
Rien de décidé pour l’instant. Annoncé avoir été révoqué pour ses propos tenus à Gaya, l’Ambassadeur du Bénin près le Niger, Gildas Agonkan a été finalement rappelé à Cotonou pour consultation. Sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères, Olushegun Bakary se tient en principe ce vendredi 14 février 2025. Le nouvel ambassadeur qui a pris fonction, il y a moins de 7 mois, a tenu des propos qui pourraient faire l’objet de sanction disciplinaire ou lui coûter son poste.
En effet, il a été invité, le samedi 1er février 2025, à une cérémonie de remise de diplômes, à l’Institut International de Santé Koubeyni à Gaya, ville nigérienne frontalière du Bénin. Parmi les nouveaux diplômés, il y avait des étudiants béninois. Après les discours accusateurs des autorités nigériennes, le diplomate béninois, en guise de réponse a laissé entendre : «Je remercie le Général Tiani, le ministre des affaires étrangères du Niger qui m’ont permis d’être au Niger, à Niamey malgré les situations difficiles…Je voudrais au nom de tous les Béninois, au nom des autorités du Bénin, demander pardon au peuple nigérien. Des choses graves se sont passées, qui ont engendré des sacrifices, des difficultés, des problèmes, ici au Niger, ici à Gaya. Nous demandons pardon parce que nous sommes des frères…C’est un grand pas pour la normalisation des relations entre le Bénin et le Niger. Chacun de nous travaillera pour que le passage entre Malanville et Gaya soit un passage libre. Chacun de nous pèsera de son poids pour que cette amitié soit restaurée ». Ces propos de l’Ambassadeur Gildas Agonkan, suffisamment ventilés sur les réseaux sociaux, ont certainement été très mal appréciés par les autorités béninoises. C’est dans ce contexte qu’il a été rappelé par son ministre de tutelle pour consultation.
En clair, avec la crise entre le Niger et le Bénin qui ne fait que durer, les propos du nouvel ambassadeur peuvent laisser libre cours à diverses interprétations. D’abord le pardon adressé au peuple nigérien laisse croire que l’ambassadeur a reconnu, au nom de son pays, les faits qui sont reprochés au Bénin. Pour rappel, le gouvernement du Niger accuse le Bénin d’avoir participé à la mise en application des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), et d’avoir abrité des bases militaires françaises. Le pardon pourrait être, dans un contexte aussi sensible, une ‘‘faute professionnelle’’. En tant que diplomate, il devrait apprendre à tenir sa langue. Seulement, le risque de payer le prix de l’inexpérience est grand. Les prochaines heures nous situeront.