Naguère, à pareil moment, on entendait les sirènes hurler à toute heure. Ministres, directeurs généraux, maires et autres cadres de l’administration étaient affairés. Les missions folkloriques s’enchaînaient. Missions explicatives, missions de bons offices, missions de contrôle, de lancement ou d’inauguration, meetings, marches, messes… Et l’argent circulait. Par flux torrentiel. Et s’il devait en manquer quelque part, papa Noël, dans son cortège de voitures qui, au sol, suivaient l’hélico du bonheur, en disposait assez pour faire sourire tout le monde. Les plus chanceux étaient invités à la présidence pour sortir riches ou avec un acte de nomination. Après, il restait encore les nombreux candidats qui souhaitaient acheter un titre sur leur carte de visite à plumer, individuellement ou par groupe. La presse captait sa part de rente en suscitant, en arbitrant ou en alimentant les frictions entre les acteurs politiques. Les syndicats se déchainaient et faisaient monter haut les enchères. Ça chantait, dansait et festoyait partout. Ça menaçait, manifestait, déclenchait des grèves et paralysait le pays. Et cela durait au minimum dix-huit mois. Ah qu’elle paraît lointaine cette époque de démocratie mouvementée, mercantiliste, festive et fastueuse. Il faut vraiment croire que depuis 2016, les choses ont changé. Je vous assure.
Anicet