Ange M’poli M’TOAMA
Difficile de trouver un stand de vente à Cotonou cette année. Jacques, un habitant de la ville, a dû parcourir une longue distance pour faire ses emplettes de fête. « D’habitude, il y a un stand de vente de produits et d’objets festifs à 500 mètres de chez moi. Mais cette année, je n’en ai pas vu. Je suis obligé de quitter Zogbo pour aller au marché Tokpa », confie-t-il. Un tour dans les rues de Cotonou confirme les propos de Jacques. En effet, aucun stand festif n’illumine les carrefours de la ville. Par le passé, des structures comme ‘‘FAL’’ installaient des étals regorgeant de jouets, de décorations, de produits alimentaires et festifs, apportant couleur et animation à l’atmosphère de fin d’année. Cette absence intrigue autant qu’elle inquiète. La plupart des habitants de la capitale économique pointent du doigt les nombreux chantiers de construction de voies qui amènent les structures de vente à tenir compte des nouvelles réalités.
Des travaux qui chamboulent les habitudes
Ainsi, les lieux habituellement prisés pour les stands à savoir le stade de l’Amitié GMK de Kouhounou, les carrefours stratégiques et grandes places sont aujourd’hui méconnaissables. Là où se dressaient des étalages chargés de liqueurs, amuse-gueules et de décorations, des chantiers de réhabilitation des routes occupent désormais le terrain. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement béninois a lancé un programme de rénovation des infrastructures routières dans des zones stratégiques de la capitale économique. Si ces travaux sont applaudis pour leur finalité qui est d’améliorer la mobilité urbaine à long terme, il n’empêche qu’ils perturbent les activités commerciales saisonnières. « Ce sont les travaux lancés à grande échelle qui empêchent les commerçants de trouver des emplacements accessibles pour leurs stands. Ils préfèrent renoncer plutôt que de risquer des pertes », explique François, un père de famille. Avant ces chantiers, les opérations de libération des espaces publics avaient déjà contraint de nombreux commerçants à quitter leurs emplacements traditionnels. Ces mesures, combinées à la politique d’aménagement du territoire, compliquent encore la situation. « Une fois les travaux terminés, les choses seront plus claires et chacun pourra s’organiser », espère un commerçant.
Une adaptation difficile pour les commerçants
D’ailleurs, pour la plupart des commerçants interrogés, l’absence des stands représente un manque à gagner considérable. « Nous avons attendu en vain qu’on nous propose des solutions alternatives, mais rien n’a été fait. C’est une grosse perte pour nous », déplore Corentin, un commerçant. Certains ont même tenté de se rabattre sur les marchés traditionnels, mais ces espaces saturés ne facilitent pas leur intégration. « Les marchés sont déjà pleins à craquer et il est difficile d’attirer une clientèle habituée aux stands en plein air », regrette une commerçante. Privés de leurs revenus habituels de fin d’année, de nombreux commerçants se retrouvent en difficulté financière, incapables de profiter de cette période pourtant cruciale pour leur activité.
Les populations se rabattent sur les marchés
Face à cette situation, les potentiels acheteurs des produits de fin d’année à Cotonou n’ont d’autre choix que de modifier leurs habitudes. Si les stands proposaient souvent des articles à des prix compétitifs, les consommateurs doivent désormais se tourner vers les marchés pour se procurer vivres et boissons nécessaires aux festivités. Cependant, cette alternative ne satisfait pas tout le monde. « Les stands donnaient une ambiance unique à la ville pendant les fêtes. Maintenant, tout semble si terne », déplore une mère de famille rencontrée au marché Dantokpa. En plus, l’absence de ces stands festifs influe sur l’ambiance générale de la ville, bien moins chaleureuse et animée que les années précédentes. Pour l’heure, Cotonou s’apprête à célébrer la Saint-Sylvestre dans une atmosphère plus sobre qu’à l’accoutumée, en espérant que ces changements ne soient qu’une parenthèse temporaire.