
Ange M’poli M’TOAMA
La peur gagne du terrain à Tanguiéta ! Les populations prennent la clé des champs face aux menaces d’attaques terroristes. A Tanongou, un arrondissement de la commune de Tanguiéta, c’est 6 villages qui sont désertés selon les témoignages des déserteurs. Dans les rues du centre-ville de Tanguiéta, le jeune Wilfried, ressortissant de Tanongou, raconte sa mésaventure. « Les djihadistes ont vidé tout l’arrondissement. Il n’y a plus personne dans nos villages. Mes parents, mes grands-parents et moi sommes actuellement dans la ville auprès de nos proches qui y ont élu domicile. Beaucoup sont ici mais d’autres ont dû rejoindre d’autres communes environnantes, tout le monde est parti », a-t-il confié. Les maisons sont vides. Hommes, femmes, enfants et bétail ont fui, transformant les localités en villages fantômes. À Batia, Kayarika, Yangou, Sangou, Tanongou et Tchafarga, il ne reste que le vent et les souvenirs. Hommes, femmes, enfants et bêtes ont quitté ces villages précipitamment, fuyant la mort.
C’est donc la débandade et le sauve-qui-peut depuis l’attaque du commissariat de l’arrondissement le 16 mai dernier. Mais pire en encore, les fuyards craignent d’être les prochaines victimes eu égard aux menaces directes des groupes terroristes qui annoncent des attaques prochaines sur les populations. « Les assaillants, armés et organisés, ont mis à feu et détruit les locaux, blessant un policier. Le lendemain, ils ont commencé à proférer des menaces sur les populations jurant qu’ils reviendront, cette fois pour eux. C’est la raison pour laquelle, nous avons tous fui pour ne pas être attaqués puisque ceux qui nous protègent ne sont plus là », fait savoir Wilfried. Les témoignages se multiplient. Le fils du chef de l’un des villages, lui, a tout laissé derrière. « Quand ils ont attaqué le commissariat, tout a brûlé. Le dimanche, on a commencé à fuir. On n’avait plus de protection. Les policiers avaient été mutés. Il n’en restait que quelques-uns. Et maintenant, même eux ne sont plus là. Certains de nos frères ont été arrêtés par les terroristes. On ne sait pas où ils sont », rapporte Simpliste. Il vit désormais à Toucountouna, un village voisin, avec sa famille. Mais l’inquiétude ne le quitte pas. Son fils est candidat aux examens, il ne sait pas comment il pourra composer. Les moyens manquent. L’espoir aussi. Tchatingou et Tchawassaka, eux, sont encore habités. Mais à moitié. Le silence y est pesant. Les champs sont en friche. Les écoles, fermées.
Des centaines de déplacés errent à Tanguiéta et dans les environs sans toit et sans ressources. Ils sont dépendants de la solidarité précaire des communautés voisines. « Nous lançons un appel au gouvernement, dit un vieil homme installé sous un abri de fortune. Si rien n’est fait, nos villages seront occupés. Nous ne pourrons plus revenir », alerte-t-il. L’alerte est au rouge, les territoires vidés risquent d’être occupés par les terroristes si l’Etat n’intervient pour les repeupler.