Le Pape François a rendu l’âme le matin de ce lundi 21 avril 2025. Son décès marque non seulement la fin d’un pontificat mais déclenche aussi un protocole bien établi, qui mêle traditions religieuses, cérémonial rigoureux et secret absolu. De la constatation officielle de sa mort à l’apparition de la célèbre fumée blanche, voici les principales étapes qui mènent à la désignation d’un nouveau souverain pontife.

Arsène AZIZAHO
La constatation du décès
La première étape du processus commence par la constatation officielle de la mort du pape. Cette tâche incombe au camerlingue, un cardinal désigné pour gérer les affaires courantes du Saint-Siège en période de vacance du siège apostolique. Depuis 2019, cette fonction est exercée par le cardinal Kevin Farrell. Il effectue ce constat en présence du maître des célébrations liturgiques pontificales, actuellement l’archevêque Diego Ravelli. Une fois la mort confirmée, le camerlingue scelle les appartements du pape pour préserver leur intégrité, tout en autorisant temporairement les résidents habituels à y demeurer jusqu’à la sépulture. L’anneau du pêcheur, symbole de l’autorité pontificale, est alors retiré et solennellement détruit. Une tradition qui remonte à plusieurs siècles.
Funérailles et inhumation
Le corps du pape est exposé dans la basilique Saint-Pierre pour permettre aux fidèles et aux dignitaires de lui rendre un dernier hommage. Cette période de deuil, appelée Novemdiales, dure neuf jours. Chaque jour, une messe est célébrée par un groupe différent, souvent lié au défunt pontife par son parcours ou son origine. L’inhumation a lieu entre le quatrième et le sixième jour après la mort, sauf exception. Contrairement à ses prédécesseurs qui reposent dans la crypte de la basilique Saint-Pierre, le pape François a exprimé le souhait d’être enterré dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, à Rome. Ce choix symbolique est motivé par son profond attachement à ce lieu où il se recueillait avant et après chacun de ses voyages.
La vacance du siège et la préparation du conclave
Dès la déclaration de la « sede vacante » (le siège vacant), les cardinaux du monde entier sont convoqués à Rome. Ils participent d’abord à des congrégations générales, réunions quotidiennes où ils abordent les enjeux de l’Église et apprennent à mieux se connaître avant l’élection. Ces rencontres permettent aussi de fixer la date du conclave, qui doit commencer entre le 15e et le 20e jour après la mort du pape. Seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans peuvent voter. Environ 120 électeurs participent généralement au conclave, sur un total de plus de 220 cardinaux originaires de plus de 70 pays. Faut-il le rappeler, les deux tiers d’entre eux ont été nommés par le Pape François, ce qui reflète sa vision d’une Église plus ouverte et inclusive.
Conclave : entre prière, secret et discernement
Le conclave se déroule dans la chapelle Sixtine, célèbre pour ses fresques de Michel-Ange. Le processus commence par une messe solennelle, puis le commandement « Extra omnes » (que tous sortent) est prononcé, marquant le début du huis clos. Seuls les cardinaux électeurs et quelques personnels indispensables demeurent à l’intérieur. Les téléphones sont confisqués, les lieux fouillés, et tout contact avec l’extérieur est interdit. Les cardinaux logent à la maison Sainte-Marthe, non loin de la chapelle. Chaque matin et chaque après-midi, ils votent en secret. Chaque bulletin, sur lequel figure l’inscription latine eligo in summum pontificem (« J’élis comme souverain pontife »), est déposé dans un calice. Pour être élu, un candidat doit obtenir les deux tiers des voix. Si aucun accord n’émerge après 30 tours de scrutin, une majorité simple suffit alors. Une journée de prière est prévue après chaque septième tour pour encourager la réflexion et l’écoute de l’Esprit Saint.
Habemus Papam : la fumée blanche et l’annonce
Après chaque vote, les bulletins sont brûlés. En l’absence de résultat, des produits chimiques noircissent la fumée, signe visible pour les fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre. En cas d’élection, seule la combustion naturelle des bulletins produit une fumée blanche, symbole tant attendu. Le nouveau pape est alors conduit dans la Salle des Larmes, où il choisit son nom pontifical et revêt pour la première fois l’habit blanc préparé à l’avance par les tailleurs du Vatican, décliné en trois tailles. Les cardinaux s’agenouillent pour prêter serment d’obéissance au nouveau souverain pontife. Enfin, le doyen du Collège des cardinaux se présente sur le balcon de la basilique Saint-Pierre pour prononcer la formule traditionnelle : « Annuntio vobis gaudium magnum : Habemus Papam ! ». C’est-à dire : « Je vous annonce une grande joie : nous avons un pape ! ».
Ainsi se conclut un processus aussi ancien que solennel, chargé d’histoire, de foi et d’enjeux spirituels. Une nouvelle page s’écrit alors pour l’Église catholique, guidée par son nouveau berger. Le nouveau pape sera donc bientôt connu, probablement mi-mai 2025.