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Domaines déclarés d’utilité publique : conditions de vie des personnes réinstallées quelques années plus tard

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Dans sa dynamique d’insuffler un nouveau souffle à l’économie du pays, le Gouvernement béninois a pris plusieurs initiatives et concrétisé de grands projets de développement durable. Ainsi, la mise en œuvre de certains projets a nécessité la prise de décisions radiales, notamment les expulsions forcées. Cependant, plusieurs années après les déguerpissements, les personnes délocalisées se plaignent de leurs nouvelles conditions de vie. 

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Michèl GUEDENON

Le Bénin présente un nouveau visage aujourd’hui grâce à son élan de rayonnement à travers les infrastructures disponibles. Ainsi, des projets de développement durable, menés à Ouidah, à Xlacodji, à Fignegnon 1, à Tognin, à Avlékété et dans d’autres localités, ont favorisé la construction et la rénovation de plusieurs sites. Cependant, la mise en œuvre de ces projets a exigé la libération de certaines zones, les habitants y compris. D’après les informations recueillies sur le terrain, ces derniers ne sont pas toujours des gens qui occupent les espaces sans les avoir achetés. La preuve en est que beaucoup d’entre eux détiennent des papiers de leurs terrains. Certains ont présenté des papiers attestant que leur espace a été loti et donc ne constitue pas une réserve de l’État. Malgré la disponibilité de ces preuves, ces habitants expulsés se contentent depuis peu des nouveaux logements mis à leur disposition. Mais, d’après leurs confessions, ils ont du mal à s’adapter à leur nouveau mode de vie. L’une des opérations d’expulsion ayant eu lieu en pleine pluie, à l’approche de la rentrée académique, certains apprenants ne s’en sont pas remis. Ceux approchés et dont les cas ont été présentés par Amnesty International Bénin se sont plaints du manque d’établissements proches de leur nouvel emplacement et la distance entre celui-ci et l’ancienne école fréquentée. Toujours dans le rang des élèves, l’organisation a relevé des cas de grossesses qui s’expliqueraient par le fait que des jeunes, faute d’occupations car ayant délaissé l’école, cèdent facilement aux désirs de certains hommes désœuvrés, autrefois pêcheurs. Du côté des familles, certains foyers n’ont pas pu se reconstituer après la dislocation. C’est le cas d’une femme qui, vu les conditions, a dû laisser ses enfants et son mari pour s’installer à Pahou. Plusieurs parents se sont plaints du manque d’activités économiques. Ils expliquent à la même source que cela vient du fait qu’ils vivent entre eux sans interactions avec d’autres localités. Quelques années après leur expulsion, les victimes ont, lors d’une investigation de Amnesty International Bénin, décrié l’absence d’électricité et d’eau potable. Cette situation a fait l’objet de nombreux plaidoyers fructueux. Ces personnes ont confié à l’organisation l’amélioration de leurs conditions de vie, seulement pour ce qui concerne l’accès à l’électricité et à l’eau potable. Cependant, les réalités autour de la pratique d’activités économiques ne permettent pas encore aux victimes des expulsions de se relancer. Ainsi, les concernés font savoir qu’ils vivent quotidiennement dans l’ennui.

Les victimes face aux dédommagements

En octobre 2024, M. Agbossou, l’un des expulsés de « fin pavés Fidjrossè », a confié n’avoir pas rien reçu pour l’espace qui lui a été pris. Néanmoins, certains de ses amis lui ont confirmé qu’ils ont reçu des frais de dédommagement. Interrogé récemment, il a jugé bon de ne plus rien dire à ce sujet. A Houéyiho 1, l’un des habitants dont la propriété est incluse dans l’espace déclaré d’utilité publique n’a pas caché sa peur de devoir tout recommencer à zéro sans aucun secours. Se basant sur le cas d’un parent très proche à lui, l’homme craint de mal passer sa vieillesse après des sacrifices faits dans la jeunesse pour se retrouver avec le peu qu’il possède aujourd’hui. En effet, selon ses révélations, le parent en question a perçu un total de deux millions de francs CFA pour un terrain qu’il refusait de céder à quinze millions francs CFA avant les expulsions. Ailleurs, l’un des amis du vieil homme n’a encore rien reçu. D’un autre côté, les données recueillies par Amnesty International Bénin révèlent que certains communiqués diffusés, demandant aux victimes de se rendre dans un Secrétariat pour se faire enregistrer, ne concernaient que quelques personnes. L’autre problème signalé, c’est que la majorité des habitants délocalisés n’ont pas accès aux informations les impliquant. D’après leurs explications, il n’y a vraiment aucune collaboration entre les autorités et les victimes et la plupart des informations sont publiées sur les pages officielles des structures gouvernementales, donc sur les réseaux sociaux. Ce qui fait que l’audience visée est plutôt restreinte, selon les habitants affectés.

Face à ces réalités, plusieurs personnes et militants d’organisation à but humanitaire souhaitent que le Gouvernement accorde plus d’intérêt aux droits des personnes expulsées, qu’elles soient propriétaires ou non des espaces qu’ils occupent. Dans le lot, il est de ceux qui, convaincus de la bonne foi des autorités gouvernementales, pensent que la faute vient peut-être des agents chargés de restituer ces frais de dédommagement et de conduire à terme ces projets.

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