
Arsène AZIZAHO
La sentence est tombée ce lundi 7 juillet 2025. L’ancien délégué financier de la présidence est condamné à 48 mois de prison ferme par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), au terme de son procès pour abus de fonctions et blanchiment de capitaux. Reconnu coupable, le prévenu devra également s’acquitter d’une amende d’un million de francs CFA. Dans sa décision, la juridiction spécialisée a aussi prononcé la confiscation de plusieurs biens appartenant à l’ex-délégué, notamment un véhicule personnel.
En effet, le ministère public avait pourtant requis une peine plus lourde : sept ans de prison ferme et dix millions de francs CFA d’amende. À la barre, l’accusation a détaillé les violations présumées du Code des marchés publics. Elle pointe du doigt une série de montages de dossiers en lien avec la Garde républicaine. Selon le parquet, le délégué aurait agi en complicité avec son frère pour l’attribution et l’exécution de marchés publics.
Le magistrat a également évoqué des documents officiels retrouvés au domicile du prévenu lors d’une perquisition, qu’il considère comme des éléments à charge. Ces documents seraient liés à des appels d’offres. L’enquête a révélé que certains marchés remportés par des prestataires étaient, en réalité, exécutés par des proches du délégué. Quant à l’infraction de blanchiment de capitaux, le ministère public estime que les fonds issus de ces marchés ont été réinjectés dans des circuits économiques à des fins personnelles.
Un acharnement selon la défense
Face à ces accusations, le principal mis en cause a nié en bloc. Il a dénoncé un dossier monté de toutes pièces et a parlé d’acharnement judiciaire. À la barre, il a affirmé n’avoir fait qu’exercer ses fonctions dans le cadre de la régulation juridique et financière des dépenses de la présidence. Selon lui, les retards dans le traitement des dossiers, notamment ceux de la Garde républicaine, seraient dus à une mauvaise planification et à des dysfonctionnements du logiciel de transmission des documents administratifs. Le prévenu a également balayé les accusations de rétrocommissions de 20 % qu’il aurait exigées des prestataires. Il affirme n’avoir jamais rencontré les soumissionnaires des marchés mis en cause. « Si le besoin est urgent, il nous arrive d’effectuer des constatations visuelles », a-t-il précisé, tout en rejetant toute implication directe dans la manipulation des appels d’offres.
Des coaccusés blanchis
Poursuivi dans le même dossier, le frère du délégué financier a bénéficié d’une relaxe au bénéfice du doute. De même, le collaborateur de la Personne responsable des marchés publics (PRMP), également mis en cause, a été relaxé purement et simplement. Les avocats de la défense, qui estiment que leur client est injustement ciblé, ont plaidé la relaxe. Ils parlent d’une affaire construite à charge contre un homme qui n’aurait fait que suivre les procédures établies.