À l’occasion du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance du Bénin, l’Association Béninoise d’Études Stratégiques et de Sécurité (ABESS) publie son quatrième message annuel à travers un communiqué, tout en saluant les progrès nationaux et le sacrifice des Forces de défense et de sécurité face au terrorisme. Le think tank souligne l’urgence d’une coopération renforcée avec les pays voisins et la CEDEAO pour assurer la survie multidimensionnelle de l’État. L’association met également en lumière la Vision 2060 comme boussole politique pour les élections générales de 2026, appelant les partis à s’en inspirer.

Béninoises et Béninois,
Chères concitoyennes et chers concitoyens,
Une page symbolique de notre histoire commune s’ouvre demain avec le soixante-cinquième anniversaire de notre pays à la souveraineté internationale. C’est un marquage important qui signale les progrès significatifs que nous avons accomplis, mais également un signal d’insatisfaction par rapport au niveau où nous sommes supposés être. C’est vrai que ceci ne peut être une raison de précipitation et d’impréparation dans une quelconque course au rattrapage, mais un motif de choix clairement assumé sur la base du passé et du présent dans la projection sur le futur.
Nos trois premiers messages ont en effet la particularité d’attirer l’attention sur nos forces et les opportunités qui y sont attachées, mais également sur nos faiblesses et menaces/défis qui y sont inhérents. De fait, si notre intelligence collective et notre passé glorieux sont nos actifs majeurs, il reste à les convertir en outils puissants de transformation et de relèvement des nombreux défis qui se dressent devant nous. Aujourd’hui plus qu’hier, le patriotisme, l’inclusion, l’anticipation et la démocratie participative restent des tendances lourdes pour le bien-être collectif.
Cependant, aujourd’hui plus qu’hier, la survie de l’État africain est largement hypothéquée en dehors d’un ensemble stratégique cohérent. Ceci est d’autant plus évident que la force synthétique, même d’une puissance moyenne, ne suffit plus pour garantir sa sécurité, encore moins son indépendance. Pour le Bénin, il s’agit donc de comprendre définitivement que sa sécurité et son indépendance ne peuvent s’entendre qu’en corrélation avec l’espace que dessine la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), mais singulièrement celui que dessinent les États voisins (Burkina Faso, Niger, Nigeria et Togo). Evidemment, la survie dont il s’agit ici est multidimensionnelle : sécuritaire, économique, culturelle, environnementale, etc. Le premier Sommet économique de l’Afrique de l’ouest (WAES 2025) tenu à Abuja les 20 et 21 juin 2025, pourrait être un tournant décisif en ce que le Bénin et le Nigeria, par un accord bilatéral ambitieux, se sont positionnés comme le noyau dur d’une nouvelle forme d’économies intégrées ouest-africaines.
Au demeurant, la première moitié de l’année 2025 est particulièrement éprouvante pour le Bénin au regard du peu de coopération avec notamment ses deux voisins du nord: le Burkina Faso et le Niger. De fait, les échanges économiques en pointillé sont aggravés par les attaques terroristes dont les plus meurtrières se sont déroulées respectivement le 08 janvier et le 17 avril. Sans les accuser, les observateurs retiennent que le manque de coopération en matière sécuritaire avec les deux voisins est la principale variable explicative de ces attaques.
Nous marquons une pause respectueuse pour nous incliner trois (3) fois devant la mémoire des vaillants soldats et civils morts en missions commandées, de même que devant celle d’autres compatriotes victimes de la folie meurtrière de ces groupes criminels. Heureusement que les ajustements stratégiques et les réponses tactiques et opérationnelles ont permis d’observer une montée en puissance des forces de défense et de sécurité (FDS) du Bénin et la mise en déroute des hors la loi. Nous nous devons d’apprécier, malgré les problèmes de personnes, les efforts accomplis par le gouvernement en vue du rapprochement des positions avec notamment le Burkina Faso et le Niger. Nous nous réjouissons d’avance de voir les troupes venant de ces deux pays, participer demain au défilé militaire.
Chers compatriotes, les élections générales de 2026 constituent un tournant très important de notre construction politique. Au-delà de l’appel au consensus autour de la mise en œuvre des règles du jeu, malgré la compétition et la concurrence politiques, nous mettons particulièrement le curseur sur la loi 2025-16 du 10 juillet 2025 portant vision nationale de développement à l’horizon 2060 en République du Bénin. L’ABESS s’honore de ce que certains de ses membres aient servi de cheville ouvrière à l’élaboration de ce document capital pour notre pays dans les trois (3) prochaines décennies. Notre souhait le plus ardent est que chaque partie prenante au système politique du pays, notamment chaque parti politique, s’approprie le contenu de cette loi et en fasse sa source première de formulation d’offres politiques.
Dans un an, nous serions sous un nouveau régime. En appréciant non seulement la contribution qualitative à la gouvernance et au rayonnement de notre pays, mais aussi les réformes dont certaines révolutionnaires, les offres sécuritaires pertinentes, etc. du gouvernement du Président Patrice Talon, nous nous attendons à l’avènement d’un nouveau régime qui soit bien informé des défis et outillé des armes nécessaires pour les relever. L’ABESS, forte de ses membres et fidèle à ses engagements de servir de vivier d’expertise et de production de la réflexion stratégique au service des gouvernants entre autres, ne manquera pas d’apporter sa pierre à l’édifice.
A toutes et à tous,
Bonne fête nationale et,
Excellente célébration.
Ont signé:
- Dr. Guillaume ATTOLOU MOUMOUNI, Président de l’ABESS,
Enseignant-chercheur en Science politique.
- Général (2S) Amèyi Célestin GUIDIMEY, Président d’honneur de
l’ABESS.
- Dr. Oswald PADONOU, Fondateur de l’ABESS, Expert en sécurité
internationale.
- Mme Gwladys GANDAHO, Secrétaire générale de l’ABESS, Juriste
Droit des personnes vulnérables.
- M. Mouhamed de MILIANO, Expert en sécurité internationale.
- Dr Célestin-Alexis AGBESSI, Spécialiste de médecine d’urgence.
- Dr. Amandine GNANGUÊNON, Chercheure principale et Chef du
programme Géopolitique à APRI – Africa Policy Research Institute.
- M. Yaya Bio BAWA, Conseiller Principal-Dialogue National.
Institut International pour la Démocratie et l’Assistance Électorale
(International IDEA). Bureau Régional Afrique et Asie de l’Ouest.
Addis Abeba, Éthiopie.
- Dr. Régis HOUNKPÈ, Enseignant et analyste senior en géopolitique
et communication stratégique, Directeur exécutif d’InterGlobe
Conseils.
- M. Ousmane OROU-TOKO, Département Coopération politique,
Paix et Sécurité, Conseil de l’Entente.
- Dr. Gilles Olakounlé YABI, Fondateur et Directeur exécutif, West
Africa Citizen Think Tank (WATHI).
12- Dr. Folashade SOULÉ, University of Oxford.
13- Dr. Arnaud HOUÉNOU, Enseignant-chercheur en science politique.
14- Dr. Kouessi HADONOU, Enseignant-chercheur en Relations
internationales.
- M. Arnauld KASSOUIN, Journaliste/Analyste des mouvements
recourant au terrorisme, en Afrique de l’Ouest et au Sahel central.