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Editorial : Bachar, la glissade

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Bachar al-Assad avait glissé et son pouvoir dérivait depuis longtemps. Il vient de tomber. Avec une fulgurance qu’on n’a pas vu venir. Tel le couteau dans du beurre, les « rebelles » sont entrés dans la capitale, obligeant le « dictateur » à prendre la fuite. Ce modus opérandi qui rappelle l’Irak et la Libye, prouve encore à souhait, que les « dictateurs » sont fabriqués de toutes pièces pour les besoins de causes obscures,  puis jetés comme des mouchoirs, dès qu’on n’en a plus besoin. Le chantage et le marchandage des forces qui gouvernent le monde ont scellé le sort de Bachar. En l’espace de quelques jours. Le reste n’était plus qu’une formalité pour que ses opposants prennent le pouvoir sans que le peuple syrien ait eu à  décider de quoi que ce soit. Las ! Sa voix n’a jamais compté en définitive que pour amuser la galerie.

Les Leçons à retenir

L’exemple syrien nous enseigne quelques leçons que nous gagnerions à intégrer.

Primo, il faut tenir pour vrai qu’un pouvoir, quel qu’il soit, qui s’installe même dans des explosions de joie et la liesse populaire, finit toujours par être balayé, quel que soit son palmarès, lorsqu’il perdure. Passé l’état de grâce et les délais raisonnables de passation de charges, il s’érode, rattrapé par l’usure, et n’a d’autre choix que d’imposer la tyrannie pour se maintenir. C’est ce qui a emporté en toute logique, un chef d’état qui, à  son avènement, était le symbole du progrès et de la modernité.

Deuxio, une population qui subit une démocratie tronquée, considère toute remise en cause de l’ordre constitutionnel comme la seule voie de salut, même si l’histoire contemporaine ne montre pas encore de régime qui ait généré, par son action, un mieux être de la population libérée, en comparaison des réalisations du régime du dictateur déchu.

Tertio, la liberté, dans tous les cas de renversement d’une dictature, est chimérique quant elle n’est pas illusoire. À l’évidence, ce n’est pas une panacée. Les libyens ont cru avoir touché le graal avec la chute de Kadhafi. Ils sont nombreux aujourd’hui qui voudraient remonter le temps. La liberté ne leur a apporté qu’une autre forme d’esclavage, à  la limite, pire que celle d’hier, parce qu’ils ont perdu, entre autres, la sécurité et, au passage, une part substantielle des richesses et de la souveraineté nationales. Les Irakiens ne sont pas mieux lotis.

La liberté n’est pas une panacée

Les Syriens auront-ils plus de chance ? Rien n’est moins sûr.  Au regard de quoi, il est important de noter que la plus mauvaise démocratie dans laquelle les élections au moins, sont régulières, avec des possibilités d’alternance,  sera toujours meilleure qu’un régime tyrannique qui s’éternise, quelles que puissent être ses réalisations.

Sauf que, la démocratie elle-même, n’est pas non plus une fin en soi, lorsque ces principes sont appliqués dans leur lettre, et que son esprit est passé par pertes et profits. Pour que la démocratie soit authentique,  il faut qu’elle soit implémentée par des hommes authentiquement démocrates.  Des patriotes engagés et désintéressés, avec un sens élevé de la responsabilité, à l’exclusion des grands profiteurs et des jouisseurs improductifs. Une bonne démocratie se construit. Étape par étape.  À maturité, elle marche logiquement, en mode de pilotage automatique. Parce que tous les systèmes qui composent le mécanisme vibrent en phase et sont autonomes dans un fonctionnement optimal. Comment y parvenir, lorsqu’on a décrété la démocratie un matin, sans s’assurer de faire les mises à jour ? C’est toute la problématique.

Anicet OKE

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