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Editorial : l’équation Houngbédji

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Alors qu’on le croyait définitivement forclos et sorti de scène après que l’union Progressiste (UP) a laborieusement mais effectivement phagocyté le PRD, voici que Maître Adrien Houngbédji, avec pour spectre du PRD, revient relancer la chamaillerie politique. Contre toute attente, alors que sa garde rapprochée venait lui présenter les vœux de nouvel an, Maître Adrien Houngbédji déclare qu’il faut sortir les prisonniers politiques, faire rentrer les exilés et nous retrouver sous l’arbre à palabre. De la bouche de l’ancien président de l’Assemblée nationale, ces mots sont plutôt curieux, lui qui décrivait en 2018, la République dont Patrice Talon a hérité, avec des expressions cataclysmiques. Il prônait alors un Etat fort pour entreprendre et imposer des réformes radicales.

Le PRD n’a pas disparu

En réalité, ce ne sont pas les griefs contre la gouvernance de Patrice Talon qu’on prêterait volontiers à un opposant, qui ont le plus inquiété les observateurs. Les propos les plus déroutants concernent le PRD qui, selon Adrien Houngbédji, n’a pas disparu, bien qu’ayant fusionné avec l’UP pour faire naître l’UP-R. “Quand on vous dit que le PRD a disparu, que le PRD a fusionné, dites que le PRD n’a pas disparu. Le PRD, nous le portons dans nos cœurs”. C’est là toute l’équation. À quelles fins Adrien Houngbédji a-t-il cru devoir ressusciter le PRD ? Pourquoi, à la suite de ces propos provocateurs, les membres de l’ancien PRD croient-ils devoir commémorer en grande pompe, les vingt-cinq ans de la disparition d’un illustre membre du parti, Moucharaf Gbadamassi ? Et que dire du timing de ces événements ?

Chantage politique ?

On ne saurait répondre à ces questions sans conclure à un chantage politique de la part de Maître Adrien Houngbédji. Des indices concordants permettent de conforter cette thèse. La curieuse visite de Boni Yayi à Adrien Houngbédji, au motif de lui présenter les vœux, alors qu’il venait de faire le même exercice au domicile de Nicéphore Soglo. Ensuite, le long entretien entre le même Adrien Houngbédji et l’honorable Basile Ahossi dont l’hostilité au régime de Patrice Talon est de notoriété publique. Mais pour faire du chantage à quelqu’un, il faut en avoir les moyens. Adrien Houngbédji les a-t-il ?

Marchandage en perspective

C’est là où il convient de questionner toute la certitude qui transparaît dans les propos de Maître Adrien Houngbédji lorsqu’il déclare que le PRD n’a pas disparu. Le juriste qu’il est sait, mieux que quiconque, que le PRD n’a plus d’existence légale et que, pour des raisons politiques évidentes, il n’y a aucun moyen d’envisager de sortir le PRD de l’UP-R, afin de le rendre libre et autonome avant les prochaines élections. Alors sur quoi pourrait bien compter Adrien Houngbédji pour engager le marchandage ?

D’abord sur le timing. Après plusieurs décennies de politique politicienne, Adrien Houngbédji sait à quel moment s’ouvrent les négociations et comment les provoquer.

Sa carte maîtresse est l’esprit PRD, et il se prépare à l’abattre. Oui. Si le PRD s’est résolu de mauvaise grâce et sous la contrainte à fusionner avec l’UP, l’esprit PRD lui, est resté intact et indépendant.

L’esprit PRD

C’est dans cet esprit mobilisateur de militantisme inconditionnel que les poulains d’Adrien Houngbédji sont allés lui présenter les vœux et c’est naturellement dans le même esprit qu’il leur a répondu. La célébration de la mémoire de Moucharaf Gbadamassi, avec le seul logo du PRD, s’inscrit dans la même logique. En faisant revivre le souvenir de cet ancien maître de terre, incontestable et inégalable à Porto Novo et environs, Adrien Houngbédji entend remobiliser autour de l’esprit PRD qu’il incarne, et qui ne disparaîtra qu’avec lui. Il sait que, même si le PRD demeure un otage au sein de l’UP-R, sans possibilité d’en sortir dans les prochains mois, il peut se permettre de tourner le dos à la mouvance présidentielle. Parce que, le cas échéant, ses consignes vaudront leur pesant d’électeurs au cours des prochaines élections. Il n’est nul besoin de formalisme administratif pour cela. En se retrouvant pour communier à moins d’un an des élections, les militants du PRD resteront majoritairement fidèles à la consigne de leur leader naturel, quelle qu’elle soit. En somme, Adrien Houngbédji a encore bel et bien des atouts pour contraindre à ouvrir une renégociation des accords politiques pour 2026.

Anicet OKE

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