Les produits les plus consommés dans la société ont changé de nature. Désormais, ce sont principalement les aphrodisiaques. Dans la cité, on vide les rayons pharmaceutiques dédiés, on se gave d’aliments dopants, on lape des poudres au hasard, on mâche des racines. À toutes les occasions, on opte pour les bouteilles de décoction, les mixtures alcoolisées, et on s’enduit de pommade pour un seul but : se préparer à l’effet d’accomplir la performance sexuelle du siècle. Et ça marche ! Tant et si bien que, dans la cité, plus personne ne sait distinguer une vendeuse de piment d’une honnête collégienne, ou encore, d’une respectable femme mariée. Ça pilonne à tout va. À ce rythme, le pays court le risque d’être bientôt peuplé d’hommes dans la fleur de l’âge, dont la verge ne fleurit plus. Car, tout le monde rêve de vivre comme un taureau, et bonjour les dégâts. Puissions-nous arriver à reprendre nos petits enfants en mains, et leur apprendre avec succès, que la réussite d’un homme ne se mesure pas au nombre d’hectolitres de sperme qu’il a répandus en un laps de temps, ni dans le nombre de chattes figurant sur son tableau de chasse.
Anicet