11è en Afrique et 104è au niveau mondial à l’issue du classement 2025, le Bénin, de par l’efficacité de ses réformes de lutte contre l’économie informelle, se démarque de nombreux pays africains et d’ailleurs. Toutefois, la persistance de certains commerces prohibés (le Kpayo, les armes, les produits forestiers et psychotropes, les médicaments et boissons issus de la contrefaçon, le vol de bétail et autres) entrave l’impact envisagé des perspectives en cours.

Michèl GUEDENON
Le Bénin siège à la onzième (11è) place du classement africain de l’année 2025 publié par l’Alliance transnationale pour la lutte contre le commerce illicite (Tracit). Ce, sur un total de quarante-huit (48) pays africains. En effet, dans son approche, le Tracit a pris en compte et analysé 37 indicateurs, répartis en six piliers, à savoir : « fiscalité et environnement économique, cadre réglementaire et application de la loi, facteurs criminogènes favorisant le commerce Illicite, commerce, douanes et frontières, intermédiaires de la chaîne d’approvisionnement, indicateurs sectoriels de commerce illicite ». Vu les nombreuses réformes et les réglementations en vigueur dans les différents secteurs d’activités au Bénin, la position du pays paraît logique. Elle donne surtout l’espoir d’un environnement légal ne présentant aucun risque pour le commerce légitime. En dehors du Bénin, 157 autres pays ont été classés. Sur le plan mondial, le Danemark (76/100), les États-Unis (75,4/100) et la Germanie (73,5/100) occupent les trois premières places dudit classement. Tandis que la Tunisie (59/100), la Maurice (54,3/100) et le Maroc (53,8/100) se positionnent en tête de liste des pays africains. Mais, cette lutte ne sera effective qu’avec la régression de certaines pratiques jugées illicites pour l’économie béninoise.
Quelques grands facteurs qui renforcent l’informel au Bénin
D’abord, le phénomène du carburant dit Kpayo est le premier élément indexé quand l’on évoque le souci du commerce illicite. Malgré les sensibilisations et les mesures radicales prises pour contraindre les vendeurs d’essence de contrebande à se conformer, ce phénomène connaît une ampleur qui en standardise presque la commercialisation. Compte tenu des coûts de vente, de nombreuses personnes préfèrent le Kpayo à l’essence vendue dans les stations. Cela renforce davantage le secteur, mettant en péril les efforts fournis pour le changement. Ensuite, la protection de la faune représente un grand défi pour le Bénin qui se retrouve à la 4è place mondiale, « avec un profit de 19 milliards de dollars généré par an », pour le trafic des produits faunistiques. Cela se constate également à travers le nombre de marchés de commercialisation des animaux domestiques et sauvages, même dans les espaces protégés du pays. Dans son article intitulé « Progrès et défis du commerce illégal des produits de la faune au Bénin« , Mongabay rapporte qu’une part importante des espèces d’animaux sauvages, commercialisées sur les marchés locaux au Bénin, est classée comme en voie de disparition selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (Iucn). Ces données sont renchéries par la revue Global Ecology and Conservation qui confirme les impacts négatifs de ces faits sur la biodiversité des espèces. Enfin, le trafic des armes et des produits illicites de toutes sortes ne facilite pas non plus l’atteinte des objectifs. Le nombre de suspects interceptés et les affaires saisies par la Police républicaine démontrent à juste titre l’ampleur du phénomène.
Compte tenu de sa détermination, le Bénin pourrait mieux se positionner sur le plan mondial, d’ici quelques années.