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Editorial : la HAAC, le journalisme et nous

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La suspension par la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) de quatre organes de presse, assortie de la décision de retrait de leur carte de presse à deux acteurs bien connus du monde des médias, relance un débat corporatiste passionné, qui n’en finit pas d’explorer les méandres et les subtilités des rapports entre les journalistes, le journalisme et la HAAC. Dans cette nouvelle affaire de suspension, comment situer les responsabilités au regard des spécificités des médias et des prérogatives de la HAAC?

LA HAAC

C’est une institution politique qui, de par sa composition, n’est pas supposée compter une majorité de professionnels des médias. Son président, comme cinq autres membres, est nommé. Il doit sa promotion sociale à la générosité complaisante du président de la République. Il est donc logique de penser qu’il est en mission pour traduire dans les faits, la politique du pouvoir en matière de presse. Le moins qu’on puisse en attendre, c’est qu’il sorte  sa hache en cas de besoin, pour couper un bout de liberté qui déborde ou raboter sur les bords, un acte de défi qui transparait dans le fonctionnement d’un média.

Le journalisme

Le journalisme est l’un des métiers les plus exigeants. Il donne le sentiment à ceux qui l’exercent qu’ils sont investis d’un pouvoir illimité et ils oublient très vite qu’ils sont soumis à des règles, précisément parce que leur travail touche directement à ce qu’il y a de plus délicat: l’image du pays, la crédibilité des dirigeants ainsi que plus  spécifiquement, l’honneur et la dignité de tous. Des matières sur lesquelles, lorsqu’il y a des dégâts, il sont en général irréparables. C’est pour cela que le journalisme est rigoureusement encadré,  tant pour les vecteurs que pour les animateurs. Il s’ensuit que lorsqu’un support ou un de ses animateurs sort du champ des  règles établies, il ne fait plus du journalisme.

Nous-mêmes

La presse privée du Bénin qui a fleuri au lendemain de la conférence nationale a plus prospéré grâce aux talents de ses acteurs que du fait de leur valeur professionnelle. Sans qualification  avérée, le journaliste beninois pouvait diffamer, désinformer voire salir l’honneur et la dignité de n’importe qui, en toute impunité. À telle enseigne que la presse du Bénin s’est retrouvée classée première du continent et troisième dans le monde. Sauf que tout le monde a feint d’ignorer que le mérite de ce classement n’était pas le fruit des capacités professionnelles des animateurs des médias qui faisaient preuve d’une audace inouïe, mais plutôt celui d’un gouvernement qui s’accomodait des dérives et favorisait un libertinage inimaginable dans la presse des pays de grande démocratie.

Reprendre l’initiative

Le conducteur de taxi moto, la vendeuse du marché ou du coin de rue ou l’artisan qui ont des mots durs et même des injures intolérables à l’endroit du chef de l’Etat n’ont jamais eu des raisons de s’inquiéter. Il s’entend donc qu’il n’y a pas de problème de liberté d’expression dans l’espace public au Bénin. Le problème se pose dès lors que les propos sont diffusés au moyen d’un média. Il s’ensuit que les professionnels des médias du Bénin doivent redorer le blason du métier sans délai. Pour reprendre l’initiative, ils doivent balayer l’écurie et faire le ménage en leur sein; se réorganiser, être unis et solidaires autour d’une vision commune. Se former dans la perspective de faire carrière, montrer dans l’autodiscipline, un sens élevé de la reponsablité et se soumettre aux décisions des organisations faitières ainsi qu’au tribunal des pairs. Parce qu’il est illusoire d’attendre du pouvoir qu’il organise et renforce la presse de façon à ce qu’elle tienne  une position véritable de quatrième pouvoir. Qu’on se le dise: le pouvoir, quel qu’il soit, s’arrache.

Anicet OKE

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