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Didas TOSSOU, sociologue sur les jobs de vacances : « Si le travail qu’il fait n’est pas décent, ça peut avoir des risques »

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C’est déjà les vacances, et de nombreux jeunes se retrouvent livrés à eux-mêmes, entre loisirs et petits boulots. Les jobs de vacances attirent de plus en plus, portés par diverses motivations. Le sociologue Didas TOSSOU se penche sur les raisons qui poussent les jeunes à s’y engager, en évoquant aussi bien les avantages que les risques liés à cette activité saisonnière.

Quelle sont les principales raisons qui motivent les jeunes à exercer un job de vacances aujourd’hui ?

Ça ne date pas d’aujourd’hui les jobs de vacances. Mais les jobs de vacances, ce n’est qu’un prolongement, soit de l’activité que l’élève ou le jeune est en train d’exercer à l’école ou à l’université, soit il détourne le job de son activité, c’est-à-dire que s’il ne faisait pas un génie civil ou faisait la maçonnerie, ou il était juste un simple étudiant en lettres, il va faire un job pour plusieurs raisons. Je vais citer quelques-unes. La première raison, c’est pour ne pas rester sclérosé, ne pas s’amuser inutilement. La deuxième raison, c’est pour trouver au moins le minimum pour manger. Le minimum pour manger parce que lorsque vous êtes dans une famille pauvre ou modeste, les parents n’arrivent pas à assouvir tout pour vous. Et vous êtes obligés de vous débattre, de courir pour joindre les deux bouts. L’autre chose, c’est que quand vous êtes ambitieux, vous voulez acheter telle ou telle chose, vous avez besoin aussi d’avoir vous-même vos sous parce que ce que vous demandez aux parents, ils n’arrivent pas à assumer, il faut que vous fassiez un job de vacances.

 Pensez-vous que les jobs de vacances présentent des avantages ? Si oui, pouvez-vous nous en parler ?

Vous comprenez déjà dans mes explications que les jobs de vacances ont un avantage. Le premier avantage, c’est la socialisation de l’élève ou de l’étudiant ou du jeune. La socialisation signifie que c’est le prolongement de l’éducation. Donc l’enfant qui refuse d’être paresseux, ce n’est qu’une socialisation. Cet enfant se socialise quand il rentre dans un groupe, dans une communauté pour travailler. Il apprend, il apprend des comportements, il apprend et il l’écoute. Donc s’il restait chez lui à la maison seulement et qu’il tirait sur son portable, il n’allait rien apprendre. Maintenant qu’il est rentré dans une communauté, dans une société, tout ça, il apprend beaucoup. Et là, vous comprenez avec moi qu’il gagne beaucoup. En dehors de l’aspect pécuniaire, il gagne beaucoup. L’autre chose, c’est que lorsque vous êtes un jeune et que vous vous organisez, en tout cas, vous faites les jobs de vacances, ça vous ennoblit. Ça veut dire quoi ? Non seulement vous êtes noble, on vous considère. On vous considère parce que vous n’êtes pas rentré dans des choses inutiles, c’est-à-dire être à l’affût de la cybercriminalité et tout ça. On ne vous considère pas comme ça.

Et quand vous rentrez aussi dans ce groupe-là, le mouvement que vous trouvez vous permet d’être vous-même. Donc il y a beaucoup d’avantages.

 Quels sont, selon vous, les risques ou les inconvénients auxquels les jeunes peuvent être confrontés dans le cadre d’un job de vacances ?

Alors, les risques ou inconvénients dont on peut parler, c’est le type de travail. Est-ce que le travail que l’enfant fait, est-ce un travail décent ? Le travail décent, c’est le travail qui n’avilit pas l’homme. Est-ce que le travail que l’enfant fait, est un travail décent ? Donc c’est ce qu’on cherche d’abord. Si le travail qu’il fait n’est pas décent, ça peut avoir des risques qui peuvent hypothéquer son avenir.

 Selon vous, les parents ont-ils un rôle à jouer dans cette démarche ? Si oui, en quoi consiste ce rôle ?

Le rôle des parents ici c’est simple. Dans cette démarche, les parents doivent pouvoir être sûrs du travail que l’enfant veut faire, et où il le fait, avec qui il le fait, dans quelles conditions il le fait, on doit pouvoir le savoir et aller voir là où il travaille. C’est comme si vous allez à l’école et vos parents savent où vous allez à l’école, combien de temps vous allez prendre pour aller à l’école, combien de temps vous allez faire pour venir à la maison, quels sont les cours que vous avez. De la même manière, les parents ont l’obligation de savoir quels sont les jours de travail qu’il a, qu’est-ce qu’il gagne, quand est-ce qu’il va, quand est-ce qu’il revient, qui est son chef, et quelles sont les conditions de travail, les parents doivent pouvoir le savoir.

 Quel est votre regard global sur les jobs de vacances réalisés par les jeunes ? Y êtes-vous favorable ou non ? Et quelles sont, selon vous, les dispositions que les jeunes doivent prendre avant de s’y engager ?

Je suis favorable aux jobs de vacances parce que, tel que je vous l’ai dit, c’est le prolongement de l’éducation, c’est le prolongement de l’éducation. La seule chose que nous allons déplorer, c’est d’aller vers un travail qui nuise à l’humanité. Alors, pour la disposition à prendre, il n’y a pas de disposition particulière, non. C’est juste expliquer à l’enfant comment il faut chercher les jobs, comment est-ce qu’il faut gérer les jobs, comment est-ce qu’il faut savoir que le job de vacances, ce n’est que pour les vacances, et ce n’est pas pour autre chose, ce n’est pas pour un autre temps. Donc voilà un peu ce que moi je pense. C’est important pour nous de permettre aux enfants de faire le job de vacances et de savoir vraiment ce que c’est que la vie. Parce que s’il fait son job de vacances, il va vous aider, il va manger là-bas avec ses sous.

Propos receuillis par Ruth MITCHONOU (Stag)

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