1, dans le 11è arrondissement de Cotonou. Conséquemment, les habitants dont les maisons, établissements, structures ou boutiques se trouvent dans cette zone vont vider les lieux. Les personnes affectées ont donc été informées de la décision par voies officielles, par un huissier et par les autorités municipales. Mais pour l’heure, aucun d’entre eux, à la date du mercredi 07 mai 2025, soit plus de cinq mois après l’arrêté de la mairie, n’a idée des implications d’une telle opération. Ils savent qu’ils seront « expulsés » mais ne connaissent pas leur nouvelle destination et ce que prévoient les autorités. Autrement, ces derniers ignorent s’il s’agit d’un déguerpissement ou d’une délocalisation avec les formalités nécessaires.

Quant à la délimitation de l’espace déclaré d’utilité publique, M. Soton, conseiller et chef sécurité dudit quartier, renseigne que bien que rien ne soit encore formel, la démolition prendra effet de la première von après la station sise au bord de la voie bitumée jusqu’au niveau des caniveaux du quartier Manfongou en passant un peu dans Houéyiho 2.   

Pourquoi une gare routière à Houéyiho 1 ?

S’il y a bien une chose sur laquelle les avis semblent se converger, c’est que la disponibilité d’une gare routière sera un facteur pesant dans la vie économique des populations, affectées ou non. Cela permettra de désengorger la ville, rendre plus fluide le trafic routier, de faciliter le transport pour les populations, et d’accroître surtout les revenus des conducteurs. Sur le plan de l’hygiène, cela va permettre d’offrir une meilleure condition à tous les usagers en vidant la zone de ses saletés et de quelques odeurs. Plusieurs endroits sont remplis de sachets, et d’eaux de ruissellement. Il n’est pas rare d’inspirer des odeurs fortes et désagréables, surtout provenant des matières fécales déposées ou jetées à la qui-va-bien. Dans cette atmosphère, les moustiques et les moucherons s’installent aisément et font des victimes. A cela s’ajoutent les risques pour les populations de cohabiter avec les reptiles et les dangers y afférant, la présence des broussailles étant une autre réalité. D’un autre côté, les plus avisés semblent se réjouir de la nouvelle. Pour eux, une démolition de la zone ne fera que mettre en confiance les usagers. C’est le cas d’un agent de la Police républicaine chargé des patrouilles dans le quartier. Pour lui, c’est un mal nécessaire car les populations gagneront en sécurité. A ses dires, le milieu est rempli de gens de toutes sortes qui constituent une menace pour plusieurs habitants. L’agent estime que cela réduira la consommation de certains produits psychotropes et fera disparaître certains vices.

Cependant, les habitants pensent qu’une construction de gare routière pourrait bien avoir lieu sans pour autant laisser assez de séquelles émotionnelles et matérielles.

Ce que demandent les habitants impactés

Quoiqu’ils se gardent de s’opposer à la décision des autorités, les habitants affectés par la démolition annoncée à Houéyiho 1 mènent des démarches pour faire parvenir des suggestions au chef de l’État. Dans un premier temps, ceux-ci pensent que leurs voix ne seront certainement pas prises en compte dans cette situation. Pour eux, le Gouvernement ira au bout de ses idées comme dans les cas précédents de déguerpissement, peu importe le contenu de leurs plaidoyers. Toutefois, ils ne perdent rien à essayer, estiment-ils. Ainsi, ces derniers, ayant formé une association des acquéreurs, suggèrent que l’État prenne plutôt les zones non encore habitées par la masse. Ils indexent précisément les bas-fonds de Sica-Toyota et de Akogbato.  Mieux, ils souhaitent que l’État se contente de certains espaces vides de Houéyiho 1 sans expulser de force les populations de leurs maisons. Certains parmi eux, âgés et installés dans le milieu depuis plus de 30 ans, racontent que Houéyiho 1 n’est plus vraiment un bas-fond grâce à des sacrifices et des dépenses de plusieurs propriétaires terriens qui ont dû faire le nécessaire pour la rendre accessible. Ils développent plus en précisant que l’État aussi n’a pas eu du mal à faire disparaitre les bas-fonds pour créer la Cité Houéyiho, en faisant venir des entreprises hollandaises à l’époque pour le remblayage. C’est pour eux la preuve que le Gouvernement ne saurait manquer de moyens pour se servir des bas-fonds disponibles dans les environs pour son projet de construction. « C’est ce que nous demandons humblement à notre cher Président et aux autorités compétentes. La délocalisation et les dédommagements ne sauraient être à la hauteur de plus de 35 années de sacrifice », pense l’un des acquéreurs dont l’étage occupé par sa famille et lui ne sera plus qu’un souvenir après la démolition.

Veuve et mère de quatre enfants, tous déjà majeurs, Dame Brigitte n’a pas pu éviter de couler des larmes. A ses dires, c’est le manque de moyens qui l’a obligée à s’installer dans la maison paternelle de son mari pour y vivre avec les enfants. Elle s’étonne de cette décision malgré la disponibilité des papiers de l’achat du terrain et du lotissement effectué. La veuve n’a pas l’air de demander de l’or en dédommagement. Elle souhaite être relogée dans une maison avec ses enfants dans un endroit où son commerce continuera à nourrir la famille. « Pas un terrain vide sur lequel je devrai me débrouiller pour construire un habitat pour mes enfants et moi. Que le Président ait pitié de nous et fasse parler son cœur », prie-t-elle. Comme elles, d’autres personnes, propriétaires d’espaces payés et lotis ainsi que des habitants adultes nés dans le quartier, ont émis ce souhait d’être relogées sans être laissés à leur propre compte avec un terrain à reconstruire. Pour eux, à défaut d’être laissés à leur place, il faut que le Gouvernement fasse le minimum pour les aider à se reconstruire.

D’après les informations recueillies auprès des membres du forums des acquéreurs de la zone, des démarches sont en cours auprès des autorités municipales.

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