Le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye effectue ce mardi 15 juillet 2025 une visite de travail à Cotonou. Cette rencontre marque un tournant important, surtout avec le contexte actuel en Afrique de l’Ouest, où les enjeux sécuritaires, économiques et politiques occupent une place croissante. Au-delà d’un protocole, cette entrevue souligne l’importance de la coopération Sud-Sud entre le Bénin et le Sénégal.

Arsène AZIZAHO
De quoi vont parler les deux chefs d’État ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres à quelques heures de la visite du président sénégalais à son homologue béninois. En attendant que les fruits tiennent la promesse des fleurs, l’on sait les défis auxquels font face les deux pays, et plus largement la sous-région. À juste titre, les enjeux sécuritaires, économiques et politiques, voire au-delà, devront être au menu de cette rencontre de travail. Sur le plan sécuritaire par exemple, le Sénégal et le Bénin font face à des menaces communes : criminalité transfrontalière, trafics et radicalisation. Les deux présidents devraient convenir du renforcement de la coopération policière, notamment via l’échange de renseignements et la formation conjointe. Patrice Talon ne manquera certainement pas d’évoquer la question du terrorisme avec son homologue sénégalais. Diomaye Faye, tout comme lors de ses visites précédentes dans la sous-région, insiste sur la consolidation du partenariat sécuritaire. Il pourrait évoquer la mise en synergie des capacités entre États ouest-africains, comme il l’avait fait avec la Côte d’Ivoire et la Guinée, pour lutter contre le terrorisme, le banditisme et préserver la stabilité régionale. Le Bénin, aux prises avec des défis frontaliers et sécuritaires, pourrait tirer profit de cette dynamique de coopération.
Économie, UEMOA, FCFA…
Économiquement, les relations bilatérales entre Cotonou et Dakar reposent sur plusieurs décennies d’échanges culturels et commerciaux. Tous deux membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), les deux pays bénéficient d’un cadre juridique et tarifaire commun qui facilite la libre circulation des biens et des personnes. De plus, Dakar et Cotonou prônent une intégration renforcée au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO. À la 67ᵉ session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, tenue à Abuja le 20 juin dernier, le président béninois Patrice Talon a appelé à l’autonomie économique de l’Afrique. « Le seul moyen pour nos populations de sortir de la pauvreté est de faire les efforts nécessaires pour notre propre développement économique », a indiqué Patrice Talon à ses pairs. De son côté, le dossier de la monnaie unique et de la sortie du franc CFA figure en bonne place dans la politique du PASTEF, parti qui a porté Diomaye Faye au pouvoir. Le Sénégal envisage une réforme monétaire régionale prudente, avec une possible transition vers une monnaie commune ou nationale selon les avancées. Quoi qu’il en soit, c’est un sujet important dans l’intégration économique, et cela pourrait également être évoqué ce jour entre les deux chefs d’État.
Alternance démocratique et stabilité
Même si l’avènement de l’AES a remis en cause la stabilité dans la sous-région, l’alternance démocratique reste le socle de maints pays, dont le Bénin et le Sénégal. Ainsi, cette visite s’inscrit dans un cadre de bonne gouvernance et de respect de l’alternance démocratique. Le Bénin en est l’illustration parfaite depuis 1991. Et le locataire actuel du Palais de la Marina a déjà rappelé qu’il partira bel et bien en 2026. Ce n’est donc plus un débat. Aussi, la récente alternance démocratique au Sénégal, avec l’arrivée au pouvoir de Diomaye Faye, est-elle perçue comme un modèle d’ancrage démocratique dans la sous-région. Les deux chefs d’État devraient donc réaffirmer leur engagement pour la tenue d’élections libres et transparentes, et pour la participation active de la jeunesse et de la société civile dans la gouvernance. Cette visite ouvre en tout cas une fenêtre pour renforcer la gouvernance, les mécanismes de contrôle civil, et conjuguer les efforts pour une démocratie sous-régionale plus consolidée. À l’issue de cette rencontre d’échange, les deux chefs d’État devront signer des accords de coopération pour renforcer la coopération Sud-Sud. Les attentes sont nombreuses, et la réussite de cette visite dépendra de la mise en œuvre rapide des accords, projets et de l’amélioration conjointe des différents enjeux évoqués. Au-delà de la symbolique, le véritable enjeu reste de transformer ces accords en progrès tangibles pour les populations béninoises et sénégalaises. Car, au final, ce sont elles qui constateront en premier les retombé