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Cotonou by night : Quelques artères de la ville où les affaires ne dorment pas

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Dans plusieurs villes du Bénin, il existe des zones d’activités qui accueillent plus de gens la nuit qu’en journée. Mieux, certaines activités ne se pratiquent que dans l’intervalle d’une nuitée. À Cotonou, la capitale économique du pays, l’ambiance dans ces endroits est plutôt chaude, preuve d’une économie aussi dynamique que discrète. Entre vendeurs ambulants, restaurateurs de rue, conducteurs de taxi-motos, bars et commerces ouverts jusqu’à l’aube et noctambules déambulant, la ville ne semble pas affectée par la nuit. Zoom sur quelques coins de la ville de Cotonou.

Michèl GUEDENON

Il est vingt heures trente-sept minutes ce samedi à Cotonou. Dans les couloirs du marché Dantokpa, le brouhaha est encore bien présent. Marchands ambulants et clients se croisent, se frolent légèrement, se bousculent parfois. Les insultes et les répliques fusent, mais chacun poursuit son chemin. Pendant ce temps, les vendeuses, debout derrière leurs étals, tentent de retenir l’attention des passants en vantant leurs produits. Eau fraîche, pains, boissons, amuse-gueule, yaourts, adôyô, montres, vêtements… tout est proposé aux passagers à bord des bus Tokpa-Tokpa qui patientent encore, en attente du quota de passagers nécessaire avant le départ. Certains ne se font pas prier pour acheter l’un de ces produits, pour eux-mêmes ou pour leur famille et leurs proches. Interrogé, l’un des apprentis des conducteurs de bus explique que le prix, fixé à 800 francs CFA (Tokpa–Porto-Novo) cette nuit, n’est pas le même que celui de 700 francs exigés dans la journée. Une variation tarifaire qui s’explique, selon lui, par l’heure qu’il fait. 21h07. Les boutiques, elles, sont encore bien achalandées. Les propriétaires n’ont pas l’air inquiets de l’heure tardive. Quelques-uns discutent encore avec des clients intéressés par les produits exposés : pagnes, colliers, chaussures, ampoules, tapis, sacs, meubles, ustensiles de cuisine, parfums… Aux différentes entrées et sorties du marché, des conducteurs de véhicules stationnent et proposent leurs services aux passants.

De Dantokpa à Sêkandji, la nuit n’est qu’un mot

À 22h46, plus loin en direction de Porto-Novo, à plusieurs kilomètres de Dantokpa, l’ambiance à Sêkandji est similaire, mais moins animée. Environ dix clients se tiennent, les uns debout les autres assis, autour d’une vendeuse de pâte pour passer leurs commandes. Parmi eux, deux jeunes maçons, identifiables aux traces de ciment sur leur corps, visiblement de retour du chantier. Quelques conducteurs de taxi-motos, les dénommés « Zémidjan », s’activent à finir leurs plats. D’autres attendent patiemment de nouveaux clients. À quelques pas de là, un vendeur de viandes braisées et frites, assaisonnées de sorte à éveiller l’appétit des passants sans qu’il ait besoin de crier, s’affaire à retourner quelques morceaux sur une grille de barbecue. Non loin, un vieil homme, resté dans sa voiture, discute des prix avec le marchand. Parfois, les bruits de la circulation couvrent la voix des clients.

Ce soir, Oré Bar, situé près du carrefour Sêkandji, a accueilli des passionnés de football, plus précisément des amoureux du championnat européen. Ces derniers ont suivi le duel Barcelone # Real Valladolid tout en consommant quelques produits du bar. À en croire Alfred, un fervent supporter du Barça, habitué des lieux, il n’est pas rare qu’un supporter offre des bouteilles à d’autres lorsque son club triomphe dans un match important. De Sêkandji au carrefour Toyota, l’ambiance footballistique continue. Des supporters se font toujours servir dans les cafétérias où ils ont suivi le match.

Cadjehoun et ses oiseaux de nuit

Il est 01h13. Du carrefour Toyota à celui du Festival des glaces à Cadjehoun, la circulation est moins dense. Pourtant, l’atmosphère autour du carrefour reste animée. En face de l’église catholique Bon Pasteur, deux restaurants chinois continuent de recevoir des clients. Sur le trottoir, à gauche, un opérateur GSM, également marchand de thé, de biscuits et de bonbons, sert deux clients. De l’autre côté des restaurants, au niveau du collège d’enseignement primaire, une vendeuse de riz, akassa, pâte rouge, piron et sauces d’accompagnement discute avec ses clients pour prendre leurs commandes. À proximité, un homme, une trentaine d’années environ, veille sur des morceaux de viande posés sur la braise. Devant lui, une jeune femme essaie de négocier les prix. Ailleurs, il fait bon vivre. De la place de l’Amazone à l’aéroport pour revenir au carrefour Cadjehoun, l’heure est faite pour les sorties en couple et les retrouvailles entre collègues dans des buvettes et restaurants encore très animés. Dynamiques, des conducteurs de véhicules, les motocyclistes surtout, parcourent ces endroits, proposant aux usagers de les conduire chez eux ou ailleurs selon leur souhait. Approché dans les parages de l’aéroport, un zem a proposé 800 francs CFA de là pour le carrefour Vèdoko, justifiant ce tarif par l’avancée horaire. Il est deux heures passées.

Du carrefour Toyota à Godomey

02h36. Les piétons sont moins nombreux. De part et d’autre, des agents d’entretien, de vert vêtus, cache-nez au point, balais entre les mains, s’occupent du nettoyage de la voie. A droite, des vendeurs de repas et quelques conducteurs motocyclistes se taquinent. Devant l’entrée du stade de l’amitié, un agent d’entretien tente de convaincre le chauffeur d’un 4×4 garé devant lui de déplacer son véhicule, afin de pouvoir continuer son travail. Entre les deux, une vendeuse de poissons fumés essayait de calmer la tension, le temps de servir son client. Le long du trajet, plusieurs boutiques tenues par des commerçants connus sous le nom de « Baba » sont restées ouvertes, prêtes à accueillir des clients noctambules.

Quand les maisons closes s’invitent dans la danse

Dans certains coins de Cotonou, les activités économiques nocturnes trouvent tout leur sens. A Akpakpa Kpondehou, le Palais des Jeunes, aussi surnommé le Xavier Bar, et Bar Princesse, situé à Lom Nava, ne se plaignent pas de l’effectif des clients. Ainsi, de Ciné Concorde au CEG Godomey, en passant par Jonquet, stade GMK et Parc des princes, l’atmosphère est plutôt festive. De leur côté, les belles de nuit, filles dites débordantes de joie, s’activent à se montrer utiles aux hommes venus dans ces lieux pour se distraire ou pour justement être consolés. Jeunes et mères célibataires n’hésitent pas à appeler le passant, tout en lui envoyant un bisou de loin, se retournant sur elles-mêmes pour faire voir leur silhouette. L’une d’entre elles, âgée de 25 ans environ, a confié qu’elle mène cette activité pour pouvoir réunir le capital dont elle a besoin pour ouvrir son salon de beauté. A la question de comprendre les raisons pour lesquelles elles ne se montrent pratiquement pas en journée, celle-ci a simplement ri et a évité de répondre à d’autres interrogations. Connu sous le pseudo Oloukina, un jeune homme usager de ces endroits a révélé que c’est une activité qui permet aux propriétaires des chambres de gagner de l’argent au même titre que les filles. « Ils ont leur commission sur tous les clients parce que les chambres sont payantes. Ce que les filles gagnent n’est pas leur affaire. Les filles sont tenues de prendre l’argent de chambre chez les clients pour ensuite le rendre aux propriétaires « , a-t-il expliqué en langue locale.

Les raisons de l’affluence dans ces endroits

Jean D., vendeur de sharwama et autres repas de 19h jusqu’à l’aube, fait savoir que la plupart des clients qui fréquentent ces zones sont occupés en journée et n’ont que la soirée ou la nuitée pour se distraire. Aussi, a-t-il ajouté, certains couples ne se voient que dans la nuit pour plusieurs raisons. « Cela nous arrange, nous autres. On est juste là pour nos activités, pas  pour parler de la vie des autres. Ce sont les couples qui dépensent plus chez moi », a-t-il ajouté en souriant. Il a également confié sa stratégie pour écouler ses repas. D’après ses explications, il a plusieurs points de vente, disposés devant des bars et caves à vin surtout afin que les clients, en buvant, puissent également commander à manger si l’envie leur prenait.

Les zones évoquées ne représentent qu’un échantillon des artères de l’activité nocturne à Cotonou. Bien qu’elles contribuent activement à l’économie locale, ces activités ne sont pas appréciées de la même manière par la société, leur perception variant selon les sensibilités et normes socioculturelles.

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