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Gestion de l’Hygiène menstruelle au Ceg Banikoara : Les « Pairs Educateurs » bousculent les habitudes 

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L’hygiène menstruelle reste encore un sujet tabou au Bénin. Cet état de chose qui provoque la déscolarisation massive des jeunes filles dans les établissements scolaires, commence par trouver un répondant. Au Ceg Banikoara, la tendance s’inverse grâce au projet Faaba Cash + Care mis en œuvre par le gouvernement du Bénin, l’Unicef, Educo Bénin sur financement du Royaume des Pays-Bas et du Canada.  

Patrice SOKEGBE

19 décembre 2024.Il est 10 heures au Collège d’enseignement général de Banikoara, dans le département de l’Alibori. Réunis sous un arbre non loin de l’entrée principale du collège, une centaine d’apprenants écoutent avec curiosité Zouléhatou Alassane, élève en classe de Tle et présidente du club des enfants pairs éducateurs du collège, sur les techniques de fabrication des kits d’hygiène menstruelle. « Nous allons vous montrer comment utiliser les couches jetables, traditionnelles et recyclables lors des menstrues. Pour les couches traditionnelles, il faut choisir un tissu blanc et les plier en deux. Ensuite, les replier en forme rectangulaire. Ensuite rendre la partie qui doit recueillir le sang, plus épaisse. Enfin, bien attacher la couche pour éviter qu’elle ne tombe…La serviette recyclable dispose d’un bouton qu’il faut pincer derrière, après l’avoir portée. Cela évite de tomber. La serviette jetable, quant à elle est collable dans le dos et au niveau des languettes. Avant de la porter, il faut coller, le dos de la serviette dans son slip, et les languettes aux extrémités du slip…», explique-t-elle avec des démonstrations à l’appui, tout en précisant que les serviettes hygiéniques doivent être utilisées pendant 4 heures d’horloge. « Après 4 heures d’utilisation de la couche, il faut remplacer par une autre serviette. Quand on enlève la couche, il ne faut pas jeter n’importe où. Vous pouvez la jeter dans un WC ou creuser un trou et l’enterrer », ajoute-t-elle. Dans son ensemble, la sensibilisation a été accueillie avec beaucoup d’applaudissements et bon nombre d’apprenants sont excités de résumer la séance. « Je retiens que, pour mes premières menstrues, je dois me faire assister de l’un de mes parents, avec qui je m’entends le mieux, pour m’aider…», déclare Assanath, élève en 5è.  

Cette séance de sensibilisation est le fruit du projet Faaba Cash + Care mis en œuvre par le gouvernement du Bénin, l’Unicef, Educo Bénin sur financement du Royaume des Pays-Bas et du Canada.  

Les menstrues, un sujet tabou !

La menstruation est un sujet tabou au Bénin, notamment dans la partie septentrionale. De nombreuses filles qui expérimentent leurs premières menstrues sont souvent confrontées à des difficultés. Elles sont confrontées à une mauvaise préparation avec très peu ou pas d’informations sur ce sujet et à l’ignorance des comportements et gestes adéquats à adopter lors de la survenue des menstrues. Selon l’Unicef, en Afrique de l’Ouest, 1 fille sur 10 ne va pas à l’école pendant son cycle menstruel. D’après les estimations, cela correspond à 20% du temps scolaire perdu sur une année. Pendant leurs règles, de nombreuses filles sont privées de leurs droits fondamentaux et de leur dignité. Elles sont forcées à l’isolement ou exclues des espaces de vie quotidien. Même s’ils représentent des produits de première nécessité, le coût élevé des serviettes hygiéniques, des tampons et autres produits d’hygiène menstruelle constitue un frein important pour que les filles puissent gérer leurs règles dans de bonnes conditions d’hygiène. « La Gestion de l’Hygiène Menstruelle fait partie des sujets un peu tabous dans notre pays, plus précisément dans la commune de Banikoara. Elle est une des causes des difficultés ou du décrochage des filles à l’école. Certaines décrochent et quittent l’école parce que la bonne information ne leur est pas donnée, parce que ni elles ni leurs parents n’ont suffisamment d’informations pour gérer ce phénomène », explique Carmel Ahouannougan, facilitatrice communautaire principale pour Educo Bénin à Banikoara. Qu’il s’agisse du manque d’argent pour acheter des serviettes, de l’absence de toilettes ou des normes et pratiques culturelles discriminatoires, les filles les plus pauvres subissent d’importantes conséquences du fait de leurs règles. La honte associée aux règles, la pauvreté et la discrimination ont un impact sur le bien-être physique et mental des femmes et des filles. La peur d’être stigmatisées et l’accès limité aux produits d’hygiène menstruelle, à l’eau, à des systèmes d’élimination des déchets et à des toilettes propres et offrant suffisamment d’intimité ont un impact négatif sur la présence et la performance des filles à l’école. 

Les pairs éducateurs en mode action  

Pour démystifier les tabous autour de l’hygiène menstruelle, le gouvernement et l’Unicef Bénin, à travers Educo, sur financement du Royaume des Pays-Bas et du Canada, ont mis en place le projet Faaba Cash + Care pour une gestion efficace. A ce sujet, il a été mis en place un club des pairs éducateurs constitué d’apprenants qui sont des modèles dans leur communauté et établissement scolaire. Pour Carmel Ahouannougan, les formations données aux pairs éducateurs ont un impact significatif.  De plus, elle estime que Banikoara a eu la chance d’avoir ce laboratoire de Ghm pour que l’information soit largement diffusée, pour que les enfants et les parents acquièrent une bonne maîtrise du sujet, et que l’objectif soit pleinement atteint. « Nous avons rencontré certains parents, notamment des mères, qui nous ont confié qu’elles avaient des difficultés à aborder ce sujet avec leurs filles, car elles-mêmes n’avaient pas eu la chance qu’on leur explique. Elles l’ont appris sur le tas. Mais le fait que nous leur expliquions les différents types de couches, y compris les couches naturelles, et que nous leur montrions comment les attacher, leur facilite désormais la tâche », indique-t-elle. Adebayor Prévert Déléké, pair éducateur et élève en 2nde, explique la raison de son appartenance aux pairs éducateurs. « Je fais partie des pairs éducateurs, parce que je veux recevoir la bonne information et la transmettre à mes frères et sœurs. Les garçons doivent soutenir les filles lorsqu’elles sont en menstrues, parce que c’est un phénomène naturel qui arrive à toute fille normale. Les garçons ne doivent pas se moquer d’elles, cela pourrait conduire ces filles à abandonner l’école. Cela devrait plutôt être une source d’encouragement parce qu’une fille en menstrue est en bonne santé et ses appareils génitaux sont normaux », dit-il. Grâce à ce projet, le Ceg Banikoara compte plus de filles que de garçons, c’est à l’actif de tous les acteurs impliqués.

Cet article a été réalisé dans le cadre de l’initiative «Mission Presse en Urgence» de l’Unicef-Bénin

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