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Prof. Kuassi Marcellin Amoussou-Guenou : scientifique, au cœur de la matière

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Ces dernières années, le Bénin a fait des progrès dans la mise en place des outils devant favoriser l’utilisation pacifique de l’atome et la réglementation des usages des rayonnements ionisants. C’est à cette cause qu’a consacré toute sa carrière le Professeur Kuassi Marcellin Amoussou-Guenou, premier enseignant de biophysique et médecine nucléaire à la Faculté des Sciences de la Santé de Cotonou, admis à faire valoir ses droits à la retraite depuis le 1er octobre 2024. Portrait d’un scientifique ami de l’atome.

Fulbert ADJIMEHOSSOU (Coll)

Derrière les clichés de peur et de rivalités dont l’atome a souvent été l’objet, résistent les multiples fonctions qu’il est susceptible de remplir à des fins de développement. Très tôt, Kuassi Marcellin Amoussou-Guenou, formé à Montpellier, Saint-Etienne et à Paris-Saclay en France, s’est lié d’amitié avec l’atome, avec la vision d’en faire un outil puissant au service de l’humanité.

« Je suis passionné par l’atome. J’ai remarqué que ce n’était pas compliqué, c’était facile à comprendre. Mais la biophysique, ce n’est pas que l’atome. C’est aussi tout ce qui concerne le milieu intérieur de l’organisme. C’est pouvoir appliquer les lois physiques pour comprendre comment fonctionne l’organisme », confie-t-il.

Après son doctorat en médecine en 1990, le Dr Kuassi Marcellin Amoussou-Guenou a décidé de se spécialiser en médecine nucléaire, obtenant un diplôme interuniversitaire de spécialisation en médecine nucléaire à Montpellier et à Paris-Saclay. De 1992 à 1996, il enseigne en tant que Maître de conférences invité à Saint-Etienne en France. Le Professeur Dissou Affolabi faisait partie de ses premiers étudiants à son retour de France.

« C’est quelqu’un à  qui tient à cœur le développement des compétences locales en sciences fondamentales. Il a tout mis à disposition : son temps, ses compétences, mais également le matériel dont nous avions besoin pour nos travaux de recherche, notamment son ordinateur. Nous faisions partie des premiers étudiants à saisir directement leur thèse», témoigne-t-il.

Pionnier de la biophysique

En 1997, Kuassi Marcellin Amoussou-Guenou a effectué un postdoctorat en Norvège, avant de revenir au Bénin en 1998. Il fut recruté à la Faculté des Sciences de la Santé de Cotonou en 1999, devenant le premier enseignant de biophysique et de médecine nucléaire que l’Université Nationale du Bénin ait connu, après son maître Jacques LLORY de nationalité française. Il s’est efforcé de former des compétences locales à qui il a transmis sa passion pour la biophysique.

Chacun de ses anciens étudiants rencontré raconte une histoire particulière qui se termine souvent par des gratitudes infinies. Professeur Bertin Gbaguidi, par exemple, l’a connu après avoir obtenu son diplôme d’études approfondies en rayonnements et imagerie médicale à Toulouse en 2004. « Il fallait continuer avec une thèse. J’étais revenu au Bénin et ce n’était pas facile. J’ai rencontré un certain nombre de professeurs à l’époque. Mais je me suis rappelé qu’il avait fait la biophysique. Il m’a tout de suite accepté et m’a laissé une note pour le Professeur Karim Dramane », raconte-t-il.

Bertin Gbaguidi a finalement réalisé sa thèse en cotutelle à l’Université Paris 7, dans le laboratoire de médecine nucléaire de l’hôpital Saint-Louis de Paris. À son retour à Cotonou, Prof. Amoussou-Guenou était encore là pour le soutenir. Il fut le premier à soutenir sa thèse avec lui. « À un moment donné, j’avais envisagé d’abandonner, mais c’est lui qui m’a galvanisé et m’a remis sur orbite. Il m’a dit : « Bertin, si tu abandonnes, ce sera trop tard. »

Bienveillant mais rigoureux

Alors, Kuassi Marcellin encourage les plus jeunes à se spécialiser en biophysique et en médecine nucléaire. « Dès la première année de médecine, il était l’un des enseignants les plus ouverts, qui nous tendait la main. Il a suscité en nous la passion pour la biophysique et la médecine nucléaire. Bien que nous étions très jeunes et sans assurance, il a vu en nous des potentialités », confie Dr Gilles David Houndetoungan, biophysicien formé au Bénin et médecin nucléaire formé en Algérie.

Parmi ceux appelés à prendre la relève, il n’y a pas que des médecins. Dr Francis Hounsou, enseignant à l’Université de Parakou, raconte comment il a pu réaliser une thèse en radiobiologie et radioprotection malgré des défis de cotutelle entre l’Université d’Abomey-Calavi et l’Université Catholique de Lille en France. « Il avait une dextérité et une ténacité hors pair. »

Reconnu pour sa rigueur, Professeur Amoussou-Guenou n’acceptait pas de compromis sur la qualité. « Dans le domaine de la sélection des compétences, il ne fait pas de l’à-peu-près. Si tu ne mérites pas, il ne t’accepte pas », précise Francis. « Quand tu espères obtenir des faveurs ou des privilèges du professeur, ce qu’il ne peut pas accorder à X, il ne l’accordera pas à Y, même si tu es très proche de lui », ajoute Gilles David.

Engagé pour des causes communes

L’engagement de Kuassi Marcellin Amoussou-Guenou ne s’est pas limité aux amphithéâtres. Il s’est également impliqué dans des causes collectives. Ancien Secrétaire général adjoint du Syndicat national des hospitalo-universitaires du Bénin (Synhub) et Secrétaire de l’Intersyndicale des enseignants du supérieur constitué du Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snes), du Syndicat autonome de la recherche et de l’enseignement supérieur (Synares) et du Synhub, il a participé aux luttes ayant abouti au décret N° 2010-024 du 15 février 2010 portant statuts particuliers des personnels enseignants des universités nationales du Bénin. 

« Nous produisions un journal régulier pour faire le point des revendications, le point des discussions avec le gouvernement. C’était plus facile d’aller distribuer ces papiers dans le milieu universitaire, y compris aux mandarins qui les lisaient. C’est ainsi qu’eux aussi ont adhéré aux mouvements. Nous avons fait une Assemblée générale à la Faculté des sciences de la Santé en 2008-2009. On y a réuni près de 500 personnes », s’en souvient Prof. Fulgence Afouda, ancien Secrétaire général du Syndicat autonome de la recherche et de l’enseignement supérieur (Synares).

Avec le même dévouement, l’ancien attaché national de liaison du Bénin avec l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) a œuvré avec d’autres acteurs pour dynamiser la coopération internationale, favorisant l’utilisation pacifique des outils nucléaires à des fins de développement. « En 2010, lors de l’élaboration du premier programme-cadre national de coopération du Bénin avec l’AIEA, nous avions travaillé ensemble pour faire évoluer les choses. Nous avons démontré aux politiques que le nucléaire pouvait être utilisé à des fins pacifiques et non belliqueuses », témoigne le Professeur Pascal Houngnandan, Coordonnateur national de l’Accord régional de coopération pour l’Afrique sur la recherche, le développement et la formation dans le domaine de la science et de la technologie nucléaires (AFRA).

Par la foi…

Bienveillance, rigueur et foi, c’est ce qui caractérise le mieux Kuassi Marcellin Amoussou-Guenou, selon ses proches. « Il a tenu malgré les difficultés, et il en a rencontré dans ce domaine », affirme le Professeur Dissou Affolabi. Quant à Marcellin, il voit la vie autrement. « Vous ne pouvez pas vivre seul. Vous êtes obligé de collaborer avec les autres en restant rigoureux envers vous-même et envers eux. Je tends la main autant que possible, avec plaisir et bonheur. »

Admis à la retraite, celui qui aura été Directeur National des Hôpitaux de 2011 à 2019, reste au service de la République pour accompagner les réformes en cours sur la radioprotection, la sûreté radiologique et la sécurité nucléaire. Le Professeur Amoussou-Guenou peut être fier d’avoir contribué à positionner l’atome au service du développement humain au Bénin, par la recherche et la formation de compétences.

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