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Dr Firmin Adandedji au sujet des eaux de puits : « Les algues dans les puits produisent des toxines dangereuses »

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Spécialiste en qualité de l’eau et en hygiène, Dr Firmin Adandedji a accordé un entretien sur les risques sanitaires liés à la présence d’algues dans les puits à ciel ouvert, très répandus à Cotonou comme à Calavi. Il détaille les causes, les conséquences et les précautions à prendre.

De plus en plus, on remarque des couches verdâtres à l’intérieur des puits. Qu’est-ce que cela signifie ?

Ce sont des algues. Quand un puits est réalisé sans protection, laissé à ciel ouvert, la lumière y pénètre. Et cette lumière favorise l’activité photosynthétique, ce qui entraîne la formation de ces algues, généralement verdâtres. On pense souvent que ce n’est pas grave, mais ces algues peuvent être très dangereuses.

Qu’est-ce qui rend ces algues dangereuses ?

Elles produisent des toxines. L’une des plus dangereuses est l’hépatotoxine. Elle s’attaque directement au foie. Quand vous consommez une eau contenant cette toxine, vous vous exposez à des maladies comme l’hépatite, voire le cancer du foie. Il y a aussi des maladies comme la gastroentérite, le vibrio choléré, le vomissement. Beaucoup de maladies qu’on n’arrive pas toujours à expliquer viennent en réalité de la consommation de ces eaux de mauvaise qualité.

Peut-on éviter la formation de ces algues dans les puits ?

Bien sûr. Il faut protéger les puits. Quand on couvre un puits, on empêche la lumière de rentrer. Et donc on empêche le développement de ces algues. Ce qu’on observe, c’est que les populations font leur puits, mettent la puisette, et s’en servent, sans couverture, sans margelle étanche. C’est une erreur. La norme exige une couverture, une protection de l’ouvrage.

Et si l’eau est claire, peut-on la consommer sans risque ?

Ce n’est pas toujours fiable. Une eau claire n’est pas forcément potable. Il peut y avoir des contaminants invisibles à l’œil nu. La contamination microbiologique est très fréquente. Ensuite viennent les nitrates issus des engrais chimiques. Et puis les algues. Donc l’apparence de l’eau ne suffit pas.

Qu’en est-il de l’entretien des puits ?

Il est nécessaire. Il faut vidanger périodiquement les puits. On peut, par exemple, retirer toute l’eau avec une pompe et laisser les nappes se recharger naturellement. Mais il faut aussi éviter que les nappes soient polluées. Parce que les nappes sont communicantes. Quand on utilise un ancien puits comme dépotoir, on contamine d’autres puits à un ou deux kilomètres à la ronde.

Les nappes phréatiques sont-elles sûres ?

Elles sont plus protégées que les eaux de surface, mais pas à l’abri. Les premières sources de contamination sont microbiologiques. Ensuite viennent les engrais chimiques (NPK) et leurs dérivés comme les nitrates. Puis viennent les algues. Il y a aussi les champignons qui peuvent se développer même sans lumière, et produire d’autres toxines.

La distance entre puits et latrines est-elle importante ?

C’est essentiel. La norme recommande entre 15 et 20 mètres. Si ce n’est pas respecté, c’est un drame. Si quelqu’un installe son WC à côté de votre puits, vous consommez ce qu’il rejette. Malheureusement, les plans d’urbanisation ne prennent pas toujours cela en compte.

Quel appel lancez-vous aux populations ?

Je les invite à une prise de conscience. Ce n’est pas juste une question d’hygiène, c’est une question de santé publique. Il faut protéger les puits, respecter les normes, faire les entretiens nécessaires. Et il faut des actions de plaidoyer, des décisions politiques, des financements pour accompagner tout cela. J’appelle aussi les communicateurs à s’impliquer pour faire passer les bons messages. Nous sommes tous concernés, parce que nous consommons tous la même ressource.

Propos recueillis par Ange M’poli M’TOAMA

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