0 CFA

Votre panier est vide.

Présidentielle 2026 : Silence troublant des chapelles politiques

Date :

Moïse DOSSOUMOU

Plus que quinze mois et les Béninois seront appelés à désigner dans les urnes le successeur de Patrice Talon. Paradoxalement, c’est le calme plat au niveau des chapelles politiques. Il est révolu le temps où l’effervescence s’emparait du personnel politique. En temps normal, plus l’échéance approche, plus la ferveur monte. Aujourd’hui, c’est tout le contraire. Il faut croire que la réforme du système partisan manifestée par la Charte des partis politiques et le code électoral ont annihilé toute velléité de parole, d’action et de manifestation des animateurs de la vie politique. Le paradoxe est encore plus troublant que la réforme du système partisan donne le pouvoir exclusif aux partis politiques de désigner les candidats à la présidentielle. C’est dire que les candidats indépendants qui ont toujours damé le pion à leurs pairs issus des formations politique,  n’ont aucune chance de rééditer l’exploit en 2026.

Les partis, encore qu’il n’en existe que trois à l’heure actuelle, compte tenu de l’exigence d’un minimum de parrainages pour présenter des candidats à la présidentielle, sont amorphes, pis tétanisés. Le seul dans le lot qui semble sortir ses griffes, c’est le parti d’opposition, Les Démocrates. Là encore, ils sont loin du compte. Echaudés par les réformes politiques, les ténors de cette formation politique se sont donné un mot d’ordre : l’audit du fichier électoral et l’allègement des conditions de candidature par la révision du code électoral. Pour donner une certaine légitimité à ses actions, ce parti a contribué à la mise en place du Cadre de concertation de l’opposition dont il a pris les rênes. Sitôt créé, ce regroupement fait déjà parler de lui à travers les échanges intervenus ces derniers jours avec certaines formations politiques et les organisations de la société civile. Mais ce plaidoyer a été rejeté par les deux mastodontes de la mouvance présidentielle à savoir l’Union progressiste le Renouveau et le Bloc républicain. Autant dire que si cette posture commune à ces deux partis ne change pas, ce projet est d’ores et déjà voué à l’échec. Si le parti Les Démocrates est actif sur le plan des revendications politiques, il devient timoré et taiseux comme les autres quand il s’agit de brandir des présidentiables ou de présenter un projet de société. Pourtant, il ne jure que par l’alternance en 2026. Comment cela va-t-il se passer ? Mystère. Du côté des soutiens du chef de l’Etat, tout porte à croire qu’ils n’attendent que son mot d’ordre pour passer à l’offensive. A priori, tant qu’il plaira à Patrice Talon de torturer ses lieutenants, ceux-ci se tiendront cois.

Ce silence qui plane sur la scène politique quant aux vrais enjeux n’est pas de nature à rassurer l’opinion. La logique de la réforme du système partisan est de donner aux partis l’exclusivité de l’occupation de la scène publique en vue d’une échéance électorale. Si à la veille des élections générales qui relèvent de l’inédit, les ambitions ont du mal à s’exprimer, c’est qu’il y a mal donne quelque part. La présidentielle, les législatives et les communales se tiendront la même année. Dans une démocratie qui se respecte, de nombreux mois à l’avance, le débat public serait en ébullition. Le choc des idées serait de mise. Ce sont tous des scrutins à grands enjeux. Leurs impacts sur la vie et le mieux-être des populations sont  considérables. Le président de la République détient à lui tout seul de grands pouvoirs. Le député a la possibilité d’initier des lois, de contrôler et de dénoncer le gouvernement. Même vidé de sa substance avec l’avènement des secrétaires exécutifs ordonnateurs des budgets communaux, le maire, le chef d’arrondissement ou le simple conseiller communal a la capacité de révéler son territoire, sa communauté par des actions d’éclat. Ces choix ne peuvent pas se faire par défaut. C’est en donnant au débat public toute sa place, c’est en débarrassant le personnel politique de ses chaînes que les énergies pourront se libérer. A partir de là, chacun pourra s’affirmer, batailler dur pour réaliser ses ambitions et avoir la légitimité d’engager l’action publique au nom de l’intérêt général.

La présidentielle est un scrutin beaucoup trop important pour que les candidats se fassent désirer. Ce scrutin est encore plus important qu’il va consacrer soit la continuité avec la victoire du candidat du camp au pouvoir, soit l’alternance avec l’élection d’un opposant. Six ans après l’instauration de la réforme du système partisan, le personnel politique n’a jamais été aussi amorphe et taiseux.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager

spot_img

Populaires

dans la même catégorie
Articles

Bénin : Les syndicats annulent leur hommage aux militaires tombés lors de l’attaque du 8 janvier

Les Syndicats ne pourront plus rendre hommage aux militaires...

Sénégal : le président Bassirou Diomaye Faye promet une grande réforme de la justice

Le chef de l’État sénégalais présidait sa première rentrée...

«Le Togo n’exclut pas de rejoindre l’Alliance des Etats du Sahel»

« Le Togo n’exclut pas de rejoindre l’AES, l’Alliance des...

Bénin Tofâ 2025 : Wilfried Léandre Houngbédji écarte tout débat sur un troisième mandat

Le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji, a...