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Les Impromptus : Retour de conscience

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Ils sont venus, ils ont vu, ils sont repartis, certains de revenir, en nous laissant deux présents :

– Un petit livre, dessin animé sur papier glacé, dont le titre,  » Mamadou et Bineta « , parlait de nous, dans un alphabet  que ni nos parents, ni nos grands parents ne pouvaient déchiffrer, faisant ainsi du Maître d’école, l’élu local des visiteurs, le dépositaire de la nouvelle connaissance.

– Un autre livre en offrande, le Grand Livre, qui avait lui aussi son apôtre local, pour nous rappeler que les chants  du Salut viennent d’ailleurs, depuis la nuit des temps, aux toutes premières lueurs de l’aube de notre ère.

Seulement voilà !

La Nature, le Grand Ifa de l’Univers, nous avait déjà enrôlés sous sa bannière, nous répétant à l’envi :

tout est ici et maintenant,

dans l’immanence ;

dans la beauté et l’harmonie qui fondent l’équilibre de toutes choses de l’Univers ;

dans l’eau qui fait fleurir la rose comme dans les épines qui la protègent des agressions ;

dans le feu qui brûle les mauvaises herbes et ouvre le chemin aux récoltes nourricières ;

dans l’air qui nous souffle le temps qu’il fait ;

dans la terre qui nous rappelle qu’il est un temps pour tout, le temps de semer comme le temps de récolter ;

dans le fer qui fond sous le regard de braise du forgeron ;

dans les gestes et les paroles d’amour dont une mère enrobe son sein, pour offrir à son enfant un bout de plaisir, de confiance et de conscience.

La Nature donc, la grande prêtresse de l’Univers.

 Et puis nos dieux, nos mythes comme ils disent, oubliant qu’un  village qui perd ses mythes, perd sa mémoire collective et son vouloir-vivre ensemble.

Tel est pourtant la règle, l’universelle règle.

Ils ne nous l’ont pas dit.

Seul la Nature a parlé, Spinoza aussi, « Deus sive Natura », répétait le divin philosophe, avec l’entêtement de celui qui sait.

Alors ils l’ont excommunié, pour avoir trop parlé, de peur que cette vérité proclamée par un mécréant, éthique trop éthique, ne parvienne aux oreilles des indigènes, des zoulous, des damnés de la terre, de tous ceux qui vont chercher ailleurs, ce que la Nature a gracieusement déposé sous leurs pieds, sous leurs yeux, dans leurs bras, en attendant qu’un jour, ils deviennent, ensemble, tous ensemble, le messie d’eux-mêmes, et chacun, le messie de soi, chez soi, dans le respect de l’autre.

Roger Sidokpohou

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